Lot n° 93

Emmanuel CHABRIER (1841-1894). L.A.S. « le papa Emmanuel », La Membrolle 16 mai 1890, à SON FILS MARCEL ; 4 pages in-8 (petites fentes réparées).

Estimation : 400 / 500
Adjudication : Invendu
Description
BELLE LETTRE A SON FILS, en partie inédite. L’éditeur ENOCH lui a raconté « votre ballade au Jardin des Plantes. Il n’est pas mauvais, de temps à autre, d’aller faire aux bêtes une petite visite ; ça repose de l’homme. Toutefois, il faut toujours raisonner ce que l’on voit et ne passer devant aucun objet, aucun animal, aucun produit sans se demander à quoi ça sert, comment ça vit et ne pas s’attacher uniquement à la forme. À ton âge, une promenade de ce genre doit toujours contenir un enseignement, ne pas être un pur spectacle pour les yeux ; ton petit cerveau doit être de la partie. Il y a tant de gens, et de ceux qui se croient malins, qui vont à l’Exposition de peinture, visiter les églises, se promener au bois, assister à un cours, s’installer au théâtre, et qui reviennent de tout cela la tête vide, n’ayant rien observé, ne s’étant rien assimilé de ce qu’ils ont vu ; c’est du troupeau qui passe, ça tue le temps, en attendant le dîner, qui est la grosse affaire. Pénètre-toi bien de ce que je te dis là, tu ne seras jamais assez curieux, dans le sens où je l’entends, naturellement, et c’est maintenant que les belles curiosités doivent s’éveiller dans ton esprit »... Il parle de son autre fils André qui « a l’air de travailler, mais il doit avoir une croûte sur l’intellect ; ça sera long à gratter cette épaisseur avant de trouver le bon nanan ! Je n’ai jamais pu lui faire comprendre que cent s’accordait quand il y avait des chiffres devant et que ce mot était invariable quand ils étaient placés après […] Il y a certainement chez M. Pasteur des pères de famille chez lesquels la rage s’est évidemment développée au fréquent contact de moutards pareils. Enfin, il ne faut pas quitter toute espérance ; Dante était d’un autre avis, mais il n’avait peut-être pas d’enfants ». Ils ont une nouvelle bonne, originaire de Mettray. Puis il fait de longues recommandations à Marcel qui doit se rendre dimanche chez les Pillon, sur les tramways à prendre, et surtout de faire très attention en traversant l’Avenue du Bois de Boulogne…
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