Lot n° 53

DIDEROT, Denis. La Religieuse. Paris, chez Buisson, An cinquième de la République [1797]. In-8 de (2) ff., 411 pp. ; maroquin rouge, dos lisse orné de grands fers spéciaux dorés comprenant urne, soleil, gerbe et éventail, roulettes dorées...

Estimation : 10000 / 15000
Adjudication : 36 000 €
Description
encadrant les plats, coupes et bordures intérieures
décorées, gardes de tabis bleu, tranches dorées (reliure de l’époque).
Édition originale.
“Je ne crois pas qu’on ait jamais écrit une plus effrayante satire des couvents ” (Diderot, lettre à Meister,
27 septembre 1780).
Excellant dans les dialogues incisifs, Diderot fut l’un des maîtres du roman philosophique, l’un
des genres les plus prisés du XVIIIe siècle : ces contes agissaient à la manière d’un cheval de Troie
autorisant, sous couvert d’oeuvres d’imagination plaisantes, l’évocation des questions les plus
audacieuses ou des sujets les plus brûlants. La Religieuse, “un ouvrage que j’ai fait au courant de la
plume”, avouait-il, a été composée en deux temps et très tôt ; une première rédaction dès 1760,
revue vingt ans plus tard. Sa publication posthume sous le Directoire fut saluée comme
un événement.
Exceptionnel exemplaire en maroquin du temps, l’un des deux connus à ce jour :
il est orné d’un décor particulier “à l’éventail”, peut-être commandé par l’éditeur.
Il provient de la bibliothèque Hector De Backer (Paris, 1926, n° 1211). Sa reliure est ornée des mêmes
fers que l’exemplaire ayant appartenu à Jacques Guérin (Paris, 7 juin 1990, n° 18). Ce dernier
possédait trois livres de Diderot publiés dans les mêmes années par François Buisson : La Religieuse,
Jacques le Fataliste et Essai sur la peinture, tous reliés de manière identique en maroquin avec fers
spéciaux sur les dos. Depuis, au moins deux autres exemplaires de La Religieuse établis de la sorte
sont apparus ; un en maroquin, l’autre en veau.
Il est possible que ces reliures si caractéristiques aient été commandées par l’éditeur afin de
proposer des exemplaires “de luxe” de ses éditions ou pour les offrir à quelque grand personnage
de l’époque. Malheureusement, aucun ne présente de marque de possession contemporaine.
Imprimeur, libraire et journaliste, François Buisson (1753-1814) fut un éditeur prospère,
proche des Girondins durant la Révolution, ce qui lui valut des ennuis avec le pouvoir et même
une arrestation. En 1783, il avait lancé avec succès un périodique intitulé : Cabinet des modes.
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