Lot n° 131
Top Enchère
Sélection Bibliorare

[Chine]. HELMAN (Isidore-Stanislas). [Conquêtes de l'Empereur de la Chine. Suite des seize estampes représentant les conquêtes de l'Empereur de Chine, réduite en dimensions et augmentée de plusieurs planches. A Paris, chez l'auteur et chez...

Estimation : 40000 / 60000
Adjudication : 75000 €
Description
Ponce, 1783-1788].
Suite de 24 planches gravées sur cuivre (env. 37 x 50 cm marges incluses) et aquarellées, dont 3 assemblées formant un grand dépliant (env. 37 x 129 cm ), reliure de l'époque maroquin rouge, dos lisse, titre doré, roulettes, filets, fleurons, le tout doré, plats décorés d'un double encadrement (à l'extérieur composé d'un double filet et d'une ligne de petits fers floraux et étoiles en alternance, à l'intérieur d'un filet dont les angles sont constitués de deux petits fers formant un demi-cercle, les côtés ornés en leur centre d'un fer en étoile bordé d'une double ligne avec spirale), roulette aux coupes, dentelle intérieure, le tout doré, gardes de soie moirée azur, tranches dorées, planches montées sur onglets (fines taches éparses aux plats, frottements négligeables aux coupes ; étiquette en tête du dos, petit travail de vers en tête d'une charnière intérieure).
Suite de 24 planches, rare et recherchée, illustrant les victoires de l'empereur K'ien-Long (Qianlong), réalisée par le graveur Helman d'après les dessins de quatre missionnaires et la suite qui en fut gravée sous la direction de Charles Nicolas Cochin.
" En 1759, l'empereur K'ien Loung annexa à son empire le Nord et le Sud des T'ien Chan, Monts-Célestes, après une lutte acharnée, dans laquelle se distingua le général chinois Tchao Houei contre les chefs éleuthes qui occupaient ces régions. Pour commémorer ce glorieux événement, K'ien Loung fît exécuter une suite de seize dessins représentant les principales scènes de la campagne par les artistes missionnaires qui se trouvaient à sa cour, c'est-à-dire les frères Jean-Denis Attiret, Joseph Castilhoni et Ignace Sichelbarth, jésuites, et Jean Damascène, augustin déchaussé. Par un décret du 13 juillet 1765, l'Empereur ordonna que les dessins seraient envoyés en France pour être reproduits par les meilleurs graveurs de l'époque […]. [L'on] confia à Cochin, secrétaire historiographe de l'Académie, le soin de faire exécuter le travail qui ne fut terminé qu'en 1774. Huit graveurs bien connus y avaient été employés : L.-J. Masquelier, J. Aliamet, J.-P. Le Bas, Augustin de Saint-Aubin, François-Denis Née, B.-L. Prévost, P.-P. Choffard, et N. de Launay. Les planches avec cent exemplaires qu'on en tira furent envoyées à la Chine ; un très petit nombre fut réservé pour la famille royale et la Bibliothèque du Roi. " (Cordier).
Isidore-Stanislas Helman (1743-1806 ou 1809), graveur du duc de Chartres et qui se distingua comme l'un des meilleurs élèves de Le Bas, imagina de publier une réduction de cette suite augmentée de planches nouvelles ; il en débuta la réalisation en 1783, et cet ouvrage comprenant 24 planches fut terminé en 1788.
Rarissime exemplaire sur papier de Hollande et aquarellé à l'époque. C'est à notre connaissance l'unique exemplaire d'une si haute qualité localisé à ce jour.
Publiée en livraisons, cette suite se trouve quelquefois accompagnée d'un prospectus gravé qui tient lieu de titre, et où sont décrites les gravures. Il existe au moins trois versions successives de cette annonce que nous avons consultées ; la première décrit les seize premières gravures ; la seconde mentionne en plus un " Supplément formant 4 estampes " ; la troisième décrit l'ensemble de l'ouvrage composé de 24 gravures. Nulle part il n'est question de la qualité du papier employé à ces tirages, et tous les " grands " exemplaires que nous avons examinés se trouvent imprimé sur un papier d'Auvergne, certes de grandes dimensions, mais de facture médiocre. Ce papier issu des moulins de Dupuy est typique des papiers français de grands formats dont la qualité décline à la fin du XVIIIe siècle, supplantés par les productions de Hollande puis d'Italie. En revanche, l'on trouve en marge de l'un de ces prospectus, une annonce pour une nouvelle production de Helman, les Faits mémorables des Empereurs de la Chine, dont la première livraison est prévue pour le 15 avril 1788. D'un format plus réduit que la Suite des Conquêtes (soit in-4°), les Faits mémorables sont proposés sur le même grand papier d'Auvergne, mais également " l'ouvrage entier peint à l'aquarelle sur papier d'Hollande ".
Nous connaissons l'un de ces exemplaires : c'est celui de la comtesse de Provence, dédicatrice de l'ouvrage, relié à ses armes et conservé à la Réserve des Estampes de la BnF (cote Oe 6 4°).
Or, nulle part il n'est question d'un tirage sur papier de Hollande pour notre Suite des conquêtes, ni d'exemplaires coloriés. Nos recherches ne nous ont pas permis d'en localiser ne serait-ce qu'un seul dans les collections publiques (notamment BnF et Musée Guimet), et nous n'en avons trouvé aucune trace dans les ventes aux enchères des 15 dernières années.
Le papier de cet exemplaire provient de deux ateliers hollandais les plus estimés de l'époque, les maisons Van der Ley (contremarque visible pl. III et pl. XX), et Blauw (pl. XVII).
Exemplaire d'exception, revêtu d'une élégante reliure de l'époque en maroquin rouge finement orné, attribuable à Bradel l'aîné.
Alexis-Pierre Bradel, dit Bradel l'aîné, successeur de son oncle Derôme le jeune et également appelé Bradel-Derôme, fut actif à Paris dès 1772 (Thoinan, Les relieurs français, Paris, 1893, p. 220). La reliure n'est pas signée, mais l'on observe une similarité de facture et des fers semblables sur des reliures portant son étiquette, dans la collection Mortimer L. Schiff : sur un Télémaque de 1790 ; et sur 2 ouvrages de médecine de 1787 (S. de Ricci, French signed binding in the Mortimer L. Schiff collection, II, New York, 1935, n° 140 et 142). De même, R. Devauchelle lui attribue une reliure dont le décor inclut une frise d'étoiles comparable à celle figurant sur les plats de notre exemplaire (R. Devauchelle, La reliure, recherches historiques… Paris, 1995). Il la date " vers 1792-1795. ". Notre exemplaire présente, sur le papier de la garde inférieure, un filigrane daté de 1792 ; cette reliure peut être logiquement datée dans la même fourchette de 1792 à 1795. Ses dimensions sont d'environ 38,5 x 27 cm.
Une signature moderne soignée figure dans les marges de pied de 6 planches (pl. I, V, XI, XVI, XXI, XXIV) : " Jean Drut ".
(Inventaire du Fonds Français, Graveurs du XVIIIe siècle, T. XI, n° 54-77 ; H. Cordier, Bibliotheca sinica, p. 641-642 ; H. Cordier, " La Chine en France au XVIIIe siècle ", in Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1908, vol. 52, n° 9, p. 765-766).
Partager