Lot n° 22

Catherine Rosalie Gérard DUTHÉ (1748-1830) danseuse et courtisane. 7 L.A.S. et 1 L.S., la plupart de Londres 1786-1803, au banquier Jean-Frédéric PERREGAUX ; 12 pages in-4 ou in-8, adresses avec marques postales.

Estimation : 800 / 1000
Adjudication : Invendu
Description
CURIEUSE ET PIQUANTE CORRESPONDANCE A SON AMANT ET PROTECTEUR. Londres 10 avril 1786. Elle lui annonce son arrivée en Angleterre, où elle était partie avec un lord anglais, Sir BYNG ; elle lui raconte son voyage et ses premiers succès londoniens. Elle a eu tant de visites depuis son arrivée qu’elle n’a pas trouvé le temps d’écrire : le prince de Galles « et sa jeune coure son très assidument chez moi je m’amuse beaucoup ». Elle s’est installée dans une maison n°2 Bary Street et a monté tout son petit ménage, alors que tout ici coûte fort cher : « ce que vous nalé pas croire cest que je suis encore viairge depuis j’ai quité Douvre, c’est la ou jai quité Byng et je suis arivez a Londre seul avec Manon et mais gens, malgré toute la foule des courtisan je suis très sage je vous jure et ne veux prendre personne jusqua nouvelle ordre ». Elle le prie de lui envoyer de jolis chapeaux de chez « Melle Gaussait, Faubourg St Germain, qui conois mon genre »... 24 décembre 1789. Réfugiée à Londres, d’où elle ne rentrera qu’en 1816, elle remercie son « cher tuteur » de l’envoi d’une somme d’argent qu’elle désire placer en Angleterre : « je serai toujours a même de le retirer et [...] cela me rapportera intérêt en attendant ». Elle lui demande conseil sur le pouvoir qu’elle doit lui envoyer, lui souhaite la bonne année, etc. 22 août 1791. Elle lui a envoyé des certificats de vie par le courrier de l’Ambassadeur de France et espère revenir bientôt : « J’ai toujour le plus grand désir d’aller à Paris mes ma poltronnerie me retien, je vous supli de me mender si vous croyet que je ferai bien d’y venir faire un petit tour »... 24 novembre. Elle lui a envoyé par le courrier de l’Ambassadeur une procuration et un certificat concernant ses revenus et des affaires à Phalsbourg, en le priant de faire ce qu’il pensera être le mieux ; elle est inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles et prie son cher tuteur de lui écrire au plus vite... Rothley 27 novembre. Elle a oublié de lui dire que feu son père avait deux montres en or, et de l’argenterie. Elle hésite à vendre sa maison de Paris : « je me suis presque engagée avec Mr d’Etillière de lui donner la préférence ». Il en a offert 112.000 livres, « deux mille louis en or, comptant » à son cousin, mais elle veut garder les négociations ouvertes à d’autres propositions... Londres 9 juillet 1801 : « Me voilà donc enfin éliminée de la liste des Émigrés ? et l’arrêté en est parvenu à la Préfecture malgré que je n’aurai jamais du être sur cette liste étant comme vous savez hors de France depuis l’année 1786 ; il m’est doux de voir que l’heure de la justice est arrivée »... 12 octobre 1801. Elle a été atteinte de petite vérole « d’une manière accablante » et ne se trouve pas encore assez forte pour lui répondre de sa main, même si elle est à présent hors de danger. Elle remercie Dieu de lui accorder « quelques années pour jouir du bonheur général que cette heureuse paix va procurer », même si la faiblesse de sa santé l’empêche de rentrer bientôt en France. Elle se réjouit de la fin de la guerre, « qui sera, j’espère, celle de tous nos maux. D’ailleurs je puis vous assurer que je suis très disposée à préter serment de fidélité à la Constitution conformément à l’Arrêté du 28 Vendémiaire an 9 »... 25 juillet 1803, sur la régularisation de ses affaires, pour laquelle elle a besoin de certains documents de famille qu’elle pensait pouvoir se procurer facilement, afin de prouver son identité et sa légitimité : extraits mortuaires de son père et de sa cousine, certificat de résidence de son cousin, etc. « C’est avec chagrin que j’ai appris qu’il n’y avait pas une conformité parfaite entre les registres de Versailles et mes actes et contrats à l’égard de mon nom de baptême et de ma date de naissance ». Un homme de loi très réputé l’a rassurée en affirmant que « la similitude est si frappante et qu’il y a tant de personnes à Paris qui peuvent prouver mon identité » que ça devrait se résoudre facilement... ON JOINT une p.a.s. de sa tante Veuve Lumière, à Perregaux, en faveur de sa nièce ; une l.a.s. de son cousin Lumière de Prainville à Perregaux ; un projet de lettre à un Citoyen Ministre réclamant la radiation de Mlle Duthé de la liste des émigrés.
Partager