Lot n° 136

Philippe GAUBERT (1879-1941). MANUSCRIT MUSICAL autographe signé, Les Chants de la mer, Trois tableaux symphoniques, 1929 ; [1 f.]-109 pages in-fol., en cahier broché.

Estimation : 3000 / 3 50
Adjudication : Invendu
Description
MAGNIFIQUE TRIPTYQUE POUR ORCHESTRE. Composés dans l’été 1929, ces Chants de la mer furent créés aux Concerts Colonne le 12 octobre 1929 sous la direction de Philippe Gaubert. « C’est une suite de trois tableaux évoquant d’abord la lumineuse poésie de la mer “colorée et chantante”, ses enivrantes harmonies, la troublante ivresse de ses colorations mouvantes ; puis c’est la ronde sur la falaise, parmi les roses de mai, et enfin le nostalgique souvenir du foyer qui, au loin, monte vers le matelot dans le mystère du crépuscule. M. Philippe Gaubert a traité ce triptyque avec une habileté rare. Son premier tableau, taillé en pleine pâte symphonique formée d’harmonies chatoyantes, est d’une sonorité pleine, somptueuse, frémissante. La ronde se déroule ensuite sous forme d’un scherzo de l’agrément le plus vif, et le troisième morceau témoigne d’une force d’évocation singulière, avec ses effets lointains de trompette et de cor en sourdine, se détachant sur la troublante pédale des cordes et auxquels succède une délicate touche de flûte suggérant le mystère de la nuit tombante. Magnifiquement dirigée par l’auteur, cette suite symphonique a remporté un succès considérable et mérité » (Paul Bertrand). Sur la page de titre, portant la date « Juillet-Août 29 », Philippe Gaubert a dressé la liste des instruments de l’orchestre : 3 flûtes (petite et 3me), 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 1 clarinette basse, 2 bassons, 1 contrebasson, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba, 1 timbalier, batterie (grosse caisse et tambour ; triangle, cymbales, tambour de basque), 2 harpes, quintette à cordes. I. Chants et parfums, mer colorée (p. 1-38). En tête, longue citation des Ballades de la mer de Paul Fort : « Douceur d’aimer ! douceur de vivre ! chants et parfums, mer colorée des plus touchantes harmonies de l’air, nuées et nue mirées, mer chantante, mer parfumée, langueur marine, que je vous aime ! », etc. La première partie, Assez lent, calme, à 6/8, clame l’admiration de Gaubert pour La Mer de Debussy, comme le souligne Harry Halbreich, « avec son 6/8 berceur, ses appels de cors, ses harmonies majeures aux cordes ajoutées, rehaussées de quelques passages en gammes par tons. Elle sera brièvement reprise pour finir après un épisode central plus vigoureux en 4/4, où rode le souvenir d’Aurore, premier mouvement du Jour d’été à la montagne » de Vincent d’Indy. II. La ronde sur la falaise (scherzo) (p. 39-93), avec cette citation des Ballades de la mer de Paul Fort : « Nous foulerons sur la falaise, à la musique du vent frais, les roses fleurettes de Mai jusqu’à nous en trouver bien aise. Dansons la ronde sur la falaise ! ». Vif (à 1 temps) à 3/8. « C’est un très preste Scherzo, d’orchestration légère et scintillante, dont le 3/8 fait place en son milieu à un 2/4, plus râblé », à la manière des scherzos d’Albéric Magnard. III. Là-bas, très loin, sur la mer (p. 94-109) est précédé d’un texte de Gaubert lui-même, qui est le programme de ce mouvement, avec ses trois volets : « Au soir… soleil rouge… le crépuscule est lourd au matelot qui peine, triste, les yeux nostalgiques… La mer se mélange aux tons bleus du crépuscule… tristesse environnante des choses… Le souvenir du pays monte en bouffées vers le matelot redressé qui tend, joyeux, en un élan d’espoir, les bras, là-bas, vers le foyer… mais la route est longue et la tristesse le reprend. À l’horizon le soleil saigne, agonisant… la mer s’étend, infinie… la nuit mystérieuse descend, enveloppe tout… » Il commence Modérément lent, à 3/4, comme un « appel obsédant, lancinant », puis doux et mélancolique, menant à un bref et éclatant tutti Enthousiaste – Large, aux teintes flamboyantes et aux accents vigoureux, suivi de la reprise du début en mode majeur, avant une coda « aux harmonies d’un raffinement sublime » où « la vision s’évanouit dans le mystère »… Le manuscrit, soigneusement noté à l’encre noire sur papier Lard-Esnault supérieur à 24 lignes, présente de nombreuses corrections par grattage, et une grande collette supprimant les pages 65-66 ; annoté au crayon bleu, il a servi de conducteur, et a été utilisé pour établir le matériel et la gravure de l’édition chez Heugel en 1930. Signé en fin et daté : « Villers s/mer 1929 (vacances) », il porte le cachet de la SACEM à la date du 5 décembre 1929. Sur la page de titre, outre la date : « Juillet-Août 29 », Gaubert a noté les dates des « 1ères auditions Concerts Colonne 12 octobre et 3 novembre 1929 sous ma direction ». Discographie : Philippe Gaubert, Orchestre Symphonique de Paris (1930, Dutton 2009) ; Marc Soustrot, Orchestre Philharmonique du Luxembourg (Timpani 2008).
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