Lot n° 333

STENDHAL, Henri Beyle, dit. Racine et Shakspeare [sic]. Paris, Bossange, Delaunay et Mongie, 1823.

Estimation : 3 000 / 4 000 €
Adjudication : 5 890 €
Description
In-8 (212 x 125 mm) de 55 pp. : cartonnage à la Bradel, dos orné (reliure de l’époque).

Édition originale.

Fameux manifeste littéraire.

Le pamphlet oppose au classicisme suranné le “romanticisme” actuel. Contre Racine,
il préconise une tragédie en prose libérée des règles et centrée sur des sujets historiques et nationaux, à l’imitation de Shakespeare. “De nos jours, le vers alexandrin n’est le plus souvent qu’un cache-sottise”. Et l’auteur d’affirmer que Racine aussi bien que Shakespeare, à leur époque, ont été romantiques.

Exceptionnel exemplaire ayant appartenu à Alphonse de Lamartine dont Stendhal
a inscrit le nom sur le faux titre.

La transmission de l’exemplaire de main en main est non seulement constatée, mais rendue tangible par le “passage d’encre”.
Elle rend compte des affinités que les deux compagnons de lutte engagés dans le même combat ont pu entretenir. Leur seule rencontre avérée eut lieu à Florence, en 1827, alors que Stendhal était secrétaire de légation. Ce dernier nota : “Je le trouve fort bonhomme et toujours admirable as a poet” (Correspondance générale III, p. 464).
Par bonheur, le 20 mars 1823, Lamartine accusa réception de l’exemplaire. Il adressa à son ami Mareste une lettre destinée à être communiquée à Stendhal, qui a d’ailleurs annoté la missive par une ébauche de réponse, inscrivant en tête : “Objections que je dois à l’obligeance de ce grand poète M. de la Martine.”
Lamartine écrit au baron de Mareste, ami intime de Stendhal : “J’ai lu avec le plus grand plaisir l’ouvrage de M. Beyle. Il a dit le mot que nous avions tous sur la langue ; il a rendu clair et palpable ce qui n’était qu’une perception confuse de tous les esprits justes.
Il est à désirer qu’il étende davantage ses idées, qu’il fasse le premier une espèce de code de la littérature moderne. […] Le siècle ne prétend pas être romantique dans l’expression, c’est-à-dire écrire autrement que ceux qui ont bien écrit avant nous, mais seulement dans les idées que le tems apporte, ou modifie ; il devroit faire une concession : classique pour l’expression, romantique dans la pensée ; à mon avis c’est ce qu’il faut être” (Dictionnaire de Stendhal, 2003 p. 382).

Plaisant exemplaire à bonnes marges en reliure du temps.
Quelques rousseurs, coiffe supérieure arasée.
Tache pages 49-55.
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