Lot n° 144

Joris-Karl HUYSMANS (1848-1907). L.A.S., 27 juin 1887, à Gustave Guiches ; 4 pages in-8 (petites fentes aux plis réparées, et légères rousseurs). Très belle lettre à propos du deuxième roman de Gustave Guiches (1860-1935), L’Ennemi,...

Estimation : 500 / 700
Adjudication : Invendu
Description
mœurs de province (1887). Il a commencé L’Ennemi dimanche et il l’a terrassé ce lundi soir. « C’est un livre de pas à pas, d’observations accumulées, de seuil d’âme, par conséquent un livre qui bourdonne dans le crâne quand on le ferme. Mais ce qui sort de plus clair, de plus net de tout cela, c’est une bonne et belle série de trouvailles d’artiste. Je suis vraiment très content, et très requis par le style, fermement pioché et pavé des térébrantes expressions qui vous fripent la moelle – les croisades de recouvrement – les honnêtetés minérales – les ombres qui parquètent de losanges de soleil – les en crever par la gueule – puis un tas d’autres dont le souvenir m’échappe devant le papier. Vos paysages sont odorants – et faisandés à point, comme de terrestres venaisons et de célestes gibiers. L’un des premiers – les vignobles pourris, damassés d’ulcères sont de terrifiante allure »... Il admire aussi la « ritournelle de désolation » du phylloxera, et le ton général : « la célébration artiste de la mitoyenne imbécillité et de l’ordinaire ordure d’âme des personnages. Un vrai son d’argent ignoble sonne là-dedans, comme un glas. Ils sont tous cochons, enfin !! »... La seule partie du livre qui le « jugule » moins, c’est celle d’Alfred, mais ses types secondaires sont enlevés en quelques traits. « Au reste, je vais reprendre, lentement, maintenant le livre – et déguster les petits verres – la bonne liqueur cruelle de la vraie vie, sans espoir, et sordide et bête »...
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