Lot n° 283

HUGO, Victor. Discours d’ouverture prononcé au Congrès de la Paix le 21 août 1849. Sans lieu [Paris], 1849.

Estimation : 10 000 / 15 000 €
Adjudication : 29 450 €
Description
Épreuves corrigées, 5 feuillets in-folio étroit (300 x 150 mm environ), imprimés au recto seulement ; nombreux ajouts de texte et corrections typographiques à l’encre brune par Victor Hugo.

Célèbre plaidoyer en faveur des “États Unis d’Europe”.

Nous disons à la France, à l’Angleterre, à la Prusse, à l’Autriche, à l’Espagne, à l’Italie, à la Russie, nous leur disons : Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ; un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre P aris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie.
Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la F rance.
Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. - Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe
ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France !

Précieux jeu d’épreuves corrigées par Victor Hugo du fameux discours prononcé
par le poète à Paris à l’ouverture du Congrès de la Paix, le 21 août 1849.

Le texte imprimé, avec les ajouts et les corrections autographes, forme la version définitive de ce projet de paix perpétuelle. Le manuscrit autographe du discours est conservé à la Bibliothèque nationale de France.
“Quand Victor Hugo est élu président du Congrès de la Paix qui s’ouvre à Paris le 21 août 1849, l’idée d’unir les nations européennes a déjà fait un bout de chemin. […] Contre l’Europe des rois de 1815 naît l’idée d’une Europe des peuples, fondée sur la démocratie et la justice sociale, destinée à assurer la paix universelle : une Europe révolutionnaire” (Nicole Savy).

Remarquable document, en parfait état.

On joint une lettre autographe signée de Marie-Dominique-Auguste Sibour, archevêque de Paris (1792-1857), adressée aux membres du Congrès de la Paix (17 août 1849, 2 pages et 6 lignes, in-folio) : il les remercie de lui avoir proposé la présidence du congrès des Amis de la paix universelle. Ce prélat, qui célébra en 1853 le mariage de Napoléon III, mourut assassiné par un prêtre interdit nommé Jean-Louis Verger.

Savy, L’Europe de Victor Hugo : du gothique au géopolitique, compte rendu de la communication au Groupe Hugo du 15 janvier 1994.-
Hovasse, Victor Hugo I, pp. 1070-1073.
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