Lot n° 280

HUGO, Victor. Les Feuilles d’automne. Paris, Eugène Renduel, 1832.

Estimation : 8 000 / 12 000 €
Adjudication : 33 836 €
Description
Grand in-8 (239 x 178 mm) de (2) ff., XIII pp., (1) f., 387 pp., (2) ff. de table : maroquin
rouge, dos lisse orné en long, large dentelle dorée encadrant les plats, coupes filetées or, dentelle intérieure, entièrement non rogné (Koehler).
Édition originale, peu commune : elle a paru le 1er décembre 1831.
La page de titre imprimée est suivie d’une seconde page de titre gravée sur bois par Porret d’après T. Johannot avec grande vignette et la date de novembre 1831.
Le recueil fait partie du cycle entamé en 1829 avec Les Orientales qui consacra le “plus grand inventeur lyrique que la poésie française ait eu depuis Ronsard” (Sainte-Beuve).
Les Feuilles d’automne renferment quelques-unes des pièces les plus célèbres de l’auteur, dont celle qui ouvre le recueil :
Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte ;
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.

Il n’a été tiré que 6 exemplaires en grand papier : deux sur papier de Chine et quatre
sur des papiers vélin de couleur.

Exemplaire exceptionnel : un des deux tirés sur papier de Chine, offert par l’auteur à Louise Bertin, dédicataire de l’un des poèmes ; enrichi ,au surplus, d’un poème autographe du recueil.

L’envoi autographe signé porte :
A mademoiselle Louise Bertin.
Hommage respectueux de l’auteur
Vor H.

Musicienne et poétesse, Louise Bertin (1805-1877) était la fille du directeur du Journal des Débats, dont Ingres a laissé un portrait fameux. Quand parurent Les Feuilles d’automne, en août 1831, la famille Hugo passait ses vacances d’été chez les Bertin, dans leur manoir des Roches, situé dans la vallée de la Bièvre. Les deux familles étaient liées depuis quelques années. Victor Hugo lui dédia bon nombre de poèmes, à commencer par celui des Feuilles d’automne intitulé “Bièvre”, dont Jean-Marc Hovasse analyse les résonances et les confidences voilées.
Jeune femme au visage ingrat, mais d’une vive intelligence et remarquable musicienne, Louise Bertin obtint de Victor Hugo ce que le poète avait refusé à d’autres, même aux plus renommés comme Meyerbeer : il lui composa un livret sur le thème de Notre-Dame de Paris. Et, le 14 novembre 1836, La Esmeralda, opéra de Louise Bertin sur un livret et des paroles de Victor Hugo, fut créée avec une distribution éclatante : Nourrit, Levasseur, Massol et Mlle Falcon. Malgré le succès de la première, la presse se déchaîna contre celle qui portait le nom du directeur des Débats, et La Esmeralda sombra dans l’oubli.

Dans cet exemplaire, page 186, Victor Hugo a recopié les douze vers du poème
Parfois, lorsque tout dort, je m’assieds plein de joie
Sous le dôme étoilé qui sur nos fronts flamboie […].

Spectaculaire reliure de l’époque signée de Koehler, ornée d’une large dentelle
dorée : le volume est préservé à toutes marges, lui donnant l’aspect d’un in-quarto.

Provenance : Louise Bertin, avec envoi.- Jacques Guérin (Très beaux livres du XIX e siècle, 20 mars 1985, n° 65).- Jaime Ortiz Patiño (II, 1998, nº 52).- Samuel F. Clapp (2002, nº 437).

Bertin, Chronologie des livres de Victor Hugo, nº 64 : l’exemplaire est cité.- Hovasse, Victor Hugo I, 2001, pp. 514-515.-
Carteret, I, 403 : cite l’autre exemplaire sur papier de Chine, offert à Jules Janin : “Ouvrage capital parmi les Poésies de
Victor Hugo. Très rare, en bel état.”
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