Lot n° 522

TOLSTOÏ, Léon. Война и мир [Guerre et Paix]. Moscou, Typographie T. Ris, 1868-1869.

Estimation : 20 000 / 30 000 €
Adjudication : Invendu
Description
6 volumes in-8 (235 x 154 mm) de (2) ff., 297, 146 pp. ; (2) ff., 186 pp. ; (2) ff., 284 pp. ; (2) ff., 336 pp. ; (2) ff., 323 pp. ; (2) ff., 290 pp. : demi-vélin ivoire à coins, dos lisses, pièces de titre de maroquin rouge et vert (reliure moderne).

Édition originale.

Très rare exemplaire dont chacun des six volumes se présente aux bonnes dates ; le succès aidant, il fallut réimprimer les cinq premiers avant la parution du dernier volume, en décembre 1869.

“Les lecteurs dévalisaient les librairies, offraient le roman à leurs amis, s’écrivaient d’un bout à l’autre de la Russie pour échanger leurs opinions sur les héros. Dans le monde des écrivains,
l’émotion était à son comble. Tous avaient conscience qu’un événement de première importance venait de se produire” (Henri Troyat, Tolstoï, 1965, p. 366).

L’histoire à l’épreuve du roman.

Chef-d’oeuvre de la littérature universelle, la fresque colossale résume dix ans de l’histoire russe, de la campagne d’Austerlitz à l’incendie de Moscou. Conscient d’avoir écrit “une nouvelle Iliade”, Tolstoï interroge l’histoire, véritable ressort de l’action. Il remet non seulement en cause les interprétations des historiens mais il oppose la masse humaine du peuple au mythe du “grand homme” et au volontarisme qu’il incarne. Il scrute la naissance d’une nation dans la guerre patriotique qui ne saurait être limitée à l’affrontement de deux armées classiques. Sa thèse est que les grands tumultes sont mystérieusement régis. Qu’importent les grands hommes ; un simple
paysan russe qui enroule ses bandes molletières – comme Platon Karataïev, prisonnier des Français à Moscou – en sait plus long sur l’histoire que l’arrogant Napoléon. L’important épilogue du
roman-poème constitue un essai de philosophie de l’histoire.

Plaisante collection : l’exemplaire est complet des faux titres qui font souvent défaut.
Rousseurs et taches éparses, plus prononcées à une dizaine de feuillets du tome III. Mouillures à la fin du premier tome. Restaurations à plusieurs feuillets (pp. 23-26 et 87-90 du tome I, marge inférieure des feuillets du tome II, pp. 327-330 du tome IV).

Kilgour, n° 1195 : collation erronée pour le tome III.
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