Lot n° 106

Jacques THIBAUD (1880-1953) violoniste. Manuscrit autographe, Bordeaux mai 1953 ; 14 pages d’un cahier d’écolier in-4 (Les Goélands) à papier quadrillé, écrites à l’encre verte ou au stylo bleu. Émouvant cahier tenu quatre mois avant...

Estimation : 600 / 800
Adjudication : Invendu
Description
sa mort, au sujet d’un projet d’académie de musique dans sa ville natale de Bordeaux (il meurt le 1er septembre en vol vers Saigon, dans la catastrophe aérienne du Mont Cimet). Le cahier s’ouvre par un projet de discours à Bordeaux, remerciant le maire Jacques Chaban-Delmas, et les officiels de sa ville natale, de lui avoir confié la présidence et l’organisation d’une Académie Internationale de Musique à Bordeaux. Thibaud évoque des souvenirs musicaux de son enfance, et notamment une soirée réunissant Adelina Patti, Faure, Antoine Rubinstein et Henri Wieniawski. Déjà, il s’est attaché pour la future Académie le concours de très grands artistes : Marguerite Long, Henri Szeryng, Bernard Michelin, Joseph Calvet ; tant que ses forces le lui permettront, il jouera du violon, « étant persuadé que la musique conserve. [...] Je ne m’arrêterai que le jour où mes vrais amis me diront franchement de ne plus faire vibrer mon Stradivarius au service des génies créateurs que j’ai essayé de traduire. Je fermerai cette boîte de violon que j’ai eu la joie d’ouvrir dans le monde entier, dans ce monde universel qui m’a comblé de son amitié fidèle »... Suivent quelques pages de calculs, le coût de voyages Paris-Tokyo et Paris-Saigon pour « Flipse et moi », et des éléments d’un budget prévisionnel de l’Académie : bourses d’études, prix, cachets et frais des maîtres, cachets des professeurs bordelais, publicité, installation, plus des cours « peut-être » par Yves Nat, Jules Boucherit… Notes sur les locaux, les récompenses et son propre contrat ; il ne croit pas qu’à moins de 20 millions de francs par an, on puisse faire « une très belle chose »... Les deux dernières pages sont un projet de plaidoyer aux autorités bordelaises en faveur d’un investissement majeur : « Faire valoir que les Conservatoires européens sont maintenant faibles [...], qu’il est temps de créer une magnifique chose qui aura une portée mondiale [...]. Le Conservatoire national garde de grandes qualités, mais il est un vieux centre ancré dans l’État et souvent est victime de faveurs politiques dans la nomination de certains maîtres qui arrivent à l’enseignement officiel sans en avoir la valeur suffisante »... Il faut faire « des artistes complets, armés pour leurs réussites et pour servir leur Art. [...] je vous demande de m’autoriser à exclure toute idée politique et toutes tendances religieuses. Je voudrais que les jeunes futurs artistes qui viendront puiser leurs études techniques et d’interprétation chez nous, ne se sentent pas séparés par des idées raciales ou politiques différentes. L’A.I.M.B. publiera un règlement sévère à ce sujet, dans sa maison officielle, toute discussion politique, religieuse ou raciale sera punie sous forme de renvoi de ceux qui s’y seront prêtés »... On joint le programme de son avant-dernier concert au Casino de Biarritz (24 août 1953), et une photographie de l’hommage à Jacques Thibaud à Biarritz par Jean Darnel.
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