Description
dentelles intérieures, non rognés, têtes dorées (Rivière & Son).
Édition originale.
Elle est illustrée de 4 portraits photographiques hors texte.
Recueil de souvenirs sur l’exil volontaire d'Émile Zola à Londres contemporains du procès qui
lui fut intenté à la suite de la publication de J’accuse dans L’Aurore du 13 janvier 1898. L'écrivain
séjourna dans la capitale anglaise pendant près d'un an, du 18 juillet 1898 au 4 juin 1899.
Éditeur et traducteur, Ernest Alfred Vizetelly (1853-1922) était le fils du premier traducteur
anglais de Zola, Henry Vizetelly.
Exemplaire unique enrichi par Vizetelly de 22 lettres autographes de Zola et de 16 photographies
originales prises par l’auteur de L’Assommoir.
Les 22 lettres et billets d'Émile Zola (35 pp. in-8 et 2 cartes de visite) s'échelonnent du 18 août
1893, en réponse à l'invitation de l'écrivain au congrès des journalistes anglais, au 28 août
1899, soit près de trois mois après son retour d'exil. Elles sont signées pour la plupart “Zola”
ou paraphées d'une grande initiale. Deux lettres sont signées “Beauchamps” et “Pascal” (comme
le docteur des Rougon-Macquart), des noms d'emprunt utilisés par Zola lors de sa fuite en
Angleterre, au moment le plus critique de l'Affaire. Deux autres lettres ne sont pas signées.
Quatorze de ces lettres concernent directement l’affaire Dreyfus ou le séjour londonien de Zola.
Inédites pour la plupart – lorsqu’elles ne sont pas évoquées ou brièvement citées dans le récit
de Vizetelly –, elles permettent de retracer l'itinéraire de l'écrivain durant son exil, d'identifier
ses différents refuges (souvent fournis par son ami britannique), de l’accompagner dans ses
déplacements, ses rendez-vous manqués, ses rencontres avec des visiteurs français – dont l’éditeur
Charpentier. La collection fait revivre les craintes et les espoirs de l'exilé.
Le 15 septembre 1898, Zola annonce la probable révision du procès du capitaine Dreyfus :
“Les détails manquent évidemment ; mais, pour moi, la nouvelle est décisive, c'est la révision certaine. Il n 'y a plus qu'à
avoir de la patience, une patience peut-être un peu longue. ”
La dernière lettre (Médan, 28 août 1899) est une mise au point sur son silence littéraire
concernant Dreyfus. Zola refuse les propositions alléchantes du journal anglais Daily Graphic, qui
souhaitait publier ses notes et commentaires sur l'Affaire : “Il y a d'abord ma volonté formelle de ne rien
publier à l'étranger sur l'Affaire Dreyfus, puisque je ne publie rien en F rance. Et puis, comment veut-on que j'écrive une
seule ligne, tant que le verdict ne sera pas rendu ? Cela est impossible. ”
Quelques lettres évoquent les travaux en cours. Celle du 21 septembre 1897 (3 pages), consacrée
à la publication de Paris aux États-Unis, est une réponse aux adversaires de son oeuvre, qui “est ce
qu'elle est, très morale, trop morale ; et tant pis pour les hypocrites qui ne la comprendront pas. Je ne puis que vous
autoriser à l'accommoder au goût de ces hypocrites ”. Une autre, datée du 21 novembre 1898 (2 pages),
fait allusion à la traduction anglaise de Lourdes, à Rome, ainsi qu'à d'autres ouvrages.
Trois autres documents ont été joints à cet ensemble : une lettre de Mme Zola à Vizetelly
(19 décembre 1898, 2 pages in-8) ; une lettre de Walter Besant à Zola l'invitant à se rendre à la
Incorporated Society of Authors pour sa première visite en Angleterre (18 août 1893, 2 pages in-8);
une note d'instructions pour voyager en Angleterre, sans doute de la main de Vizetelly.
Les 26 photographies prises par Émile Zola lui-même illustrent le souci documentaire
de l’écrivain.
Tirées dans le format carte de visite (60 x 85 mm), les épreuves sont montées sur vergé fort et
insérées comme des planches hors texte. Chaque épreuve comporte, au verso, une note au crayon
de Vizetelly. Sur l'une d'entre elles, il affirme avoir prêté à Zola un petit appareil photographique
pour lui permettre de constituer “a complete record of his English experience ”.
Parmi ces clichés, on relève un portrait des deux enfants d'Émile Zola à la fenêtre d'un cottage,
Jeanne Rozerot et Mme Vizetelly en train de marcher sur une route de campagne, plusieurs beaux
paysages et une superbe vue de la façade du Queens Hotel avec Jeanne Rozerot lisant à la fenêtre de
sa chambre.
Dans une lettre envoyée de Walton, l'un de ses domiciles temporaires, Zola se montre particulièrement
scrupuleux en matière de photographie, et très soucieux de la qualité et du prix des tirages
sur papier : “Prière de remettre à un bon photographe les six boîtes de douze plaques chacune. Les plaques sont
impressionnées, il s'agit donc de les révéler et de tirer ensuite les épreuves... F aire remarquer que ce sont des instantanés.
Tirer ensuite trois épreuves de chaque cliché... [Les épreuves] sont glacées par le moyen des tôles américaines ” (août
1898, non signée, 2 pages).
On a joint, à part :
• un portrait photographique d'Émile Zola (12,5 x 10,5 cm) portant cette dédicace
autographe signée : “a M. Edouard C. Granadia, en remerciement de sa bonne sympathie littéraire.
Emile Zola. ”
• un laissez-passer pour les obsèques de l'écrivain (10 x 13 cm).
Précieux ensemble relié à l'époque par Rivière.
La page de titre spécialement imprimée pour cet exemplaire indique qu'il renfermait aussi “the first
issue of J’accuse”, mais le fameux manifeste a été heureusement retiré, son grand format ayant sans
doute nécessité de multiples pliages. Dos et mors restaurés.
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