Description
tranches mouchetées (reliure de l'époque).
Édition originale : elle a été tirée à 150 exemplaires.
L'essai anonyme ne rencontra aucun succès : dix-sept exemplaires vendus en dix ans.
Écrit à Milan sous l’influence d’une passion malheureuse, De l’amour est une confession où prend
place la célèbre métaphore de la cristallisation. Et le futur romancier de conclure : “Pour comprendre
cette passion (…) il faut en parler comme d’une maladie.”
Très précieux envoi de la main de Stendhal sur le faux titre du premier tome :
al Signor Luigi Buzzi.
L'exemplaire renferme trois autres notes manuscrites relatives au don et à son destinataire :
la dédicace de Stendhal est précédée de la mention “L'Autore” (écriture ancienne mais d'une autre
main) ; dans le tome I, au bas du titre, on trouve l'ex-libris manuscrit de Louis [sic] Buzzi ; enfin,
le faux titre du tome II porte la mention : “Dono dell'Autore”.
Par ailleurs, l'exemplaire présente quelques marques et traces de lecture manuscrites.
Les croix, traits et points en losange à la plume (encre noire) marquent des passages pouvant se
rapporter à la vie intime ou amoureuse de Stendhal et sont probablement de sa main
(voir tome I : pp. 34, 146, 148, 150, 152, 181 ; tome II : p. 7).
L’annotation au crayon noir, plus abondante – traits, soulignements et notes marginales – a été
intentionnellement effacée (avant ou après la mort de Stendhal ?). Elle est en très grande partie
indéchiffrable. Néanmoins, outre la correction encore lisible dans la marge de la page 57 du tome II
(le nom de “Stedig” corrigé en “Schelling”), une phrase imparfaitement effacée semble rattacher
cet exemplaire au petit groupe de livres annotés par l’auteur. Elle se trouve à la page 74 du tome II
et commente l’ensemble du chapitre XX consacré à l’homme amoureux. On lit distinctement :
“A manner to know if one loves. ” La graphie de cette note, le choix de la langue – l’anglais, si présent dans
les livres annotés par Stendhal – et la reliure contemporaine très soignée autorisent son attribution
à l'auteur lui-même.
Enfin, on trouve une correction typographique au crayon à la page 130 du tome II.
“Le plus fidèle entre les fidèles” (Victor del Litto).
Ami italien de Stendhal, Luigi Buzzi vécut à Varese avant de s'installer à Milan, où il se lia à l'auteur
de Rome, Naples et Florence. Dès 1817, Stendhal couche Buzzi sur l'un de ses testaments avec quelques
autres amis proches auxquels il lègue sa bibliothèque : Crozet, Faure, Plana, Barral, Vismara et
Mareste. Cette volonté sera renouvelée à trois reprises : deux fois en 1828, puis en 1836.
Stendhal quitta Milan en 1821 ; il n'y revint qu'à deux reprises, en 1824 et en 1828, très brièvement.
Sa deuxième visite ne dura en fait qu'une journée, pendant laquelle il eut l'honneur d'être repéré
par le directeur de la police milanaise, le baron de Terresani qui, dans un rapport adressé à Vienne,
fournit de précieuses informations sur Luigi Buzzi et son illustre ami. Buzzi, explique-t-il, est “un
Milanais d'extraction commune qui s'est enrichi par des spéculations en biens nationaux et en valeurs
publiques pendant la Révolution française et à l'époque du ci-devant royaume d'Italie, et qui jouit
maintenant de jolis revenus. Ses convictions politiques l'inclinent vers le libéralisme moderne.”
On ne sait quand cet exemplaire dédicacé de De l'amour, paru un an après le départ de Stendhal de Milan,
fut offert à Buzzi : peut-être lors d'un des deux brefs séjours en 1824 et 1828. Il a peut-être été tout
simplement expédié de Paris à l'époque de la publication.
Se considérant comme simple dépositaire et non propriétaire des biens milanais de l'écrivain, à la mort
de ce dernier en 1842, Luigi Buzzi prit aussitôt contact avec Mareste, afin d'organiser le retour à Paris
des manuscrits en sa possession – manuscrits désormais fixés à la Bibliothèque municipale de Grenoble,
après être passés par les mains de Mareste, Colomb, puis de Crozet. En revanche, Mareste laissa à Buzzi
toute latitude pour disperser le reste de la bibliothèque milanaise.
Les envois de Stendhal sont rarissimes et le plus souvent laconiques. Ce très simple “al Signor Luigi Buzzi”
n'en est pas moins précieux : il désigne un de ces happy few qui formaient la garde rapprochée de Stendhal
à Milan pendant la période la plus heureuse de son existence.
Il s'agit, par ailleurs, du seul exemplaire connu de De l'amour enrichi d'un envoi autographe de l'auteur.
Plaisant exemplaire, grand de marges, en reliure du temps.
Il ne comprend pas les 2 feuillets liminaires comportant un “Extrait de la préface du Voyage en Suisse,
de M. Simond”, ni le feuillet des étiquettes à la fin, destinées à être collées sur le dos des exemplaires
brochés. Petit trou à la page 55 du tome I avec atteinte à quelques lettres ; manque dans la marge de la
page 185-186 du même tome, sans atteinte au texte. Les dos sont très légèrement fanés.
Carteret II, p. 346 : “Sur le dernier feuillet du tome II faisant partie du livre on trouve la reproduction de deux étiquettes de 1822 qui sont
la copie de celles qui ont servi à la brochure du livre à cette époque. On sait que l'ouvrage parut sous couvertures muettes.”