Lot n° 214

SÉNAC DE MEILHAN, Gabriel. L’Émigré publié par M. de Meilhan. Brunswick, chez P.F. Fauche et compagnie, 1797.

Estimation : 6 000 / 8 000 €
Adjudication : 7 519 €
Description
4 volumes petit in-12 (131 x 77 mm) de 1 frontispice, (2) ff., X, 251 pp. ; 1 frontispice, 345 pp. ; 1 frontispice et 239 pp. ; 1 frontispice et 252 pp. : demi-veau rouge à petits coins, dos lisses filetés
or, lettre K dorée en pied, tranches jaunes (reliure de l’époque).

ÉDITION ORIGINALE, imprimée à Brunswick.
Elle est illustrée en frontispice de quatre figures gravées en taille-douce d’après les compositions
de Du Pré.

Une impression d’émigration de toute rareté.

Le roman épistolaire de Gabriel Sénac de Meilhan (1736-1803) domine la production littéraire née de l’exil – thème romantique par excellence. Il fut, selon le mot de Jean Tulard, “le seul grand livre inspiré par la période.”
Il combine une intrigue sentimentale tragique et une série de réflexions sur la Révolution qui recoupent les analyses de ses essais historiques. Administrateur de mérite, moraliste caustique et historien, il rêvait de devenir ministre de Louis XVI, mais fut disgracié par Necker. Il émigra en 1791, vécut à Londres, en Allemagne et en Russie, avant de se fixer à Vienne.
Le roman fut tiré de l’oubli par Etiemble en 1965 qui le réimprima dans la Pléiade. (Romanciers du XVIIIe siècle, II, p. XXXVII : “Ainsi, depuis plus de 150 ans, nul ou presque n’a pu lire l’ouvrage de Meilhan.”) Etiemble en recense sept exemplaires, soulignant que L’Émigré fut interdit en France par le Directoire et que son auteur, contre-révolutionnaire convaincu, n’en admirait pas moins Montesquieu et Voltaire.

Charmant exemplaire en reliure du temps.

La lettre K, dorée en pied des dos, désigne le premier possesseur, demeuré anonyme.
Quelques habiles restaurations. Ex-libris Hubert Heilbronn.

Monglond IV, 268-269, avec reproduction de deux figures.
- Bibliothèque nationale, Goethe, 1932, nº 249 : “Un des très rares exemplaires actuellement conservés de ce roman historique. C’est une peinture très spirituelle
de ce petit monde des émigrés campés en terre étrangère.
Sénac essaye, avant Stendhal, écrit M. Baldensperger, d’écrire “le roman des rencontres cosmopolites”, laissant se jouer et s’entrechoquer des façons nationales de sentir et de penser, heurtant le Valmont des Liaisons dangereuses à la Charlotte de Werther.”- Non cité par Maurice Escoffier
et par Cohen.
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