Lot n° 359

Germaine TAILLEFERRE (1892-1983). MANUSCRIT MUSICAL autographe, Concerto pour piano et orchestre. Réduction à 2 pianos avec I° piano solo, 1923 ; 45 pages oblong in-4 plus titre en cahier oblong (cachet des Archives Heugel).

Estimation : 2000 / 2500
Adjudication : Invendu
Description
MANUSCRIT DU PREMIER CONCERTO POUR PIANO DE GERMAINE TAILLEFERRE, EN PARTICELLE POUR 2 PIANOS. Après la représentation aux Ballets Suédois du ballet Marchand d’oiseaux (25 mai 1923), la princesse Edmond de Polignac, séduite par la qualité de sa musique, commande à Germaine Tailleferre un Concerto pour piano, qu’elle compose dans la propriété algérienne des Polignac, à Bouzaréah, et termine en décembre 1923. Une audition privée en fut probablement donnée chez la commanditaire ; c’est Alfred CORTOT qui joua la première audition publique le 3 décembre 1924 à Londres, avec le British Women’s Symphony Orchestra sous la direction de Gwynneth Kimpton ; il en donna la première américaine le 20 mars 1925 avec le Philadelphia Orchestra, et le 3 avril suivant à Boston sous la direction de Serge KOUSSEVITZKY ; au même moment, Germaine Tailleferre le jouait au Carnegie Hall sous la direction de Willem MENGELBERG les 2 et 3 avril. De retour en France, elle en donna la première audition française le 30 mai 1925 à l’Opéra de Paris sous la direction de Serge KOUSSEVITZKY. Germaine Tailleferre présentait alors cette œuvre très néo-classique (voire néo-baroque) comme une réaction contre l’impressionnisme et l’orientalisme, et une recherche d’un mode d’expression purement musical, détaché de toute référence littéraire. Elle a rapporté et commenté le jugement de Strawinsky : « “C’est de la musique honnête !” Une telle appréciation, venant de lui qui détestait la musique des autres, constituait un encouragement fabuleux ». Quant à Alfred Cortot, il avait déclaré, en déchiffrant l’Adagio : « Ceci n’est pas moins beau que du Bach ! » Lors de la parution de l’édition chez Heugel, Paul Le Flem lui consacre un article dans Comœdia (19 octobre 1925) : « Cette partition, digne de la sympathie des pianistes en quête de nouveautés, comporte trois morceaux d’une durée raisonnable. L’auteur a visiblement cédé aux suggestions du style du XVIIIe siècle. [...] Ce concerto ne saurait être assimilé à un devoir de rhétorique. S’il y a influence, elle se remarque surtout dans la conception de l’ensemble, dans la façon d’ordonner les répliques, dans les développements qui ne se bornent pas à des redites de thèmes ou à de banales transpositions de motifs. Le style harmonique est franchement de notre époque. Mais 1’auteur, fidèle à la tradition classique, loin de considérer les accords pour leur seule valeur intrinsèque, les utilise dans un dessein contrapuntique solide et dénué de pédantisme. Ce Concerto se recommande aux pianistes désireux d’enrichir leur répertoire par ses qualités d’aisance, de mesure, de bon goût ». En ré majeur, ce premier Concerto pour piano comprend trois mouvements : Allegro, Adagio et Final (Allegro non troppo). Le manuscrit, daté en fin « Bouzaréah Décembre 1923 », est ABONDAMMENT RATURE ET CORRIGE, et correspond certainement, au moins en partie, au manuscrit de travail de la particelle, avant l’orchestration. La page de titre porte la dédicace : « à la princesse Edmond de Polignac », et la note : « Réduction à 2 pianos avec I° piano solo ». Il est écrit à l’encre noire sur du papier oblong à 12 lignes, celui des pages 17 à 25 étant d’un format un peu plus grand. Le piano solo (I°) occupe les deux portées supérieures, le II° étant noté au-dessous. Il comprend : – Allegro (p. 1-16), avec quelques corrections au crayon, dont 2 mesures refaites ; – Adagio (p. 17-21), la page 19 collée sur une version primitive, et la dernière page (20) entièrement biffée et refaite au crayon sur une nouvelle page 21 ; – Final (p. 21-43), avec des corrections par grattage, à l’encre rouge, et avec des collettes. Le manuscrit a servi pour la gravure de l’édition chez Heugel en 1924. ON JOINT la PARTITION D’ORCHESTRE : Concerto pour piano avec accompagnement de 2 flûtes, hautbois, bassons, trompette, 2 cors, timbales et cordes, par un copiste (90 pages in-fol. sur papier Carl Fischer, New York à 18 lignes, cartonnage dos toilé), ayant servi de conducteur, présentant quelques corrections, et portant de nombreuses annotations aux crayons rouge et bleu. Discographie : Santa Cruz Orchestra, Nicole Paiement (Helicon Records 1999).
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