Lot n° 462

[LOUYS, Pierre.] La Conque. Revue. Paris, 1891.

Estimation : 6 000 / 8 000 €
Adjudication : 7 770 €
Description
Livraisons n° 1, 2 et 4 (sur 11), soit : 3 fascicules grand in-8 (240 x 158 mm) de VIII pp. et (1) f. pour le premier fascicule, 8 pp. ch. [IX]-XVI pour le second et 8 pp. ch. [XXV]-XXXII pour le troisième : en feuilles, couvertures jaunes imprimées en mauve ; étui-chemise moderne en demi-maroquin vert.

Trois des onze livraisons de la revue de poésie fondée par Pierre Louÿs.
Un des 100 exemplaires sur vergé de Hollande (n° 77). Tirée à 120 exemplaires, La Conque se
vendait par souscription à un prix délibérément élevé : 100 francs-or l’abonnement annuel.

Paul Valéry en fut le principal contributeur, fournissant 14 poèmes dont le fameux Narcisse parle qui se trouve ici dans la première livraison, en édition préoriginale. Lors de sa réception à l’Académie française, l’auteur de la Soirée avec M. Teste devait rappeler le rôle crucial de ces petites revues littéraires qui fleurirent au tournant du siècle : “Ces petites églises où les esprits s’échauffent, ces enceintes
où le ton monte, où les valeurs s’exagèrent, ce sont de véritables laboratoires pour les lettres.”
Âgé d’une vingtaine d’année, Pierre Louÿs (1870-1925) en fut à lui seul le directeur et le comité de lecture, ce qui lui permit de faire appel à deux jeunes inconnus, Paul Valéry et André Gide tout en sollicitant ses aînés, Heredia, Mallarmé, Leconte de Lisle.
Il prit soin d’adresser les premières livraisons à des personnalités éminentes : Maupassant, Emile Zola, Ernest Renan, Maurice Barrès, Camille Saint-Saëns, Degas ou Oscar Wilde.
(Place, Bibliographie des revues et journaux littéraires, II, 1974, pp. 182-193).

Précieux envoi autographe signé à l’encre violette au verso de la première couverture :
A Mr Oscar Wilde
hommage respectueux
Pierre Louÿs

C’est probablement chez José-Maria de Heredia, son futur beau-père, que Pierre Louÿs rencontra Oscar Wilde dans les derniers jours de novembre 1891. L’écrivain irlandais, alors à son apogée, avait été triomphalement accueilli à Paris. Lorsqu’il composa en français sa fameuse pièce pour Sarah Bernhardt, Salomé, il fit d’abord corriger le manuscrit par Stuart Merrill et Adolphe Retté, puis fit revoir ces corrections par Pierre Louÿs, dont l’intervention l’enthousiasma. Louÿs retrouva Wilde en juin 1892 à Londres, où il était venu perfectionner son anglais, et c’est au cours de ce séjour qu’il commença à traduire The Young King.
Mais l’homosexualité de Wilde devait le heurter. Wilde prit acte de la brouille avec un mot fameux et cinglant : “J’avais espéré avoir un ami ; désormais, je n’aurai plus que des amants.”
Triste épilogue lorsque l’on songe qu’au début de leurs relations Wilde avait offert à Louÿs un exemplaire de A House of Pomegranates avec cette éblouissante dédicace : “Au jeune homme qui adore la Beauté.
Au jeune homme que la Beauté adore. Au jeune homme que j’adore.”
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