Lot n° 21

Théodore GÉRICAULT (1791-1824). L.A., [vers 1822], à Mme Trouillard, à Paris ; 2 pages in-8, adresse. Belle et rare lettre à sa maîtresse. La lettre s’ouvre sur une équation mystérieuse, dont les 3 premiers chiffres sont désignés...

Estimation : 2500 / 3000
Adjudication : 4 200 €
Description
par les lettres « h. », « i. » et « v. ». Puis Géricault imagine « la promenade sur l’eau » de son amie : « le temps était beau et le vent léger qui soufflait, donnait à vos barques ce balancement délicieux qui ne porte point au sommeil mais qui dispose seulement à une tendre rêverie et soulage en quelque sorte le cœur du poids de ses peines. Le pauvre ange a été bien triste toute la journée il ne s’est point promené en bateau mais aussi il était tout occupé de vous, de vous seule, de vos aimables yeux, de toute votre personne. Trouvez-vous cela convenable ? J’arrive à l’aimer trop, je le sens, mais que faire ? Vous avez si bien ce qui me plaît, votre air si joli, vos manières si gentilles, ah si vous étiez bien bonne aussi ! Ce serait de l’ivresse, quelles délices pour moi de vous presser là comme une amie bien vraie bien sûre, point coquette ni légère, mais j’en désire trop n’est-ce pas, et ne sais point me contenter. Avouez cependant que la bonté est plus précieuse encore que la grace », et il cite deux vers de l’Aminta du Tasse : « Picciola è l’ape, e fa col picciol morso / Pur gravi, et pur moleste le ferite »... Son amie revient aujourd’hui mais d’ennuyeuses affaires l’empêcheront de la voir : « et voilà comme tout va mal dans ce monde, si je ne reçois pas un petit mot de vous. Mais j’aurais eu tort de vous accuser car je le reçois à l’instant, je le tiens ce cher petit mot qui sent un peu la fatigue de la veille. À la vérité, cependant il me plairait plus encore sans les reproches légers qu’il semble seulement vouloir indiquer. Je n’avais jamais cru mériter les obligeans efforts que vous avez faits pour m’appeler à vous mais aussi n’ai-je rien fait pour m’en rendre indigne »... Cependant il ne peut en écrire davantage : « c’est chez votre illustre confrère que je passerai mon temps jusqu’à minuit au lieu d’aller goûter près de vous toutes les douceurs de la bonne amitié ».
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