Lot n° 172

Octave MIRBEAU (1848-1917). 8 L.A.S., 1884-1895 et s.d., à Paul Hervieu ; 12 pages in-8, qqs en-têtes et enveloppes. [Audierne 2 mai 1884] (en-tête Les Grimaces). Bilan de sa retraite pour se remettre de sa passion pour Judith Vimmer :...

Estimation : 800 / 1000
Adjudication : 900 €
Description
« ma dernière crise aura été bonne, je crois. Je n’éprouve plus au souvenir de Judith, que la tristesse que vous donnent les spectacles de la dégradation humaine ; et je n’ai plus, pour la pauvre femme, ni colère ni haine »... Il a l’ambition et la certitude de revenir « avec un livre », et son ami ne le reconnaîtra plus « sous le hâle de ma peau, et le bronze de mon âme »... [Auray 15 novembre 1887]. Il est « désespéré » de l’article qu’il a envoyé à Magnard pour Le Figaro : « Jamais je n’en fis un si mauvais, si obscur et si inutile. [...]. Je rate toujours un premier article, comme autrefois, je ratais une femme désirée, au premier rendez-vous d’amour »... Il a mis trois jours à l’écrire, mais espère que Magnard le refusera... « Que dites-vous de Mensonges [de Bourget, en cours de publication dans Le Figaro] ? Je trouve cela très bien. [...] Et j’ai eu en le lisant, une grande mélancolie, car je pensais à mon pauvre Calvaire, et j’en avais un horrible dégout »... [Vers le 25 juin 1888]. Il est plein de remords pour son article qui devait être une chose capitale pour Hervieu, mais qui a été contrarié par Magnard, en sorte qu’il y parle aussi de Mendès... Raillerie sur le « petit Lavedan », puis sur Maupassant (et ses ascensions à bord du Horla) : « Quand il monte en ballon, on est sûr qu’il y a un livre au bout de la nacelle. Il me dégoûte vraiment ! Et Heredia qui va voir ça »... Carrières [3 janvier 1895]. Il félicite Hervieu sur la « triomphante marche, vers les hauteurs » de L’Armature [en cours de publication dans la Revue des Deux Mondes]. « La conquête, à mains armées, de Mde d’Exireuil par ce formidable baron Saffre, est d’un tragique sublime et poignant. Vous avez fixé, en traits magistraux, le portrait moral de ce personnage [...] j’ai été pris aux entrailles, conquis dans mon esprit dans mon cœur, séduit, ravi par toutes les observations uniques que prodigue votre intelligence, remué par toutes les peintures d’un art si personnel, si merveilleusement visionnaire, et qui donne aux décors de modernité un aspect de beauté éternelle »... [Printemps 1895 ?], rappel de leur dîner mardi soir, « avec Meyer, Joubert et Dumontvallier qui vous hypnotisera, pour peu que vous lui demandiez. À part ça, c’est le plus charmant homme de la terre, et qui est fou »... S.d. Récit des souffrances de sa femme Alice ; il craint que ce ne soit la goutte, et il rapporte les propos du Dr Robin qui condamne l’abus de la bicyclette : « les 60 et les 80 kilomètres que j’ai faits avec Alice, ont pu déterminer un état maladif ». Il a baptisé un de ses plus beaux dahlias du nom d’Hervieu, et un autre, « fort extraordinaire qui était sans sexe », Jacques-Émile Blanche... Les Damps : il se réjouit de le retrouver samedi et ira le chercher à la gare... – Acceptation d’une invitation.
Partager