Lot n° 148

PÉGUY, Charles. Ève. Paris, Cahiers de la Quinzaine, 1913. Très fort in-12 : maroquin bleu, dos à nerfs orné de compartiments de filets à froid, treize filets à froid encadrant les plats, filets dorés sur les coupes, doublures de maroquin...

Estimation : 2000 / 3000
Adjudication : 2 800 €
Description
rouge serties d'un filet doré,
gardes de soie bleu nuit, tranches dorées sur témoins, couvertures et dos conservés, étui (Huser).
Édition originale.
Publié le 28 décembre 1913, le long poème d'Ève forme le quatrième cahier de la quinzième série
des Cahiers de la Quinzaine.
Un des 30 exemplaires sur Whatman, seul grand papier.
En 1913, un acharnement en quelque sorte prémonitoire pousse Péguy à écrire intensément cette
grande fresque chrétienne de 7 200 alexandrins. Il confie à Joseph Lotte : “Il faut que je produise
jusqu'à ce que je meure. Je n'ai pas le droit de m'arrêter. Je fais mon Ève. Quel titre ! Ce sera une
Iliade… Je vais dire ça à toi : ce sera plus fort que le Paradis de Dante.”
“Dans ce poème démesuré, Charles Péguy (1873-1914) se place au coeur même du mystère de
l'Incarnation. Ève est le symbole de l'humanité déchue. Jésus lui parle. À la fois homme et Dieu,
il embrasse l'histoire humaine, du Paradis perdu au Jugement dernier. Charles Péguy craignit
que son poème déconcerte à la fois les critiques et les lecteurs : sous le pseudonyme de J. Durel, il
publia dans le Bulletin des professeurs catholiques de l'Université du 20 janvier 1914 un long article sur Ève.
Malgré cela, la publication d'Ève fut un échec et valut d'un coup aux Cahiers cent désabonnements”
(Marie-Françoise Quignard in Bibliothèque nationale, 1913, nº 137).
“Heureux ceux qui sont morts...” ce chant funèbre figurant au milieu du poème aux accents de litanie
allait atteindre une triste popularité quelques mois après sa publication : le 5 septembre 1914,
Charles Péguy était tué au front.
Jolie reliure doublée de Huser.
Le dos est insolé.
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