Lot n° 383

HOVINNE (Jeanne). En aéroplane dans les 7 ciels. 10 lithographies originales en noir et en couleurs de J. Hovinne d'après les croquis et les photographies des explorateurs. Brux., l'Art Décoratif C. Dangotte, Coll. du "Petit Artiste", 1918,

Estimation : 200 / 300
Adjudication : 450 €
Description
4°, en feuilles, farde ill. édit. (lég. défraîchie, petit pli à la marge d'une planche). Tirage unique à 100 ex. num. sur Japon impérial, signés par l'artiste. Très beau livre pour enfants publié dans la même collection que les "Plaisirs d'hiver" de Léon Spilliaert. Envoi : "A mon charmant petit ami Jean-Marie avec un gros baiser. Anne-Marie Ferrières. 1er janvier 1948". Anne-Marie Ferrières, née Jeanne Hovine (1888-1992), Autodidacte des planches, Jeanne, qui ne s'appelle pas encore Anne-Marie, l'est aussi du dessin. Au sortir des matinées où l'emmène parfois son père, elle croque de mémoire les scènes qu'elle vient de voir et qu'un éditeur lui achète bientôt 25 centimes pièce. Elle illustre aussi les livres qu'écrit sa soeur Laure, donne des cours particuliers, expose en divers lieux bruxellois... Le critique d'art du «Soir» de l'époque la repère, et le journal lui propose de créer, avec sa soeur, une page hebdomadaire pour les enfants. Dans la ligne du «Journal d'une poupée belge 1914/1918» qu'elles avaient signé précédemment, Jeanne et Laure créent Nic et Nac, petites jumelles vêtues de costumes à carreaux noirs et blancs, qui connaîtront onze ans de succès, de 1924 à 1934 - date à laquelle elles feront même l'objet d'une adaptation à grand spectacle au Théâtre des Galeries ! Jeanne poursuivra longtemps encore sa carrière d'illustratrice. Mais elle se tourne de plus en plus vers le théâtre, un métier «honteux» s'il en est au regard de la bonne bourgeoisie tournaisienne. C'est pourquoi, ni vue ni connue, elle s'est métamorphosée en Anne-Marie Ferrières, du prénom de sa nièce et du nom d'un village de la province de Liège sur lequel elle a posé le doigt au hasard d'une carte de Belgique. Pourtant, quand Jules Delacre ou son ami Jacques Copeau veulent la faire monter à Paris, Anne-Marie, qui a toujours placé la famille au-dessus de tout, refuse. Et ce n'est qu'après la mort de son père qu'elle sautera véritablement le pas du professionnalisme. Entrée dès l'entre-deux-guerres au Rataillon d'Albert Lepage, elle fait ensuite partie de la première petite troupe montée par Théo Fleischmann pour le tout jeune INR: sur les ondes nationales, elle lit des poèmes, participe aux pièces radiophoniques, fait même office de speakerine. De «Sire Halewijn» (dont Ghelderode en personne lui demande d'être la créatrice) à la «Princesse Maleine» de Maeterlinck, du «Soulier de Satin» à «Phèdre», de «Tripes d'or» à «Bajazet» ou aux «Deux orphelines», Anne-Marie Ferrières pratique tous les genres, tous les auteurs : Calderon, Avermaete, Pirandello, Sion, Anouilh, Plisnier, Montherlant, Camus, Bertin, Crommelynck, Closson..., sur toutes les scènes bruxelloises: du Poche aux Galeries, en passant par le Parc, le National, le Rideau de Bruxelles, le Molière...
Partager