Description
entrelacés aux angles en
"fer de lance", coupes filetées or, encadrement intérieur de filets dorés et à froid, doublures de maroquin
rouge, tranches dorées sur témoins (Gruel).
Édition originale de ce recueil de six nouvelles.
Exemplaire de premier tirage, avec la couverture de papier gris clair portant le titre dans un bandeau
rouge, sans mention d'édition.
Une partie du tirage des Diaboliques – près de cinq cents exemplaires encore chez le brocheur – a été
saisie et détruite à la suite du procès contre l'ouvrage. Une partie des autres fut remise en vente avec la
mention de “deuxième édition” sur la couverture. Les exemplaires de première émission ne sont pas
communs.
(En français dans le texte , Paris, 1990, nº 300 : “Sur un tirage de 2 200 exemplaires, 480 ont été saisis
et détruits.”- Graham, Passages d'encre, nº 8.)
“Mis en vente en novembre 1874 avec une préface où Barbey revendiquait pour ‘un moraliste
chrétien’ le droit de tout peindre puisque ces histoires sont vraies, le livre fit scandale.
Comme pour Baudelaire et Flaubert, des poursuites furent engagées. Un non-lieu intervint en
janvier 1875, Barbey ayant accepté de retirer son livre de la vente (…). Il attendit 1882 pour en
donner une seconde édition” (Roger Pierrot).
Exceptionnel envoi autographe signé :
A
M. Joris Karl Huysmans
la griffe de l'auteur
qui, malgré son titre, n 'est pas celle
du Diable.
J es Barbey d'Aurevilly
L'envoi a été calligraphié à l'encre rouge et dorée, sur un feuillet monté avant le faux titre. Il n'est pas
répertorié dans Les Dédicaces à la main de M. J. Barbey d' Aurevilly, de Jean de Bonnefon.
Bel hommage d'un aîné – Barbey avait 65 ans – à un jeune écrivain de 26 ans qui n'avait alors publié
qu'un ouvrage : Le Drageoir à épices. Les deux hommes s'étaient rencontrés en 1868 et se fréquentèrent
notamment par l'intermédiaire de Léon Bloy.
En 1884, À rebours fut l'occasion pour Huysmans d'évoquer l'auteur des Diaboliques parmi les écrivains
de prédilection de son héros, des Esseintes.
“Deux ouvrages de Barbey d’Aurevilly attisaient spécialement des Esseintes, Le Prêtre marié et
Les Diaboliques. (…) Dans ces deux livres que feuilletait des Esseintes, Barbey avait perdu toute
prudence, avait lâché bride à sa monture, était parti, ventre à terre, sur les routes qu’il avait
parcourues jusqu’à leurs points les plus extrêmes. (…) Dans Les Diaboliques, l’auteur avait cédé au
Diable qu’il célébrait et alors apparaissait le sadisme, ce bâtard du catholicisme, que cette religion a,
sous toutes ses formes, poursuivi de ses exorcismes et de ses bûchers, pendant des siècles.
Cet état si curieux et si mal défini ne peut, en effet, prendre naissance dans l’âme d’un mécréant.”
Après avoir lu À rebours, Barbey d’Aurevilly consacra au roman un article fameux, saluant ce livre
“qui coupe comme un rasoir – mais un rasoir empoisonné – sur les platitudes ineptes et impies de la
littérature contemporaine. (…) Jusqu'alors M. Huysmans s'était contenté d'emboîter le pas derrière
M. Zola, le bouc du troupeau littéraire qui s'en va broutant, dans le roman, le serpolet des réalités les
plus basses”. En conclusion, il renouvelait la mise en garde qu'il avait transmise à Baudelaire après la
publication des Fleurs du Mal : “Après un tel livre, il ne vous reste plus, logiquement, que la bouche
d’un pistolet ou les pieds de la croix.”
On a relié après le titre un fragment autographe signé du manuscrit des Diaboliques.
Ce sont les premiers paragraphes de la deuxième nouvelle du recueil, Le plus bel amour de Don Juan .
Le manuscrit, qui comporte quelques corrections et ajouts, est en outre enrichi d'un petit dessin
caractéristique du style de Barbey (une flèche transperçant un coeur). Les deux pages portent, en haut,
le numéro 13 (manuscrit autographe signé, 1 page ½ in-folio, encre rouge et verte).
On ne connaît aucun autre fragment manuscrit de cette nouvelle.
Le seul manuscrit connu des Diaboliques, incomplet du Dessous de cartes d'une partie de whist , comportait
Le plus bel amour de Don Juan en épreuves corrigées ; il a été vendu en 1946 et se trouve aujourd'hui
conservé à la Bibliothèque nationale de France. Au cours des années, on a vu resurgir quelques pages
manuscrites de ce fameux recueil, mais jamais, semble-t-il, un fragment du Don Juan.
Exemplaire précieux à la fois par sa provenance et par le manuscrit qui l'accompagne.
Les couvertures sont en parfait état.