GAUTIER, Théophile Mademoiselle de Maupin. Double amour. Paris, Eugène Renduel, 1835-1836.
Estimation :
6 000 / 8 000 €
Adjudication :
Invendu
Description
2 tomes en un volume in-8 (200 x 127 mm) de 351 et 356 pp.: demi-veau glacé cerise, dos lisse orné en long, pièces de titre et de tomaison de veau noir, tranches mouchetées (reliure de l'époque).
Rare édition originale: exemplaire de première émission.
Ouvrage fameux dont la longue préface, datée de mai 1834, a valeur de manifeste littéraire du romantisme.
Certaines préfaces sont plus célèbres que les livres qu'elles accompagnent. Deux d'entre elles furent des jalons essentiels du romantisme au point de “dévorer le livre qu'elles ouvrent en fanfare”, selon le mot de S. Guégan: d'une part celle de Cromwell (1827) et, d'autre part, celle-ci en tête de Mademoiselle de Maupin, en 72 pages. Si le premier texte défendait le drame romantique contre la tragédie classique, le second formule les principes de “l'art pour l'art”: Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est laid. [...] L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines.
Plus loin, la préface édicte une manière de règle de vie littéraire: La jouissance me paraît le but de la vie, et la seule chose utile au monde. Dieu l'a voulu ainsi, lui qui a fait les femmes, le parfum, la lumière [...] et qui, enfin, n'a accordé qu'à nous seuls ce triple et glorieux privilège de boire sans avoir soif, de battre le briquet, et de faire l'amour en toutes saisons, ce qui nous distingue de la brute beaucoup plus que l'usage de lire des journaux et de fabriquer des chartes.
La publication de Mademoiselle de Maupin en 1835 illustrait ainsi la rupture définitive de l'art et de la morale: jeux érotiques et personnages travestis y déjouaient les règles de l'amour, inversant les normes imposées par la société.
“Véritable événement, pour Baudelaire, Maupin, selon Du Camp, est un de ces livres chauds, qu'on trouve sous l'oreiller des jeunes femmes, et dont il convient d'accabler ‘le sensualisme dévergondé' après s'en être délecté” (S. Guégan, Théophile Gautier, 2011, p. 91).
PLAISANT EXEMPLAIRE, GRAND DE MARGES, JOLIMENT RELIÉ À L'ÉPOQUE.
“Cet ouvrage capital est peut-être le plus rare des romantiques en bel état, à toutes marges, avec ses couvertures; on n'en connaît que fort peu d'exemplaires. On le rencontre généralement assez rogné et sans couverture. Très rare également en reliure du temps” (Léopold Carteret, Le Trésor du bibliophile I, p. 322.- Clouzot, p. 70: “Extrêmement rare”).
De la bibliothèque Georges Degryse, avec ex-libris.
Rares rousseurs; mors supérieur fendu en tête.
Rare édition originale: exemplaire de première émission.
Ouvrage fameux dont la longue préface, datée de mai 1834, a valeur de manifeste littéraire du romantisme.
Certaines préfaces sont plus célèbres que les livres qu'elles accompagnent. Deux d'entre elles furent des jalons essentiels du romantisme au point de “dévorer le livre qu'elles ouvrent en fanfare”, selon le mot de S. Guégan: d'une part celle de Cromwell (1827) et, d'autre part, celle-ci en tête de Mademoiselle de Maupin, en 72 pages. Si le premier texte défendait le drame romantique contre la tragédie classique, le second formule les principes de “l'art pour l'art”: Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est laid. [...] L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines.
Plus loin, la préface édicte une manière de règle de vie littéraire: La jouissance me paraît le but de la vie, et la seule chose utile au monde. Dieu l'a voulu ainsi, lui qui a fait les femmes, le parfum, la lumière [...] et qui, enfin, n'a accordé qu'à nous seuls ce triple et glorieux privilège de boire sans avoir soif, de battre le briquet, et de faire l'amour en toutes saisons, ce qui nous distingue de la brute beaucoup plus que l'usage de lire des journaux et de fabriquer des chartes.
La publication de Mademoiselle de Maupin en 1835 illustrait ainsi la rupture définitive de l'art et de la morale: jeux érotiques et personnages travestis y déjouaient les règles de l'amour, inversant les normes imposées par la société.
“Véritable événement, pour Baudelaire, Maupin, selon Du Camp, est un de ces livres chauds, qu'on trouve sous l'oreiller des jeunes femmes, et dont il convient d'accabler ‘le sensualisme dévergondé' après s'en être délecté” (S. Guégan, Théophile Gautier, 2011, p. 91).
PLAISANT EXEMPLAIRE, GRAND DE MARGES, JOLIMENT RELIÉ À L'ÉPOQUE.
“Cet ouvrage capital est peut-être le plus rare des romantiques en bel état, à toutes marges, avec ses couvertures; on n'en connaît que fort peu d'exemplaires. On le rencontre généralement assez rogné et sans couverture. Très rare également en reliure du temps” (Léopold Carteret, Le Trésor du bibliophile I, p. 322.- Clouzot, p. 70: “Extrêmement rare”).
De la bibliothèque Georges Degryse, avec ex-libris.
Rares rousseurs; mors supérieur fendu en tête.
