Description
intéressante correspondance de la fidèle habilleuse de Joséphine Baker, qui offre de précieuses informations sur l’intimité et les voyages de la vedette, le rythme soutenu des tournées, ses tenues de scène ou de soirée, mais aussi sur la vie en tournée, les rapports de Joséphine avec ses employées, etc. Nous ne pouvons en donner qu’un rapide aperçu. Première tournée mondiale, mars 1950-juillet 1951. Anvers 3-5 mars 1950. Début de son embauche lors de représentations en Belgique : Joséphine semble enchantée ; Ginette parle de ses conditions de travail, très agréables, du grand succès de Joséphine, etc. La tournée européenne se poursuit en Hollande (9 mars) où Joséphine, très contente, remporte un grand succès, dans les théâtres comme dans les cabarets « et ce ne sont pas des petits cabarets, ce sont toujours les plus chics » ; puis en Suisse (Bâle, Liège et Genève, 13-25 mars), où Joséphine et Jo Bouillon emmènent leur troupe dîner dehors le soir, et où Joséphine se promène partout avec deux petits singes qu’elle a achetés au zoo d’Anvers, etc... En Amérique du Nord (4 avril 1950) : grand triomphe à Philadelphie, galas officiels, New-York, Chicago. Retour rapide en Italie, représentations à Rome, Milan, Trieste, Bologne (9-30 avril 1950) : « Joséphine a un succès fou partout, et les théâtres sont toujours pleins ». Joséphine semble très difficile avec son personnel : un travail fou, pas ou peu de temps libre, et elle n’est jamais contente. Ginette raconte les voyages, ce qu’elle arrive à voir de l’Italie, la vie avec Joséphine : « Joséphine est très envahissante, il faut que je fasse un peu sa femme de chambre » ; elle demande beaucoup, mais elle est très gentille, et elle emmène sa petite troupe partout avec elle, aux diners chics et aux restaurants, dans les magasins, etc. La tournée se poursuit à Venise, Padoue, Florence Arezzo et Rome à nouveau, jusqu’au 7 mai... Grand retour en Amérique : immense succès à New York, avec beaucoup de travail : « elle a fait un enregistrement de son spectacle qui doit passer sur la Voix de l’Amérique ». Ginette raconte ses disputes avec Joséphine, qu’elle a failli quitter, et avec Jo Bouillon, qui la sous-paye... Tournée en Amérique du Sud : Mexico (6 octobre-13 novembre), où Joséphine est arrivée très malade, mais le travail a vite repris... Ils vont ensuite à Cuba, où le programme s’annonce intense au théâtre, « cela fera 4 séances tous les jours pendant 3 semaines »... La Havane (29 novembre-4 janvier 1951) : « C’est la première fois que Joséphine vient à Cuba, et elle a un succès fou. Le théâtre est immense et tous les soirs il est plein. [...] J’ai toujours beaucoup de travail car Joséphine change de programme toutes les semaines, elle a un énorme succès » ; elle donne jusqu’à six représentations par jour (théâtre, particuliers, radio, télévision), en tout 32 chansons, et le contrat est prolongé jusqu’en janvier, où, le 7, Joséphine débutera à Miami : « C’est un grand événement pour Joséphine car c’est la première fois qu’une artiste de couleur a le droit de travailler là »... Miami (6-16 janvier 1951) : Joséphine débute à Copa-City Cabaret, ce sera un très grand événement, et pour elle une grande victoire : « Elle a exigé dans son contrat que les noirs aient le droit d’entrer dans le cabaret »… Le dernier soir, à La Havane, « elle a donné un spectacle gratuit pour le peuple dans un théâtre en plein air, il y avait 20.000 personnes, la foule avait envahi la scène, [...] c’était fou ». À Miami « les gens de couleur ont le droit de venir la voir, et cela la rend très heureuse ». Elle est très admirée, car jamais l’Amérique n’a vu un spectacle comme le sien, et toute l’Amérique en parle... Retour à La Havane (27 janvier-25 février 1951) : « Joséphine a encore une proposition de 5 semaines de prolongation ici, c’est un succès inouï. En Amérique du Nord on la réclame de tous les côtés, elle a un contrat de 2 ans »... Joséphine prend aussi le temps d’organiser un « “pot au feu” pour les vieux », qu’elle va servir dans les hôpitaux, chez les lépreux ou les fous... Retour en Amérique du Nord : New York (28 février-21 mars) : « Joséphine va travailler à Brodway, c’est l’endroit le plus important de New York [...] 4 spectacles pour jour et nous commençons à 11 h du matin et terminons le dernier à 11 h du soir » ; puis Philadelphie pour une semaine, où Jo Bouillon est présent. Après le départ de Jo Bouillon, Joséphine, n’aimant pas être seule, veut que Ginette habite avec elle : « elle est beaucoup plus gentille quand il n’est pas là, et quand ils sont fâchés elle est un amour ». Joséphine a « un succès grandissant, elle est “la rage de l’Amérique” » ; puis Chicago (12 avril) : « Depuis que Jo Bouillon est parti, la vie est magnifique. Joséphine est un amour » ; Buffalo (26-30 avril) : le frère de Joséphine est venu pour la première fois la voir sur scène, visite émerveillée des chutes du Niagara ; puis Detroit, Boston, Pittsburg (9-17 mai) : « Il se passe ici en Amérique des choses vraiment horrifiantes avec tous les gens de couleur, c’est incroyable. Joséphine le disait toujours, amis maintenant je le vois de mes propres yeux ». Elle connaît un succès extraordinaire, joue dans des salles de 5.000 places : « Mais elle fait tellement de propagande pour les gens de couleur, qu’elle ne sait pas si on la laissera revenir l’année prochaine »... Ginette raconte l’ovation incroyable du peuple de New York lors de la Journée Joséphine Baker : « pour eux c’est une idole »... Puis Pittsburg, Newark, Cleveland, Cincinnati, Boston, Washington (4 juin-2 juillet), et la Californie : Los Angeles (11 juillet) : « Lorsqu’elle apparait sur scène, le public est en délire, chaque parole qu’elle dit est applaudie [...] c’est incroyable »... Les critiques sont extraordinaires : « c’est la plus grande artiste que l’Amérique ait pu connaitre, c’est formidable ! » ; enfin San Francisco (21-27 juillet), avant de retourner à New York embarquer sur L’Île de France pour arriver à Paris le 18 août... La seconde tournée mondiale débute en Allemagne (Hambourg 16 mars), où Joséphine est ravie de retrouver Ginette, puis Oslo (31 mars) et Copenhague. Ensuite, départ pour l’Italie tout le mois d’avril : Milan, Rome (où Ingrid Bergman est venue voir et saluer Joséphine), Naples, etc. Le 5 mai elle est à Genève, et en juin, c’est l’Espagne : Barcelone, puis Madrid (11 juillet)... Rapide retour aux Milandes (16 septembre) avant de retourner en Suisse et de partir l’hiver en Afrique du Nord : Alger, Marrakech (29 septembre 1953-9 janvier 1954). Retour par l’Espagne (Madrid 24 janvier 1954)... En 1954 les tournées s’enchaînent : Norvège encore, Italie, puis grand départ pour le Japon le 15 avril. Joséphine loge chez son amie Mme Sawada, qui s’occupe des orphelins abandonnés par des Japonaises et de pères américains (elle adoptera un de ces enfants). La tournée passe par Nagasaki, Hiroshima, Tokyo, Kyoto, Osaka, etc., du 19 avril au 2 mai. Visite d’Hiroshima où l’on sent encore beaucoup de souffrance : « Joséphine était toute retournée et encore plus en colère contre les Américains ». Ginette annonce un passage par Saïgon où « nous allons travailler gratuitement pour les soldats ». En mai, elles sont à Los Angeles... Le 17 juin, Joséphine est en Islande, le 3 juillet elle est de retour à Madrid pour quelques dates en Espagne ; après s’être un peu reposée aux Milandes, elle part pour Helsinki (3-7 septembre). Repos encore aux Milandes en octobre – Ginette en profite pour réparer les robes de scène –, avant Tel-Aviv (5-26 décembre)... Nouvelle tournée en Amérique (24 fév.-14 novembre 1955) : Caracas, San Francisco, Bogota, Cali, Vancouver, Winnipeg, San Francisco, Los Angeles, Ottawa, Québec, Montréal : grands succès encore ; arrestation sur dénonciation de ses ennemis à la frontière canadienne : elle doit payer une amende pour ne pas aller en prison, et passer en jugement... Retour en Europe : Copenhague (novembre-décembre) ; Italie (janvier 1956) : « Notre tournée en Italie a bien marché mais était mal organisée, car nous avons fait que des petites villes et Joséphine était peu connue, elle a même été sifflée » ; Stockholm (février) ; Bruxelles (novembre)… Automne-hiver 1956 : plusieurs lettres des Milandes, parlant de la vie au château, des difficultés de Joséphine, de l’absence de Jo Bouillon… Etc.