Lot n° 122
Sélection Bibliorare

Jacques CHARDONNE. 80 L.A.S. (une dizaine non signées, et une dizaine incomplètes), 1928-1962, à Maurice Delamain (7 à des proches) ; environ 195 pages la plupart in-4 ou in-8, nombreux en-têtes Librairie Stock ou Éditions Stock. Importante...

Estimation : 5000 / 6000
Adjudication : 4 200 €
Description
et très intéressante correspondance littéraire et politique avec son ami et associé Maurice Delamain, copropriétaire de la Librairie Stock, et beau-frère de la sœur de Chardonne, Germaine Boutelleau (épouse de l’ornithologue Jacques Delamain) ; quelques lettres sont signées de son vrai nom Jacques Boutelleau, la plupart de ses initiales « J. B. ». La grande majorité des lettres datent des années 1938-1945, et témoignent des prodromes de la guerre, de « la drôle de guerre » et des réalités de l’Occupation : la censure, les soucis de fourniture de papier, les rapports avec Gerhard Heller et ses collaborateurs Karl-Heinz Bremer, Karl Epting et Eduard Wintermayer, d’incessantes rumeurs d’événements politiques et militaires... Chardonne, qui rapporte ici quelques propos d’Allemands, ne cache pas son admiration pour « l’homme nouveau » qu’il voit dans les S.S. Cette correspondance comporte aussi de nombreuses appréciations littéraires, et des précisions sur l’activité de la maison Stock, Delamain et Boutelleau : états des ventes de livres, capitaux, investissements et opérations spéculatives, tirages et publicité, éventualité d’une expatriation ou d’une fusion sociale pendant la guerre, puis dans les années 50, de fréquentes allusions aux difficultés et aux mutations de la profession qui imposent, en 1961, que la maison passe sous l’autorité du groupe Hachette. Nous ne pouvons en donner ici qu’un rapide aperçu. 1938. 7 février. Projets, dont « un volume du journal intime de Tosltoi » et Sinclair Lewis ; refonte de la publicité ; réorganisation du secrétariat…11 août. Conversation avec un éditeur américain sur les bons auteurs (Willa Cather, Robert Nathan, Louis Bromfield) ; interrogation pour les vacances : « La Charente est peu tonique, mais reposante »… Mercredi matin [septembre]. Vente constante et retirage corrigé de La Couronne de Sigrid Undset, avant le 3e volume, « le principal titre je crois de notre catalogue (presque l’égal de Guerre et Paix) dont le public raffole » ; lancement des Visions d’Henri Fauconnier, dont la fin, « brève vision apocalyptique de la dernière guerre et des futures, rejoignant le prélude et pénétrant le tout, lui donne de l’unité. C’est magistral. Un gros succès sûrement en perspective »... Samedi [septembre ?]. Sur le nouveau roman de Raymonde Vincent, Blanche, que va publier Marcel Thiébaut dans la Revue de Paris : « une grosse vente est assurée chez nous. Nous sommes là, comme avec Campagne, dans un domaine extra littéraire, magique ». Il est transporté à la lecture de La Cité libre de Walter Lippmann, « en faveur du libéralisme pur », et recommande l’Histoire des idées au XIXe siècle de Bertrand Russell... Mardi [septembre]. Correction des épreuves de Visions ; inquiétudes sur le prochain Vicki Baum. Question de stratégie littéraire : « Nous avions pensé créer une branche de romans faciles, populaires, à forte intrigue. […] Mais je constate ceci : la grande branche de notre maison, c’est le “beau” roman. Il rend notre maison prospère : 20 mille parfois ; 10 mille souvent » ; cette nouvelle collection risque « d’altérer notre firme et de dérouter notre public »… Mardi [octobre]. Stratégie pour le lancement de Sylvie Velsey de Cilette Ofaire, et son envoi aux dames du Fémina. 3 octobre. « La guerre est loin ». Il demande de rapatrier les fonds de Jarnac pour acheter des Suez, « car le franc va faire des siennes »… Mercredi. Interrogations sur l’emploi des liquidités… Lecture d’un article « sur les forces russes, [...] le secours slovaque est mince. Donc la guerre serait navrante »... Jeudi. Les prétentions d’Hitler sont à peu près conformes aux premières décisions : « Se battre pour cela eût été folie. Je constate que nous sommes trompés, que les interprétations données avant les textes étaient tendancieuses. Tout cela me semble louche à présent. On doit beaucoup à la délégation Flandin, Frot, Bergery. Même sans la réunion de Munich, je suis bien persuadé maintenant que la Chambre n’aurait pas marché »... Mercredi. Il faut que Germaine donne rapidement le manuscrit de Virginia Woolf, « nécessaire pour soutenir notre dernier trimestre »... Mardi [début octobre], après les accords de Munich : « Il faut s’habituer à la guerre, apprendre à y vivre comme nos ayeux. Je suis partagé “entre un lâche soulagement et la honte”. Soulagement précaire. Nous verrons des guerres “localisées” comme en Espagne dans l’Europe centrale, et puis d’autres »... Il n’est plus temps d’ouvrir à Hitler des horizons économiques et « l’arracher à la vie économique anormale où on l’a enfoncé à partir de 1918 »... Mardi. Le danger est passé : Wilson aurait rapporté « une note conciliante d’Hitler, où il demande que des troupes anglaises entrent avec les Allemands (ou assistent aux opérations). Vrai ou faux, peu importe [...] une guerre est maintenant à peu près inconcevable »... 1939. 8 janvier. Propos sévères de Pierre Chardon sur l’Action Française et Maurras ; envoi des Enfants terribles de Cocteau (« succès énorme »), recommandation de la Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix de Giono (« genre pacifiste ») et de L’Équinoxe de septembre de Montherlant (« genre belliste »)... Vendredi, projet de livre sur Bergson… Mardi. Consultation avec La Rosa et Guerhardt, sur les mesures à prendre en cas d’évacuation de Paris ; il faut « s’assurer un trésor liquide, dès maintenant », et évacuer les archives à Jarnac... 5 heures [vers le 15 mars?]. Bruits d’Allemagne « qu’ils veulent déferler sur la Tcheco et que rien ne les empêchera » ; démenti : « Hitler a reçu Poncet, démenti la mobilisation et l’ultimatum ; ils entreront mais calmement. Je pense encore : ils entreront, et personne ne bougera »... – « Si Staline ne bouge plus, ce sera clair ; nous aurons un long répit. On aura la clef de sa politique : faire bouillir l’Amérique jusqu’à ce qu’elle se consume sur place, sans s’exposer. Devant ce plan diabolique, assez russe, un seul espoir : c’est que l’Amérique puisse s’adapter à un régime “militariste” (allant jusqu’au contrôle de l’industrie) sans devenir épileptique. Dans mon for intérieur [...] je ne crois pas à la guerre »... 1940. 8 juin. Il va se rendre à Machecoul, avec la crainte de se trouver sans bibliothèque. « La soif de livres en France (presque morbide) est une fièvre qui va durer. Reste à trouver du papier. Tout est là. – Le Fleuve étincelant [de Charles Morgan] est un grand succès »... 28 juin. Portrait d’Hitler par François-Poncet, dans le Figaro : « Il ne manque que quelques traits (le charme, la bonté). C’est cela qui achève le côté diabolique. Évidemment tout cela était une affaire de sorcellerie. Le Romantisme est sorcellerie. [...] Paul Morand, Maurois, Léon Bérard, à la dérive. Curieux, ces gens d’extrême bon sens, de mesure, de prudence (comme J. Renaud) culbutés par les événements, comme des étourdis »... – Projet avec Plon d’une société d’exploitation en Afrique du Nord. – Exode : « J’ai croisé plusieurs convois de blessés très réconfortants […] il semble bien que notre artillerie dévaste l’ennemi »… 1941-1942. 19-22 août. Éclaircissements sur le fonctionnement de la censure, avec allusion à une « bévue » de Wintermayer, « qui ne connaît rien à la littérature », à l’encontre de Valéry, Fargue et Montherlant. « Les “attentats” continuent, assez fréquents. Notamment une grenade jetée au milieu d’un groupe de soldats à l’exercice. Arland a été réquisitionné pour une battue dans la forêt de Fontainebleau. [...] Il n’y a pas encore de punitions pour la population. La volonté d’être patients est certaine ». Précisions sur le succès des « engagements pour la relève », et échos de source allemande, de la faveur donnée aux volontaires russes, l’ouvrier russe étant « l’ouvrier modèle », une « inépuisable machine humaine »... Saint-Honoré-les-Bains 8 juillet. « On s’aperçoit que l’opinion public, c’est zéro. Il y a ce que l’on "pense" et ce qui se fait. La “collaboration” se fait vertigineusement. C’est même de l’osmose, et dans les deux sens »... Il a lu une lettre de prisonnier de guerre, « dans des dispositions d’entente l’an passé. – à présent c’est un réquisitoire. [...] On reconnaît tout l’attirail de la propagande anglophile »... Vive recommandation du Journal de la France de Fabre-Luce... 17-19 juillet. Propos d’un industriel concernant la proposition d’échange d’ouvriers français contre des prisonniers de guerre : « Il dit que “les patrons” se gardent bien d’aider Laval. Ils pensent à sauver la France, à leur idée. [...] Les industriels se procurent des matières premières bien au-delà du contingent. – L’entente est parfaite entre ouvriers communistes et patrons anglophiles. – On ne veut pas gâter cette lune de miel. Laval s’est douté du coup. Il va faire fermer une partie des usines. Il faut toujours en venir à la contrainte »... Réflexions sur les éditeurs dans les deux zones, et sur la politique littéraire de l’occupant... La Frette 4 août. « Je m’aperçois que dans les genres les plus divers les allemands ont un talent fou. Mais il n’ont pas fait le tri chez eux »... Il a relevé à Saint-Honoré le « ton général collaborationniste que prend le pays. L’Église se tient sur la réserve, mais le sens de son action est net. Si Pétain faisait un plébiscite sur son nom, on serait surpris. Ce débarquement attendu en vain a beaucoup vexé, notamment les Bretons. On n’a plus guère d’espoir »... 6 septembre. Selon Saint-Exupéry, l’Amérique nous hait : « elle bombardera l’Europe avec volupté ; et supprimera les villes de France comme le reste. Personne ne doute que dans un an ou deux elle n’aura une grande, peut-être une gigantesque aviation. Nul doute que New-York ne soit juif ; c’est tout dire. Mais il lui faut l’Angleterre comme porte-avion. – Si l’Amérique peut détruire toutes les villes d’Europe, l’Allemagne peut encore plus vite et plus facilement raser l’Angleterre, quand elle disposera d’énormes forces libérées par la conquête du Caucase et du proche Orient ; et ceci dans quelques mois »... L’Amérique ne se retirera pas du conflit : « Il y a les juifs il y a le Japon, il y a sa nécessité interne de transformation qui ne peut s’opérer que par la préparation à la guerre et la guerre ; il y a sa puérilité. Je la vois en guerre dix ans et plus »... Et de déployer sa vision d’une Allemagne industrielle allant du Rhin à la Volga, « inébranlable » et victorieuse... « Excellent discours de Ribbentrop »... La Frette 27 septembre. Rumeurs de crise à Vichy : « Le groupe des jeunes et des purs (Bonnard, Benoist-Méchin, Marion) de forte teinte fasciste, ne veulent plus de Laval, et se prétendent sûrs de l’emporter. [...] Les Allemands regardent, et soutiennent Laval dont ils ne sont pas mécontents. “C’est des choses intérieures, toutes françaises” me disait tristement Hel[ler]. [...] Si dans tout cela, Pétain conserve sa tête, elle est solide »... Annonce de son départ au congrès d’écrivains à Weimar, avec Pierre Benoit, Giono, Drieu La Rochelle et Montherlant... Écho d’une demande d’armistice des Russes, et du refus de l’Allemagne de traiter avec Staline... Jeudi [novembre ?]. « Un espoir m’est venu du côté de l’Amérique, c’est qu’ils s’effondrent financièrement. Il y a eu un cri d’alarme de Roosevelt hier. Il est certain que le système monétaire ancien ne permet pas de tenir comme le système allemand. [...] Ne pensons plus à la censure, pour quelque temps. C’est-à-dire ne présentons rien (sauf les impressions dans l’autre zone) »... 1943. Mercredi [avril ?]. Les rumeurs d’un débarquement augmentent la nervosité ambiante et la fréquence des attentats. « Martin du Gard me disait hier que Benjamin Crémieux venait d’être arrêté à Toulouse, Cassou passe en conseil de guerre. Ces lascars étaient des insurgés déclarés. En réalité, il y a eu mansuétude infinie pendant deux ans »... Interrogations sur l’avenir de la France dans ce contexte de guerre civile... Le Merlerault dimanche. Admiration pour la compagnie de S.S. dans le bourg, « gaillards splendides hauts comme les portes » qui font rêver, vétérans du front russe, représentatifs de « l’homme nouveau » : « Êtres simplifiés, réduits à la foi (foi en Hitler) et à l’héroïsme brutal, voués à la mort, et le sachant. Pas du tout des soudards. Rien de vulgaire. Quelque chose de pur et de terrible. Inimaginable. Une armée qui a ce noyau, ne sera peut-être pas victorieuse ; mais jamais battue. [...] Cette légion, cette création d’hommes sans aucun rapport avec l’humanité commune, n’a pas été faite pour rien. Elle est déjà maîtresse d’événements immense que nous ne voyons pas. Puis elle disparaîtra. Ces archanges pour grosses besognes seront éphémères »... 1944. 1er janvier. « Il est probable que l’attaque du continent est proche » ; il faut faire des provisions au marché noir... – [Début juin ?]. « Tu as su le bombardement de Rouen (la manière). “Ces Américains sont des brutes, disait hier Drieu ; ils vont faire des choses atroces.” – La mobilisation des “affectés spéciaux” est chose à peu près décidée et proche. Mutations de peuples. Une partie de l’Allemagne est souterraine ; on creuse une colline, près d’ici. Étrange nouvelle Europe, inconcevable, qui sortira des entrailles de la terre. – On regarde du côté de Dakar avec émoi. Tension partout »... [Juin ?]. Il incline « aux méthodes et au parti Rebatet-Déat. Sera-t-il assez fort ? Ils semblent brouillés avec Doriot. [...] Reste le “gouvernement” Laval, et ce qui se fera à la suite de Laval, dans la même ligne, avec la “légalité”, l’héritage de Vichy aussi, poids très lourd, avec, en effet l’Église, une armée de badernes, une administration de crétins rétifs. Bref, une France sans “révolution”, sans purges, tâchant d’éliminer peu à peu ses poisons. Au bout, je le crains, par nécessité, un gouvernement occulte, étranger. Celui qui a foi dans la France, qui ne craint pas pour elle des remèdes trop forts, et qui veut son bien sera fasciste »... 1945. 15 juin. Longue lettre au sujet de son fils Gérard [Boutelleau], qu’il juge « très utile », mais surtout « dangereux », et qu’il faut « tamiser » par André [Bay] : « Le principal pour Gérard […] c’est de faire des romans, et d’être journaliste » ; il faut éviter qu’il s’insère dans la librairie… [Juillet]. Article de Jules Romains dans Carrefour sur ses impressions de retour : « Une vue de Paris et des Français en rose »... Au reste, tout « se ramène à la manière dont l’État fera faillite ; quelles seront les conséquences de l’État totalitaire et de l’autarcie qui en sortiront. Et puis la famine et la peste attendues pour l’hiver prochain. Du moins ce sont les Américains qui le proclament »... – « Je n’ai point dit en 44 que les Américains étaient des guignols. Je ne le pensais pas. Au contraire j’étais plein de considération pour eux, je croyais, alors, au débarquement, à une avance rapide, à la destruction de la France, et j’avais grand peur pour toi quand je te savais à Paris »... 26 juillet 1948. Graves inquiétudes sur la santé d’André Bay (son beau-fils). « Les Allemands avaient Hitler. Nous avons le Tour de France ». 6 août 1949. Succès d’Olivia de Dorothy Bussy ; ventes, projets en cours ; éloge du « don d’artiste » d’André Bay, « un peu visionnaire », à surveiller du point de vue pratique ; « nous aurions avantage à posséder quelques librairies dans les grands centres, en province »… – Psychanalyse d’André, louant les qualités de jugement d’André Bay, mais qui doit être « bien encadré, limité dans ses fonctions, surveillé »… – Jeudi. Longue lettre sur la réorganisation indispensable de Stock. – Jeudi. Longue lettre sur La Rosa et ses fonctions chez Stock. – Fin de lettre sur Madère. [1954], sur la crise chez Stock et « une certaine paralysie dans la direction »… 19 juillet [1954], prenant la défense du travail d’André Bay, qu’il ne faut pas laisser partir de Stock : « Ce n’est pas avec des gens qui ne font rien qu’on peut soutenir une maison »… 21 juillet 1955. Sur son amour du lait, mais ses inquiétaudes après un article ; le succès de Pearl Buck ; vive critique de L’Escadrille de la reine de Nevil Shute : « ce livre est un parfait exemple de l’universelle et profonde décadence du roman. Un roman, c’est, aujourd’hui, un bavardage insapide de marionnettes, dans un décor de carton. (Ah ! Tolstoï !). Et on ne comprend rien. Infantilisme »... Son fils Gérard à L’Aurore ; divorce de Muller… Jeudi 13 [1955], sur Le Prix de l’Amour d’Alfred Hayes, Jean Paulhan (« Jean Guérin, c’est Paulhan ») ; départ pour le Portugal : « J’ai spécifié que je ne voulais pas faire de conférence, ni voir Salazar, ni personne »… 10 juillet 1956, lettre à son fils Gérard au sujet de Stock. 25 octobre 1958. Observations sur la dévaluation générale des fonds des maisons d’édition. « Un auteur mort, cela ne vaut plus rien, commercialement (même s’il dure littérairement). Il y a plus grave encore, et Gallimard en a fait l’expérience. Montherlant, vivant, en pleine vogue, lui a apporté gratuitement toute son œuvre à condition qu’elle soit entièrement réimprimée, ce que Gallimard a fait. Ça lui a coûté 20 millions. De ces ouvrages d’un très proche passé, l’auteur étant vivant, il ne vend rien. Mais il vend 30 mille d’une pièce nouvelle de Montherlant »... 2 novembre 1958. Détails sur son rythme de vie et de travail ; il estime que ce qu’il aura écrit de meilleur, c’est ce qu’il écrit maintenant. Mais il y a des choses qu’il ne ferait pas : « Si je refuse d’entrer à l’Académie (ce qu’ils me demandent, me facilitant tout) je sais pourquoi. Si on me demandait de diriger Stock, je dirai non. Et je sais pourquoi ; c’est que j’ai 75 ans »... Et de se livrer à une analyse serrée de la maison d’édition : l’entrée catastrophique de son fils Gérard, la guerre dans le service de fabrication, André Bay qu’il faudrait tenir un peu mieux, les finances qui ne permettent aucune erreur, etc. Ayant fait l’éloge de Maurice (éditeur, grand lettré, graphologue éminent), il propose la cession à Gallimard... 12 mai 1959, longue lettre sur Stock, sur son fils Gérard, et sur La Rosa… 23 novembre 1959, sur « la désagréable affaire La Rosa » (d’autres lettres sur le même sujet) ; inquiétudes sur les effets du « franc lourd »… Sur Antoine Blondin : « cet être exquis, aimé de tous, est le fils d’un alcoolique qui s’est tué ; lui-même, terriblement atteint de ce côté, demi fou, se tuera bientôt ; j’espère qu’il ne tuera personne avant »… 24 mars [1960], longue lettre sur son voyage en Italie : Rome, Positano, Capri, Naples ; la santé déclinante de sa femme Camille… 20 décembre 1960, 2 janvier et 2 mars 1961, longues lettres s’interrogeant sur l’avenir de Stock… La Frette 9 juillet 1962. Séjour à Menton… « Stock ? C’est une maison d’édition sans éditeur. Cela finira mal. Ils en sont à 70 millions de découvert. Ils font de la marchandise qui retourne au stock de livres »... Etc. On joint une L.A.S. à un auteur (6 mars 1928), le priant de remettre son manuscrit à M. Delamain.
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