Lot n° 470

MALLARMÉ, Stéphane. Les Dieux antiques. Nouvelle mythologie illustrée d’après George W. Cox et les travaux de la science moderne à l’usage des lycées, pensionnats, écoles et des gens du monde. Ouvrage orné de 260 vignettes reproduisant...

Estimation : 2 000 / 3 000 €
Adjudication : 3 133 €
Description
des statues, bas-reliefs, médailles, camées.
Paris, J. Rothschild, 1880.
In-8 (218 x 147 mm) de XVI, 320 pp. : demi-maroquin bleu nuit à coins, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés, couvertures et dos conservés, non rogné, tête dorée (A. et R. Maylander).

Édition originale.
L’ouvrage est orné de 260 vignettes tirées dans le texte : statues, bas-reliefs, médailles, camées.
En tête, un poème de Banville, Orphée. À la fin : petite anthologie mythologique comprenant des extraits des oeuvres de Leconte de Lisle, Victor Hugo et Théodore de Banville.

Stéphane Mallarmé, professeur au lycée Fontanes.

Traduction ou plutôt adaptation du Manual of Mythology du Rev. George W. Cox, paru à Londres en 1867, par Stéphane Mallarmé, alors professeur au lycée Fontanes (actuel lycée Condorcet).
Il a modifié l’oeuvre initiale pour la rendre conforme à ses vues didactiques, la présentant comme “le seul traité scolaire de mythologie existant en France à cette époque.”

Il rend hommage aux deux maîtres de la poésie contemporaine : Leconte de Lisle et
Théodore de Banville, qui ont autorisé l’adjonction de quelques-uns de leurs poèmes.

On a relié en tête une superbe lettre de Stéphane Mallarmé adressée à Leconte de Lisle.

Outre sa référence à la publication des Dieux antiques, elle contient une poignante note personnelle.
(Samedi 17 mai 1879, lettre autographe signée, 4 pages in-8.)

Bien cher Maître,
J’aurai le plaisir de vous porter, un de ces jours, une petite Mythologie scolaire, qui s’imprime. Avant de la finir, je voudrais bien citer cent ou deux cents vers des Poëmes barbares et des Poëmes antiques pour montrer à la jeunesse quel magnifique et vivant prolongement à la fable, dans notre époque. Mon éditeur
accède à ce désir à la condition que je lui remette un mot d’écrit de vous m’autorisant à vous citer. Je vous demande ce mot, bien ennuyé de vous déranger, si rien ne vous retient.
Je sais que vous ne recevez plus le Samedi ; et n’ayant presque que le Dimanche pour travailler, j’ai remis de semaine en semaine le plaisir de vous faire une visite, ainsi qu’à Madame de Lisle. Pardonnez-moi (vous savez que rien ne peut me faire vous oublier !) si j’en ai l’air.
Au revoir. Mon petit garçon sort à peine d’une longue maladie, qui a retenu sa mère près de sa couchette ; elle envoie ses amitiés à Madame. Il y a quelques jours déjà qu’un ami revenant de Londres m’a dit que Payne était très-anxieux de savoir ce que vous pensiez du poëme qui vous est dédié, Lautrec. Avez-vous pu le lire entre les lignes anglaises ?
Bien à vous, cher Maître, pardon et merci.
Votre dévoué
Stéphane Mallarmé.

Le fils cadet de Mallarmé, Anatole, mourut quelques mois plus tard, le 8 octobre 1879, à l’âge de huit ans. Sa disparition bouleversa en profondeur la poétique mallarméenne dont témoignent, entre autres, les fragments posthumes publiés sous le titre de Tombeau d’Anatole.
Le poète anglais John Payne (1842-1916), spécialiste de Villon et de Boccace, était un ami de Dante Gabriel Rossetti. Lautrec, A poem, avait paru en 1878.
Bel exemplaire.
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