Lot n° 151

COCTEAU, Jean. Le Coq et l'Arlequin. Notes autour de la musique. Avec un portrait de l'auteur et deux monogrammes par P. Picasso. Paris, La Sirène, Collection des Tracts, nº 1, 1918 [janvier 1919]. In-16 : broché, chemise, étui en demi-maroquin...

Estimation : 4000 / 6000
Adjudication : 3 500 €
Description
rouge.
On joint :
COCTEAU, Jean. Lettre à André Gide. Sans lieu, 1er décembre 1919.
Lettre autographe signée, 1 page in-4.
Édition originale.
Elle est ornée d'un portrait de l'auteur en frontispice reproduisant un dessin à la mine de plomb
portant : “à mon ami Jean Cocteau, Picasso, 1916.”
Élégante plaquette, la première de la “Collection des Tracts” lancée par les éditions de la Sirène,
imprimée par Protat. Les éditions de La Sirène publièrent trois livres de Cocteau, à l'époque où
elles jouèrent un rôle important en faveur de la jeune littérature.
Dédiée à Georges Auric, cette suite de notes brèves et d'aphorismes sur la musique et l'art en
général est un véritable manifeste de l'esprit nouveau où l'auteur érige en système de façon
brillante les enseignements de Parade – ce premier ballet résolument moderne (1917), mis en
oeuvre par un quatuor légendaire : Diaghilev, Picasso, Erik Satie et Jean Cocteau.
Très amusant envoi autographe signé sur le faux titre :
a André
Gide
“Le P iano et le
papillon ”
ou
Le Coq et l'Arlequin
Son ami, de
tout coeur
Jean Cocteau
Mai 1919
Cet envoi affectueux précède de peu une des célèbres brouilles entre Jean Cocteau et André Gide,
dont l'amitié avait débuté en 1912 par une lettre admirative du plus jeune à l'auteur de Paludes.
Dans cet essai, qui imposait Erik Satie et la musique nouvelle aux oreilles acouphéniques des
musicologues et lettrés sortant des canonnades de la Grande Guerre, Cocteau avait cité Gide sans
mettre de guillemets. Il fit amende honorable quelque temps plus tard : “Un oubli de guillemets
m'enrichissant d'une phrase dite par ANDRE GIDE : La langue française est un piano sans pédales , je me
fais un scrupule de signaler au lecteur cette interpolation involontaire. J.C.”
Presque aussitôt, Gide riposta dans la Nouvelle Revue française par une Lettre ouverte à Jean Cocteau dans
laquelle il pointait l'incompétence musicale de l'auteur du Coq et l'Arlequin. Cocteau répliqua :
“Il y a en vous du pasteur et de la bacchante” (Les Écrits nouveaux, août 1919).
On joint une lettre autographe signée adressée par Jean Cocteau à André Gide
le 1er décembre 1919 afin de mettre un terme à la controverse :
Mon cher Gide,
Je n 'ai pas lu votre dernier article et ne le lirai jamais. La consigne autour de moi est de se taire sur
ce chapitre. Seul moyen de me défendre contre les bas réflexes de réponse.
Donc, rien ne me gêne pour serrer la main que vous me tendez
V otre Jean Cocteau
Quentin, Catalogue Cocteau, Genève, 1997, nº 28.- Bergé, Album Cocteau, Pléiade, pp. 103-104 : “Durant l'été, Cocteau rassemble
huit années de vues cavalières sur la scène musicale dans un manifeste ‘jeuniste’, circassien et cocardier, Le Coq et l'Arlequin. C'est
une suite de tracts dadaïstes, nietzschéens de forme, en faveur d'une musique à l'emporte-pièce, sans pédales ni vibrato. (...) Et pour
compter sur le soutien d'un éditeur acquis à l'Esprit nouveau, il fonde avec Blaise Cendrars, les Éditions de La Sirène, qui publiéront
Le Cap de Bonne-Espérance, La Prose du Transsibérien et Le Flâneur des deux rives.”
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