Description
Passionnante correspondance, à la fois professionnelle et amicale, entre deux grandes figures du monde musical.
Milhaud, blessé au genou, demande l'aide de son ami pour un hypothétique remplacement: «Actuellement ce qui m'angoisse c'est que je dois diriger, au bénéfice du Fonds Social Juif, mon Service
Sacré le 15 mars. J'espère pouvoir le faire mais en cas de catastrophe puis-je compter, si tu es libre, sur ton dévouement affectueux? Tu sais que je n'y ferai appel qu'en cas d'aggravation. Actuellement je pourrais me faire porter jusqu'au pupitre». ([Aix-en -Provence] 26 février 1950).
La Turangalîla-Symphonie de Messiaen, Igor et Véra Stravinsky & The Rake's Progress, René Leibowitz, l'Ode à Napoléon, Jean Renoir...: «Mon cher Zoiseau Déso.
Je pense à toi parce que j'ai découpé une jolie photo dans le programme d'Edimbourg, et que je l'ai mise sur la cheminée. J'ai eu des échos de l'exécution du Messiaen à Aix et j'aimerai savoir ce que toi tu en penses.
Nous avons été à Hollywood. Vu les Igor (entendu le 2ème acte de son opéra). La mort de Ralph Hawkes est une catastrophe pour lui.
Vu Schoenberg, très très vieilli, impressionnant même, furieux contre Leibowitz (à cause du disque de Napoléon par une femme), très très fière de son fils de 13 ans, champion de tennis. [...] Le gosse a déjà gagné 22 coupes! Vu les Renoir, la vieille Gabrielle qui vient de perdre son mari». (Marque postale à la date du 25 septembre 1950).
Le bel canto & la scène parisienne: «Mon cher petit Déso.
Je t' écris pour te soumettre une idée. Je suis émerveillée par les disques italiens d'opéra, par simplement les gros Verdi mais le genre Cendrillon de Rossini et les petits Donizetti en 1 acte. C'est un gros succès ici.
Ne pourrais-tu prendre l' initiative de décider une compagnie fameuse de faire sous ta direction en «Longue
Durée» Le Roi malgré lui, L'Ecossais de Chatou, Les Voitures versées, Le Chalet, etc, etc, tous les merveilleux opéras comique courts ou longs, qui sont si peu connus. Il serait temps que ton Pelléas sorte en «Longue
Durée». J'ai l'air idiot de t' écrire tout ça, mais c'est très sérieux et je crois important.
Les Ballets de Paris sont ici (Roland Petit), ils sont un très gros succès. Croqueuse de diamants - OEuf à la coque - Carmen est leur seul programme. C'est un gros succès. Tout ce qui se passe sur scène est épatant, mais quelle musique!
J'ai fini ma série de 18 quatuors à cordes (1912-1951). Je me sens un peu en chômage...» (Marque postale à la date du 2 février 1951).
Concertino & cantate, mort de Schoenberg: «J'ai pu aller au Canada (Toronto), bon orchestre à la radio (1ère Symph. Et Carnaval de Londres).
Avec Mady Cantate de la Mère et de l'Enfant [de l'Enfant et des la Mère]. J'ai pas mal travaillé:
Concertino d'Automne: 2 pianos, fl, ob, 3 cors, 2 celli, 1 contrebasse
Concertino d'Eté: alto solo, fl, ob, cl, bs, cor, trp, 2 celli et basse
Cantate des Proverbes (Bible): choeur de femme, ob, harpe et cello
Je commence un quintette (cordes et piano) [...]. Le pauvre Schoenberg est mort. Il aura au moins connu le rayonnement immense de son dodécaphonisme. J'avais pour lui un immense respect et ne manquais pas d'aller le saluer quand je passais à Los Angeles». (16 juillet [1951]).
On joint:
- 2 lettre autographes signées «M. Milhaud» adressée à Colette Steinlen. Sans lieu ni date [printemps 1952]. 2 pp. in-4 et 2 pp. in-8.
Émouvants courriers relatifs à l'accident vasculaire cérébral de Roger Désormière: «Chère Colette. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point nous sommes tous bouleversés. Nous vivons dans un véritable cauchemar, sans cesse avec vous deux par la pensée. Roger ne se doute pas du nombre de gens qui l'aiment. Notre vie se passe au téléphone. Nous demandons des nouvelles. On nous en demande.
Des amis interrogent des médecins».
«Ma petite Colette. Nous voudrions tant que les progrès soient plus rapides. Pauvre petit Déso. Je sais qu' il faut bcoup de patience, mais on voudrait avoir des nouvelles tout le temps. Il y a un réseau de nouvelles très organisé ici entre Denise Miguelle (?) Inghel Lamy nous. Tout le monde téléphone. Tout le monde voudrait apprendre qu' il y a un mieux substantiel. Les Hoppenot m'ont écrit de N.Y. de vous dire combien ils pensent aux heures d'angoisse que vous passez.
Pour nous, c'est bien simple, c'est une pensée qui ne nous quitte pas une seconde.
Et vous? Soignez-vous, vous avez besoin de tant d' énergie et de courage.
Et vous êtes si loin de tous vos amis qui vous aiment profondément. On voudrait vous entourer, vous aider.
Je sais que les problèmes financiers sont compliqués. Déso m'avait dit qu'Auric lui doit beaucoup d'argent.
Vous devriez lui écrire en lui disant que vous êtes tout à fait au courant des affaires de cinéma de Déso et qu' il vous envoie à son nom ce qu' il doit à Roger.»