Lot n° 43

ROUSSEAU, Jean-Jacques. Émile, ou De l’éducation. La Haye, Jean Néaulme, 1762. 4 volumes in-8 de (1) f. (le faux titre manque), VIII pp., (1) f., 466 pp., (3) ff. ; (2) ff., 407 pp. ; (2) ff., 384 pp. (le feuillet blanc entre les pp. 358 et 361...

Estimation : 20000 / 30000
Adjudication : 18 000 €
Description
a été supprimé par le relieur) ; (2) ff., 455 pp.:
maroquin rouge, dos lisses ornés à la grotesque, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert,
triple filet doré encadrant les plats, coupes filetées or, tranches dorées (reliure de l’époque).
Édition originale.
Elle est ornée de 5 belles figures de Eisen gravées par Le Grand, Longueil et Pasquier.
Le grand livre du monde comme précepteur.
“Je hais les livres ; ils n’apprennent qu’à parler de ce qu’on ne sait pas ” : la formule lapidaire de Rousseau,
l’une des plus couramment citées de son Émile, souligne la part la plus provocatrice de ce plan pour
une éducation idéale, de la petite enfance à l’âge adulte. Rousseau préconise une découverte du livre
tardive et restreinte. A l’âge de nature – jusqu’à 12 ans – “point d’autres livres que le monde, point
d’autre instruction que les faits”. De 12 à 15 ans, un seul livre : Robinson Crusoë.
“Son système s’oppose à la tradition : il préfère l’expérience et l’observation aux livres, prône
le travail manuel et les exercices physiques, met l’enfant au centre d’un processus éducatif qui respecte
sa personnalité et sa liberté intérieure, lui permettant de devenir l’homme accompli dont la société
a besoin. À travers cette description de la formation d’un être humain accompli, Rousseau donne
la version la plus achevée de la philosophie ; c’est l’Émile qui contient aussi la Profession de foi du vicaire
savoyard. Jugé impie et dangereux, l’ouvrage fut condamné par les autorités civiles et religieuses”
(Lumières !, BnF, nº 79).
Condamné, l’ouvrage suscita également des critiques cinglantes du clan des Philosophes.
Voltaire, de son côté, devait se montrer plus critique encore. L’exemplaire que l’auteur de Candide
a rageusement annoté, conservé à la Bibliothèque de Genève, a été récemment exposé :
Voltaire y fustige ce “misérable”, posant, en pied de la page 180 cette question : “Pourquoy professer
des sottises ? Il n’y a qu’à se taire, et ne rien professer.”
Précieux exemplaire en maroquin de l’époque.
De la bibliothèque Cortlandt F. Bishop, avec ex-libris (cat. New York, 1938, nº 1972 : le rédacteur du
catalogue fait observer que le tome I n’a pas de faux titre, ce qui est la norme).
Quelques piqûres comme toujours. Mors faibles et frottés.
Cohen-De Ricci, col. 903 : “On recherche de préférence les exemplaires de format in-8.”- Bibliothèque Bodmer, Vivant ou mort,
il les inquiètera toujours, 2012, nº 68 : pour l’exemplaire annoté par Voltaire.
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