Lot n° 124

APOLLINAIRE, Guillaume. Les Fenêtres. [in : R. Delaunay]. Paris, André Marty, [novembre 1912]. Grand in-4 de (16) ff. montés sur onglets ; cartonnage moderne à la Bradel de papier gaufré, couvertures conservées. Édition originale. Le...

Estimation : 3000 / 4000
Adjudication : 2 500 €
Description
catalogue, exécuté d'après la maquette de Sonia Delaunay, dénote un grand raffinement. Le poème
de Guillaume Apollinaire est imprimé sur papier simili Japon jaune d'or. Il précède la reproduction
de onze tableaux du peintre Robert Delaunay, dont un en couleurs, montés sur papier fort violet.
Il a été publié à l'occasion de l'exposition des oeuvres de Robert Delaunay, à Berlin, à la galerie
Der Sturm (17 janvier-20 février 1913). Apollinaire accompagna le peintre en Allemagne afin de
participer aux préparatifs de l'exposition qui réunissait non seulement Delaunay mais aussi Ardengo
Soffici et Julie Baum. Le poète y donna une conférence le 18 janvier. À cette occasion, il rencontra
Herwarth Walden, le directeur de la galerie et de la revue Der Sturm et lui recommanda, entre autres,
un jeune peintre de ses amis, Marc Chagall : ce dernier exposa trois tableaux au premier Salon
d'automne qu'organisa Walden en septembre 1913 (cf. nº 144), puis lui consacra sa première
exposition personnelle en avril 1914.
Le “poème-conversation”.
Le catalogue de luxe s'ouvre sur le célèbre “poème-conversation” qui fut à la poésie ce que le
“simultanéisme” fut à la peinture. Il est l'expression, selon l'auteur, “d'une esthétique toute neuve
dont je n'ai plus retrouvé les ressorts”. Collage de fragments de conversation, bruits ambiants, mots
captés sur une affiche, simplification de la syntaxe ; la déconstruction parvient “d'emblée à une
écriture d'une intensité et d'une diversité fortement novatrices” (Michel Décaudin). Le titre du
poème est un écho des tableaux de Robert Delaunay qui appartenaient à la série des Fenêtres.
L'ouvrage, simultanément catalogue d'exposition et livre de poésie, inaugure l'année de la révolution
dans les arts que l'Armory Show de New York devait consacrer outre-Atlantique (cf. nº 131).
Le directeur de Der Sturm conclut en fanfare ce mouvement de fond dans la création, avec le premier
Salon d'automne, proclamant : “Uns ist nicht das Leben die Kunst. Aber die Kunst das Leben.”
[Pour nous, la vie n'est pas l'art. Mais l'art est la vie. ]
Bel exemplaire.
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