Lot n° 254

Michel Guillaume SAINT JEAN de CRÈVECŒUR dit J. Hector SAINT JOHN (1735-1813) voyageur et agronome. Letters from an American Farmer ; describing certain provincial situations, manners, and customs, not generally known ; and conveying some idea of...

Estimation : 2000 / 2500
Adjudication : Invendu
Description
the late and present interior circumstances of the British Colonies in North America. Written for the information of a friend in England by J. Hector St. John, A Farmer in Pennsylvania (London, Thomas Davies and Lockyer Davis, 1782); in-8 de [8 ff.]-318 pp.-[1 f.]; reliure de l’époque en basane fauve, dos à nerfs orné de filets dorés, tranches lisses (reliure usagée, 1er plat détaché). Édition originale du premier ouvrage de l’auteur, son exemplaire personnel avec des corrections autographes. Les Letters from an American Farmer sont l’un des grands classiques de la littérature américaine ; elles sont dédiées à l’abbé Raynal à qui Crèvecœur rend hommage d’avoir plaidé la cause de l’humanité en épousant celle des Américains pauvres, d’avoir vu sous leur véritable jour ces provinces du nord de l’Amérique comme l’asile de la Liberté, comme le berceau des nations futures et le refuge des Européens en détresse. Devenu Américain, et refusant de s’élever au-dessus de l’humble rang des fermiers, l’auteur a volontairement anglicisé son nom en J. St. John. Né à Rouen en 1735, Crèvecœur a émigré de bonne heure en Amérique du Nord. Lieutenant dans les armées de Montcalm au Canada de 1754 à 1759 et naturalisé citoyen américain en 1765, il parcourut dans les années soixante la plupart des colonies britanniques américaines. En 1769, marié depuis peu, il acheta une ferme, Pine-Hill, dans le comté d’Orange de l’État de New York, puis vers 1780 s’embarqua pour la France, époque à laquelle il écrivit probablement cet ouvrage. Aussitôt après la guerre d’Indépendance américaine, Crèvecœur, qui était resté longtemps sans nouvelles de sa famille, retourna aux États-Unis pour y découvrir que sa ferme avait été brûlée, sa femme tuée dans un assaut des Indiens et que ses trois enfants avaient disparu, ceux-ci devant être retrouvés plus tard. Crèvecœur devint alors consul de France pour les États de New York, du New Jersey et du Connecticut. On lui doit de nombreuses améliorations de l’agriculture et de la botanique, où il introduisit des semences nouvelles, et la création du premier service de bateau à vapeur entre la France et l’Amérique. Il correspondit avec Washington et Jefferson, qui fut témoin au mariage de sa fille, et connut Benjamin Franklin. En 1790, il quitta l’Amérique. Dans les 15 lettres contenues dans ce volume, dont douze écrites à un ami imaginaire, Crèvecœur traite de la partie la plus heureuse de sa vie en Amérique, les armées 1769 à 1775, où il se maria et s’installa dans sa ferme de Pine-Hill. Il parle aussi d’agriculture, de Nantucket, de Martha’s Vineyard, de la pêche à la baleine, du botaniste John Bartram, etc. Le succès de l’ouvrage en Angleterre et en Europe attira nombre de ses lecteurs vers Amérique. Exemplaire destiné par l’auteur à Benjamin Franklin. La dédicace autographe en haut du faux-titre : « Presented to the Honble Benjamin Franklin Esq. », a été rayée mais reste lisible. L’auteur a apporté de nombreuses corrections autographes sur l’exemplaire. Celles-ci sont significatives de la transformation de la nation : ainsi p. 10, les deux derniers mots de la phrase « which is the principal characteristic of these colonies », ont été barrés et remplacés par « the Ameriquans » ; p. 13, la mention de « Yale college » est complétée par l’addition : « in New Haven State of Connecticut » ; p. 51, la citation latine indiquant Ubi panis ibi patria a été complétée par et libertas ; de façon plus significative, p. 53, le premier mot de « British America » est rayé d’un trait de plume énergique pour ne laisser que « America ». Le même genre de corrections insistant sur la spécificité de la nation américaine se retrouve aux pages 68 et 69… Le faux-titre et le feuillet de garde final portent chacun le cachet à l’encre bleu-vert de l’ex-libris armorié de Saint John de Crèvecœur ; et au verso de la première garde, on lit cette inscription au crayon, apparemment des années 1920 : « Cet exemplaire appartenait à l’auteur et a été conservé dans sa famille », et, de la même écriture, sous la dédicace à Franklin : « de la main de Crèvecœur ». L’exemplaire ne contient pas les deux cartes dépliantes que l’on trouve habituellement.
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