Description
; le second en veau jaspé, dos à
nerfs orné, tranches rouges (reliures du XVIIIe siècle).
Exceptionnelle collection de dix-sept oraisons funèbres du Grand Siècle, dont la
réunion complète des six oraisons de Bossuet, les seules parues de son vivant.
Sommets de l’art oratoire, ces oraisons ont toutes paru au format in-quarto : elles constituent
les chefs-d’oeuvre du classicisme. Si la figure de Bossuet domine, elle ne doit pas faire oublier les
Fléchier, Ménestrier ou Mascaron qui eurent, à l’époque, un succès comparable dont témoigne
la réflexion fameuse de Mme de Sévigné à sa fille : dans une lettre du 11 janvier 1690 elle lui dit,
en effet, relire “toutes les belles oraisons funèbres de Monsieur de Meaux [Bossuet], de M. l’abbé
Fléchier, de M. Mascaron, de Bourdaloue. Nous repleurons M. de Turenne, Mme de Montausier,
Monsieur le Prince, feu Madame, la reine d’Angleterre. (...) Ce sont des chefs-d’oeuvre d’éloquence
qui charment l’esprit. Il ne faut point dire : Oh ! cela est vieux . Non, cela n’est point vieux ;
cela est divin.”
L’Aigle de Meaux, prédicateur favori du siècle de Louis XIV.
Évêque de Condom puis de Meaux, Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704), écrivain et polémiste, a
composé sa première oraison funèbre à 28 ans. Il en fit dix mais n'accepta d'en publier de son vivant
que les six dernières consacrées à de grands personnages. Bien qu'il ne goûtait pas le genre, l'estimant
“peu utile”, son renom littéraire reposa presque exclusivement jusqu'à la fin du XVIIIe siècle sur ces
chefs-d'oeuvre.
Les six éditions originales au format in-quarto, parues entre 1669 et 1687, comptent au nombre des
pièces les plus prisées du Grand Siècle ; singulièrement la première célébrant Henriette-Marie de
France. Non seulement elle est une des premières éditions les plus rares du XVIIe siècle, mais elle ne
se trouve quasiment jamais en reliure ancienne. En 1689, Bossuet devait publier un recueil de ces six
oraisons.
Les autres pièces réparties dans les deux volumes sont, pour l’essentiel, des oraisons funèbres de
Fléchier, Fromentières, Mascaron, etc.
Le premier volume, renfermant dix oraisons funèbres et deux Remonstrances au clergé de France, a été
relié au XVIIIe siècle pour le duc d’Orléans, avec ses armes dorées sur les plats. Il appartint ensuite
au baron Anatole de Claye et à Lord Rosebery ; ce dernier lui adjoignit un second volume, également
relié au XVIIIe siècle et renfermant cinq oraisons funèbres, afin de former une collection complète
des six Oraisons funèbres de Bossuet. Les reliures ne sont pas uniformes.
Liste des pièces contenues dans le premier volume :
• BOSSUET. Oraison funèbre de Henriette Marie de F rance, Reine de la Grande Bretagne prononcée le 16.
Novembre 1669. Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1669.
Rare exemplaire de première émission, avec page de titre datée de 1669.
“La plupart des exemplaires portent la date de 1670. Ce fait s’explique en ce que l’impression ayant
été faite dans les derniers jours de l’année, on refit simplement un titre au mois de janvier pour les
exemplaires non vendus” (Le Petit).
• BOSSUET. Oraison funèbre de Henriette Anne d’Angleterre, duchesse d’Orléans.
Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1670.
Oraison fameuse : “Ô nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre,
cette étonnante nouvelle, Madame se meurt, Madame est morte !”
(Le Petit, p. 404 : “Une des oraisons les plus recherchées de Bossuet.”)
• FLÉCHIER. Oraison funèbre de très-haut et très puissant P rince Henri de La Tour d’Auvergne, Vicomte de Turenne.
Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1676.
Légèrement rogné avec atteinte à quelques lettres.
• FLÉCHIER. Oraison funèbre de Madame Marie de W ignerod duchesse d’Aiguillon.
Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1675.
• MASCARON. Oraison funèbre de très-haut et très puissant P rince Henri de La Tour d’Auvergne, Vicomte de Turenne.
Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1676.
• FROMENTIÈRES. Oraison funèbre d’Anne d’Autriche Infante d’Espagne, Reine de France et Mère du Roi.
Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1666.
• MENESTRIER, Claude-François. Oraison funèbre de très-haut et très puissant P rince Henri de La Tour
d’Auvergne, Vicomte de Turenne. Paris, Estienne Michalet, 1676.
• BAUYN. Oraison funèbre de très-haut et très puissant P rince Henri de La Tour d’Auvergne, Vicomte de Turenne.
Paris, Claude Barbin, 1676.
• Oraison funèbre de Madame Marie Marguerite de Coligny d’ Andelot, comtesse de Hombourg.
Paris, M. Le Prest, 1672.
• GRIGNAN, Jean-Baptiste Adhémar de Monteil de. Remonstrance au clergé de France faite au Roy.
Paris, Frédéric Léonard, 1675.
• CLERMONT, François de. Remonstrance au clergé de France faite au Roy.
Paris, Frédéric Léonard, 1675.
• LE MOYNE, Pierre. Le Sainct Aumosnier. Discours panégyrique et moral des vertus de feu Monseigneur le cardinal
de La Rochefoucauld. Paris, Sébastien Cramoisy, 1645.
Liste des pièces contenues dans le second volume :
• BOSSUET. Oraison funèbre de Marie-Thérèse d’Austriche, Infante d’Espagne, Reine de France et de Navarre.
Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1683.
“Dans cette oraison funèbre, Bossuet a poussé le sentiment religieux jusqu’à un mysticisme
grandiose” (Le Petit, p. 408).
• BOSSUET. Oraison de très-haute et très puissante P rincesse Anne de Gonzague de Clèves, P rincesse Palatine.
Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1685.
• BOSSUET. Oraison funèbre de très-haut et puissant seigneur Messire Michel Le T ellier, chevalier, Chancelier de
France. Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1686.
Titre légèrement rogné. • BOSSUET. Oraison funèbre de très-haut et très puissant P rince Louis de Bourbon, Prince de Condé,
Premier Prince du Sang. Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1687.
Oraison fameuse : “Elle est fort belle et de la main de maître”, jugeait Mme de Sévigné.
(Le Petit, p. 414 : “Voilà incontestablement l’un des plus admirables morceaux oratoires de Bossuet.”)
• BEAUVILLIERS SAINT-AIGNAN, François Antoine Honorat de. Oraison de la très haute et très excellente
Princesse Marie-Clémentine Sobieski, reine de la Grande-Bretagne, d’Écosse et d’Irlande.
Dijon, de Fay, 1737.
Provenance :
- Tome I : Louis-Philippe, duc d’Orléans (1725-1785), père de Philippe-Égalité, avec ses armes dorées sur
les plats.- Collège des Barnabites de Montargis, offert comme livre de prix par le préfet dom Augustin
Laroque le 23 août 1762 à Ludovic Pillé, avec chiffre dans les angles des plats.- Baron Anatole de Claye
(1851-1903), avec ex-libris (cat. 1904, n° 34, acquis par Édouard Rahir) - Archibald Primrose, comte de
Rosebery, avec ex-libris.
- Tome II : bibliothèque des O’Sullivan de Terdeck, avec ex-libris et devise.- Archibald Primrose, comte de Rosebery,
avec ex-libris.
Tchemerzine-Scheler, I, pp. 836, 837, 849-851 & 858.- Le Petit, pp. 402, 404, 408 & 440.