Lot n° 16

GOBIN (Robert). Les Loups ravissans, dit le doctrinal moral, contenant douze chapitres ou chascun pourra facillement congnoistre que cest de bien et fuyr mal. Paris, à l'enseigne de la rose blanche couronnée [Philippe le Noir], s.d. [vers 1525]....

Estimation : 10000 / 12000
Adjudication : 20000 €
Description
Petit in-4 (190 x 128 mm), maroquin rouge, double filet à froid, dos orné de même, dentelle intérieure dorée, tranches dorées sur marbrure (H. Duru).
Un des livres illustrés les plus curieux du début du xvie siècle, d'une grande rareté. # Belle impression gothique de Philippe le Noir, réalisée vers 1525 selon Brunet, avec le titre et la douzième page en rouge et noir, une série de jolies lettrines fleuronnées dans le texte et de la marque de Philippe le Noir (Renouard, n°624) au verso du dernier feuillet. # L'illustration se compose de dix-neuf remarquables gravures sur bois représentant des loups vêtus de costumes religieux, très expressives, qui sont « peut-être les plus étranges du siècle » selon Guy Bechtel. # Elle s'inspire du cycle iconographique de la première édition de l'ouvrage, publiée par Antoine Vérard vers 1503, dans laquelle le texte de Gobin était suivi d’une Danse des morts. Brunet tient notre édition pour plus rare encore que celle de Vérard, dont on ne connaîtrait pourtant que sept exemplaires. Seuls deux exemplaires de celle-ci, conservés dans les bibliothèques Mazarine et Sainte-Geneviève, sont référencés dans les collections publiques internationales. # L'ouvrage est un curieux traité de morale mêlé de prose et de vers, dans lequel Robert Gobin, qui était doyen de Lagny-sur-Marne, met en scène un dialogue entre Archilupus, un loup revêtu d’habits religieux qui peint les péchés de façon à les rendre aimables, et Sainte Doctrine, une bergère personnifiant l'Église. Pour dénoncer les vices des ecclésiastiques, l'auteur n’hésite pas, dans la seconde partie de l'ouvrage, à mettre en cause les plus hautes autorités du clergé, tels les papes Jean XXII et Boniface VIII, ce qui faisait considérer ce doctrinal moral par La Croix du Maine comme « le plus hardi livre pour parler en toute liberté des ecclésiastiques que nous ayons encore vu écrit par un homme de sa profession ». # Le propos moral de l'ouvrage n'a pas manqué de paraître paradoxal à certains critiques, tel Goujet dans sa Bibliothèque françoise, car, dans ce prétendu traité de morale, « les Loups ravissans parlent [...] aussi souvent que Sainte Doctrine (chargée d'enseigner les agneaux) ; et que ne disent-ils pas ? Les maximes les plus corrompues sont toujours dans leur bouche ; leur école est celle du libertinage le plus outré ; les peintures qu'on y fait des vices y sont extrêmement libres ; tout y est montré sans voile ; tout y est dit sans énigme. » # On trouve aussi diverses fables dans l'ouvrage, dont celle du Meunier, son fils et l’âne, qui inspira La Fontaine. # Exemplaire grand de marges, avec quelques témoins, réglé à l'encre rose. # Très bel exemplaire, cité par Guy Bechtel, parfaitement établi par Hippolyte Duru. # De la bibliothèque du baron Lucien Double (Cabinet d'un curieux, 1890, n°101 ; 1897, n°112), avec ex-libris. # Cassure habilement réparée aux deux feuillets O2 et O3. Insignifiants frottements sur la coiffe de tête et les attaches de mors. # Bechtel, G-151 (exemplaire cité) – Brunet, II, 1632.
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