Lot n° 285

HUGO, Victor. Les Misérables. Paris, Pagnerre, 1862.

Estimation : 10 000 / 15 000 €
Adjudication : Invendu
Description
10 volumes in-8 (234 x 155 mm) : demi-chagrin rouge à coins, dos lisses ornés en long,
couvertures conservées, non rognés, têtes dorées (reliure du début du XX e siècle).

Édition originale parisienne.
Plusieurs livres de Victor Hugo parurent à l’époque simultanément à Paris et à Bruxelles.

Les Misérables furent mis en vente le 3 avril 1862 à Paris et le 30 ou le 31 mars à Bruxelles.
“Ce livre avance la révolution de dix ans.”

Les Misérables s’offrent comme la grande fresque sociale dont rêvait le romantisme pour dire la négativité du siècle : “Il faut bien que quelqu’un prenne le parti des vaincus”, dit l’auteur.
Succès populaire, malgré les attaques de la presse parisienne envers le proscrit républicain de Guernesey ; on blâma le gouvernement d’avoir laissé paraître “cette apologie plus ou moins déguisée du vice et des haillons”. Victor Hugo ignora les critiques, préférant souligner le jugement de Martin Bernard, l’un des meneurs de l’insurrection républicaine de 1839 aux côtés de Barbès et de Blanqui : “Ce livre avance la révolution de dix ans.”
Succès planétaire aux multiples résonances, jamais démenti. Malraux, dans les Antimémoires, note pendant la guerre d’Espagne les “piles des Misérables entre Bakounine et les écrits théoriques de Tolstoï, sur les Ramblas de Barcelone”.

Un des rares exemplaires sur grand papier vergé de Hollande, sans mention d’édition
sur les titres.
Léopold Carteret souligne que l’édition a été partagée en plusieurs tranches fictives, y compris les exemplaires sur grand papier, ainsi les “quelques exemplaires sur papier de Hollande [sont] souvent avec indication d’édition.”

Plaisante collection en reliure décorée du début du XXe siècle.
Elle est enrichie de la suite de 20 planches gravées sur acier d’après Neuville et Castelli en 1869, tirées sur papier de Chine appliqué.
Couvertures conservées légèrement brunies et fendillées sur les bords ; mors un peu fragiles.

On a joint une belle lettre autographe signée de Victor Hugo sur Les Misérables.

Elle est datée de Hauteville House, le 16 juin [1862 ?], 1 page in-8.

Vous me défendez, Monsieur, ou, pour mieux dire, vous défendez les pauvres, les accablés et les souffrants, dont
j’ai pris la cause en main, et vous vous unissez à moi pour les relever et les consoler . Les Misérables, hélas, c’est
la grande masse sombre et douloureuse, c’est le peuple, c’est l’humanité, et en combattant pour le livre, vous
combattez pour la question. Mon livre n’est rien, mais il propage le progrès, et le progrès est tout. C’est ce qui
vous fait prendre la parole ; c’est ce qui ajoute à votre talent l’indignation, cette grande éloquence.
Aussi, je vous écris courage ! et je vous serre la main.
Victor Hugo
Bibliothèque nationale, En français dans le texte, nº 275.- Clouzot, p. 150 : “Quelques exemplaires sur Hollande ou sur papier de
couleur, qui peuvent atteindre des prix très élevés. Certains d’entre eux portent une mention d’édition.”
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