Lot n° 117

MIRBEAU, Octave. Le Journal d'une femme de chambre. Paris, Charpentier et Fasquelle, 1900. Grand in-8 : maroquin janséniste aubergine, dos à quatre nerfs, quadruple filet doré en encadrement intérieur, doublures et gardes de moire bordeaux,...

Estimation : 20000 / 30000
Adjudication : 18 000 €
Description
couvertures conservées, tranches
dorées sur témoins, étui (G. Cretté).
Édition originale.
Le tirage de luxe, réimposé dans le format in-8 raisin, comprend 250 exemplaires (20 Chine,
30 Japon, 200 vélin d'Arches) auxquels il faut ajouter 20 exemplaires imprimés spécialement
pour la société des XX.
Précieux exemplaire nominatif sur vélin de Hollande à la forme, hors justification, imprimé
spécialement pour Anatole France.
“Mirbeau est un chevalier d'apocalypse et son Journal d'une femme de chambre le plus implacable roman
de déshabillage social de l'époque dreyfusienne” (Jean-François Nivet).
Roman noir et presque nihiliste, le Journal de Célestine est un réquisitoire contre la bourgeoisie et
l'hypocrisie morale : il brosse un tableau sans concession de la Belle Époque. Placé dans le contexte
de l'affaire Dreyfus, il permet au pamphlétaire de multiplier les attaques contre les antidreyfusards,
intellectuels, militaires, magistrats et politiques, et de dénoncer l'antisémitisme ambiant.
À Célestine s'enquérant auprès de l'aumônier dont elle ravaude les caleçons quelles lectures étaient
autorisées, ce dernier répond : “Ce qu’il ne faut pas lire, ce sont les livres impies... les livres contre la religion...
tenez, par exemple Voltaire... Ça, jamais... Ne lisez jamais du V oltaire... c’est un péché mortel... ni du Renan... ni de
l’Anatole France... Voilà qui est dangereux...”
Important envoi autographe signé :
A Anatole F rance,
son ami et son admirateur ,
Octave Mirbeau.
Provenance impeccable et presque militante pour ce roman dreyfusard, réunissant deux des voix
les plus engagées dans la défense du capitaine Dreyfus. Les deux écrivains incarnent l'un et l'autre
le progressisme et l'engagement intellectuel, n'ayant eu de cesse de stigmatiser le cléricalisme et
l'autorité abusive sous toutes ses formes.
Exemplaire parfait de la bibliothèque Louis de Sadeleer, avec ex-libris.
Le relieur a conservé les couvertures originelles reproduisant les pages d'un cahier.
Marcourt, Histoire de la littérature libertaire, pp. 216-217 : la citation de Jean-François Nivet est extraite de Mirbeau journaliste.-
Pierre Michel, in Journal d'une femme de chambre, Éditions du Boucher, 2003, p. 31 : “Le Journal d’une femme de chambre constitue
tout à la fois un acte de justice, un tableau profondément vrai, sans concessions ni hypocrisie, de la société française de la prétendue
Belle Époque, et une oeuvre d’art dont le style est parvenu à la perfection formelle et à l’efficacité maximale au terme de neuf années
de polissage. Mais il est aussi et surtout l’expression des choix éthiques, politiques et esthétiques d’un matérialiste convaincu.”
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