Description
manque [la pagination saute de 29 à 32 et de 248
à 279], (2) ff. pour la table et le privilège : maroquin rouge, dos à nerfs orné, triple filet doré
encadrant les plats, armes dorées au centre, coupes et bordures intérieures décorées,
tranches dorées sur marbrures (reliure de l’époque).
Quatrième édition originale : elle contient 764 caractères, dont 351 nouveaux
et 12 qui ont reçu des développements autres.
Pas moins de neuf éditions successives des Caractères virent le jour entre 1688 et 1696, chacune
amendée et augmentée par rapport à la précédente.
Pour cette quatrième édition, parue un an à peine après l’édition originale et avantageusement
augmentée de près d’une moitié, les erreurs étaient encore nombreuses en dépit des relectures.
Pour les corriger, l’éditeur Michallet imprima des cartons, c’est-à-dire des feuillets corrigés afin
de remplacer, dans le corps du livre, les feuillets offrant un texte fautif : ces derniers étaient coupés
avec soin afin de laisser un onglet sur lequel on collait le feuillet nouvellement imprimé. Le nombre
de ces cartons varie d’un exemplaire à l’autre, “de sorte, dit Tchemerzine, que l’on peut échelonner
le tirage.” Gustave Servois, à ce jour le plus précis des bibliographes des Caractères, distinguait
six états différents.
On ne connaît pas d’exemplaires du premier état, c’est-à-dire non cartonnés : le second état renferme
neufs cartons. Six autres cartons furent ajoutés dans les états suivants : trois dans le troisième et un
dans chacun des suivants.
Le présent exemplaire est du cinquième et avant-dernier état, c’est-à-dire qu’il comporte 14 cartons.
Cependant, le feuillet Q11 semble aussi être un carton : cette particularité a été signalée pour la
première fois par Vérène de Soultrait dans son catalogue de la bibliothèque de Jean A. Bonna.
(La bibliographe a repéré ce même carton dans les deux exemplaires de la Bibliothèque nationale de
France.)
Cet exemplaire présente une autre curiosité bibliographique, qui ne paraît pas avoir été relevée :
la correction y a-t-il au lieu de y a-t’il, signalée par Servois au carton du feuillet O12, n’est pas présente,
alors que la correction “excelleroient” au lieu de “excelleront” apparaît bien au verso de ce même
feuillet, suggérant deux états différents du même carton…
Par ailleurs, des corrections manuscrites apparurent pour la première fois dans cette édition.
Elles furent “inscrites à l’encre chez l’imprimeur, permettant de corriger à moindre coût quelques
fautes” (V. de Soultrait). On en relève ici 11, ce qui est la norme.
Certains exemplaires comportent également une correction à la page 368 qui ne se trouve pas dans
cet exemplaire : elle ne se trouve pas non plus dans l’exemplaire Bonna.
Et Tchemerzine de conclure avec humour : “En admettant, et cela devait être, que La Bruyère fût
un auteur difficile, on ne peut s’empêcher de se demander si c’est lui qui n’eut pas de chance avec
Michallet, ou si c’est ce dernier qui fut malchanceux avec La Bruyère. Qui était le correcteur ?”
Rare exemplaire aux armes, celles de Jean-Baptiste Henrion.
Les armes ont été frappées au XVIIIe siècle : Jean-Baptiste Henrion fut abbé de Notre-Dame d’Ecurey
en 1741, puis vicaire général de l’ordre de Cîteaux dans la province des Trois-Évêchés en 1746.
Olivier, Hermal et Roton, qui reproduisent ces armoiries sans les attribuer sauf dans l’index de leur
Manuel, les ont repérées sur deux ouvrages : les Mémoires du marquis de Beauvau parus en 1688 et des Mélanges
d’histoire naturelle d’Alléon Dulac, publiés en 1765.
Très belle reliure de l’époque en maroquin décoré.
Le décor du dos présente un décor similaire, avec quelques fers identiques à celui de l’exemplaire
Édouard Rahir - Jean A. Bonna reproduit dans le catalogue de ce dernier : Vérène de Soultrait
l’attribue à Luc-Antoine Boyet.
Superbe exemplaire de la bibliothèque Jacques Guérin, sans doute le plus raffiné des bibliophiles
du XXe siècle (catalogue 1984, n° 33).
En français dans le texte, Paris, 1990, nº 124, notice de Thierry Bodin “La Bruyère a surtout admirablement observé les caractères et
les moeurs de son siècle, et c’est dans l’art du portrait qu’il excelle. L’humour, la finesse, le burlesque ou la satire, voire parfois une indulgence
amusée, sont mis au service d’un oeil d’une étonnante perspicacité qui annonce Saint-Simon.”- Tchemerzine-Scheler, III, p. 798-799 : “Tous
les exemplaires connus de cette édition sont cartonnés.”- Servois in OEuvres de La Bruyère, 1922, IV, pp. 29-31, nº 4 : pour une description
minutieuse des cartons.- Soultrait, Six siècles de littérature française (catalogue de la bibliothèque de Jean A. Bonna), XVIIe siècle, I, nº 120,
avec reproduction de la reliure attribuée à Boyet.