Lot n° 188

Albert PARAZ (1899-1957). 31 lettres, la plupart L.A.S. (13 L.S. dont 9 en partie autographes), Vence, Paris et Nice 1953-1957, à Nicolas Kousnetzoff (que Paraz surnomme « Popoff ») ; 41 pages formats divers (3 cartes postales avec adresses au...

Estimation : 800 / 1000
Adjudication : 700 €
Description
dos). Importante correspondance avec un jeune admirateur (1932-1993), qui l’aidera pour son roman Villa Grand Siècle, le renseignant sur la Russie. Nous n’en donnons qu’un rapide aperçu. 1953. 18 avril. « Si comme vous me le dites vous n’avez que 20 ans, votre maturité est un peu inquiétante. J’ai eu la chance, tout en étant très doué, étant jeune d’avoir fait des études scientifiques qui réussissent à vous éloigner complètement de tous les problèmes littéraires, artistiques et politiques. Je n’ai commencé à lire qu’à 26 ans. Ce n’est pas une si mauvaise formation »... Il parle des Russes, « inassimilables » (comme Serge Lifar ou Elsa Triolet), et envisage de placer en Russie une suite à son roman policier Une Fille du tonnerre. « Il y a un contraste entre le monstrueux Staline, démon ubiquiste, et le charme slave des successeurs qui est assez coquinasse à exploiter ». 30 mai. En plein service de presse de L’Adorable Métisse, il propose à « Popoff » de collaborer à la suite d’Une Fille du tonnerre : « Gorin irait en Russie. Ce serait dans le même style »... 3 juin : « je voudrais que vous m’aidiez à envoyer Gorin en Russie, [...] j’envoie d’abord Gorin au Pentagone faire voir les photos. Thème, esprit : l’espionnage n’a jamais servi à rien »... 10 juillet. « En effet, avec tous ces trucs, mon Gorin risque de se lancer dans des combines périmées. Je voudrais simplement pour ne pas trop me tromper, l’envoyer apprendre le russe chez vos potes »... On va rééditer Le Roi tout nu (1942), « livre où je parlais de ce que j’ai vu en Allemagne, il y a longtemps. Profitez-en pour bien regarder. Dans 20 ans, ça vous reviendra »... 28 juillet. « J’ai lu votre truc, je pense que cela peut fournir un cadre intéressant. Gorin irait là-dedans comme professeur de français et apprendrai le Russe. Entre temps, il lui arriverait des histoires, menaces et périls. Il ira au Pentagone montrer les films simplement pour faire bander les généraux américains [...] puis de là filera en Russie, il aura un but précis, soit Moscou, soit ailleurs, il devra retrouver la trace des évadés et là sera entortillé dans un filet inextricable de gars, enculés et gouines, qui jouent le triple jeu »... 8 août. « Les villes dont vous me parlez me semblent excellentes. Pouvez-vous m’en donner une description. Comment vivent les gens ? De quoi parlent-ils ? […] avec les détails, on peut tout transposer »... 25 septembre. Remarques sur L’Adorable Métisse et son préfacier, le maréchal Juin : « Il vient encore de m’écrire [...] qu’il ne fallait pas l’embêter avec des choses qui n’étaient pas très pressées et surtout pas exactement de son ressort »... 15 octobre. France-Soir lui fait un procès « pour l’avoir appelé torche-cul » ; il faut qu’il remette le manuscrit de la Fille II [Pétrouchka] avant la fin du mois. « J’ai envoyé Gorin chez les Russes blancs, mon nègre l’a je ne sais pourquoi, collé à l’école Ivan le Terrible à Versailles »... Il retrace la suite de l’intrigue, rappelant « qu’il y a eu changement depuis la mort de Staline, que par peur les successeurs détruisent le mythe de l’infaillibilité. Qu’il y a nouvelles aristocraties point de départ d’une agonie du communisme russe ». Il demande « un topo sur des leçons de russe spéciales qui seraient données en douce par le moins tout-fou de la bande, pour que Gorin et une pépée terrible ne soient pas repérés tout de suite comme parlant le russe du XVIIIe siècle, ça, ce serait marrant »... 19 octobre. « Votre idée de créer un faux mouvement de russes blancs est tout à fait intéressant »... 23 octobre. « Ce que vous m’avez écrit est très bon. [...] je collerai vos deux pages intégralement dans le texte » : ça s’arrange bien, « encore que j’aie escamoté le passage de la frontière »... 30 octobre. Il demande « des expressions drôles à me traduire ? »... 3 novembre. Il manque des jurons russes, « au courant de la plume, comme rat visqueux, occidental gluant [...]. Et aussi une engueulade courante J’encule ton grand’père, il doit bien exister quelque chose comme ça. [...] Que ta grand’mère se fasse mettre par douze cosaques »... [10 novembre]. L’éditeur a choisi le titre de Pétrouchka, et déjà tiré les couvertures... 1954. Janvier-février, Paraz commente les premières réactions à Pétrouchka ; selon le succès, « on verra si il y a lieu de publier encore quelque chose sur la Russie »... 5 novembre. « Si vous croyez que dans le Menuet il n’y a pas de trou du c. vous serez déçu. J’y fous au contraire tous les c. et les b. que je n’ai pas pu placer dans Sainte Marie de la Foret qui, elle, est à montrer aux bonnes sœurs »... 1955. 14 janvier. Il envisage une suite à Pétrouchka ; « les gens de Rivarol ont l’air de vouloir se débarrasser de moi. Il faudrait que les amis qui protestent soient plus nombreux que les ennemis qui font semblant d’être de vrais lecteurs » ... 6 février. Préparation de Villa grand siècle : il prénomme Mila « ma bonne femme », et évoque divers épisodes : des machines à cartes perforées pour les renseignements, les « missionnaires expliquant Dieu à des noirs »... 6 mai. Conseils pour le séjour de Popoff à Madagascar... 23 septembre. Autres conseils érotiques sur les femmes malgaches… 26 novembre. « Je trouve tout à fait charmant de votre part de m’avouer avec cette ingénuité que vous êtes puceau. Avec les Russes, il faut s’attendre à tout »... 1956. 29 décembre. Il réclame des nouvelles de Madagascar, et son opinion de l’URSS. « Peut-on croire que cela va craquer ? Vous ne m’aviez pas mal renseigné pour Pétrouchka. J’écrirais volontiers si j’avais un éditeur. Mais Martel a sauté et j’ai 3 manuscrits chez 3 éditeurs »... 1957. 22 janvier. Il utilise ses renseignements, mais demande des précisions sur Khrouchtchev : « Je suppose qu’il ne doit pas y avoir besef de Russes même à Kouibichef qui se fassent des illusions sur Staline »... Offres de service et suggestions pour que Popoff « commence à écrire »... 5 mars. « Je me suis fait engueuler par Europe Magazine qui trouve que mes documents ne valent rien [...] Je lui réponds que mes Russes n’ont peut-être pas l’idée de lire ce qui est publié en français et que je vais leur suggérer de le faire »... 28 mars. « J’ai fait un article pour E.M. avec les éléments que vous me donnez. [...]. Je leur raconte qu’en cas de changement de régime il n’y en aura pas un qui avouera avoir été stalinien, pas plus qu’il y a un hitlérien en Allemagne »... 12 mars. Questions sur la réception des radios en URSS ; comparé à la Pologne, il a presque l’impression « qu’on est plus libre à Moscou »... 19 mai. « Avez-vous des renseignements sur cette Union des Métis qui s’est tenue à Brazzaville puis à Dakar ? [...] personne n’en parle. Finalement on s’aperçoit que la masse des noirs est très peu touchée par quelque mouvement que ce soit, si ce n’est dans l’ensemble, par le progressisme, le nationalisme vague, tout ça inspiré du communisme, non ? »... Etc. On joint une l.a.s. de son infirmière, secrétaire et gouvernante Kaethe von Porada, et 2 de sa dernière compagne Janine Bimont, au même.
Partager