Lot n° 130

[Carmontelle (Louis Carrogis, dit L. de)]. Jardin de Monceau, près de Paris, appartenant à son altesse sérénissime monseigneur le Duc de Chartres. Paris, Delafosse, Née et Masquelier, 1779, in-folio, demi-veau moucheté à coins, dos à nerfs

Estimation : 6.000-8.000
Adjudication : 6 000 €
Description
orné, tranches lisses (reliure de l’époque). ÉDITION ORIGINALE et PREMIER TIRAGE. Louis de Carmontelle (1717-1806) publia cet album en réponse aux violentes critiques qu’avait suscitées son jardin, ce qui tend à prouver le rôle précurseur qu’il joua dans cet art. Pour réussir son entreprise, il eut recours à la souscription, le prix d’un tel ouvrage étant déjà très élevé. Carmontelle apparaît comme le parangon de la culture raffinée du milieu du XVIIIe siècle où le goût pour le divertissement tend à la perfection. D’extraction modeste et autodidacte doué, il fut tour à tour auteur dramatique, metteur en scène, dessinateur de costumes, ordonnateur de fêtes, peintre, graveur et créateur de jardins. Le duc de Chartres, après avoir fait construire une petite maison sur les hauteurs de Mousseaux, où il aimait convier ses intimes (Lauzun, Chabot, Fitz-James, Dufort ou Monville) à de joyeux dîners, demanda en 1773 à Carmontelle de lui créer un espace de plaisirs, qui deviendra l’un des plus beaux jardins pittoresques du temps. Connu sous le nom de Folie de Chartres, il marqua une phase spécifique du style irrégulier en France. S’opposant aux modèles naturels anglais contemporains, rompant avec certains imitateurs français comme Jean-Marie Morel, Carmontelle, s’inspirant des jardins de promenade japonais, revendiqua un art des jardins relevant de l’illusion et de la fantaisie, où se succédaient, tout au long de la promenade, des scènes qui étaient autant d’invitations à voyager dans tous les temps et dans tous les lieux. Ainsi il conçut 17 points où le promeneur pouvait s’arrêter, pour contempler la vue. Composée à chaque fois comme un tableau, chacune d’entre elles fut organisée selon un vocabulaire où toutes les tendances étaient représentées : Antiquité revisitée, exotisme chinois ou turc, goût champêtre, ruines, tombeaux égyptiens, naumachie, minaret, moulin à vent hollandais, petit temple en rotonde de marbre blanc, pyramide… Son but était d’offrir non seulement de beaux paysages, mais aussi de railler les théories d’alors, et de faire apprendre en amusant. La Folie de Chartres était une recherche du plaisir qui affirmait un propos éducatif. En 1781, l’Écossais Thomas Blockie lui succéda. Agrandi, ce jardin de peintre fut alors profondément remanié. Un plan général et 17 planches gravées imageant les 17 points de vue où le promeneur pouvait s’arrêter, illustrent l’ouvrage. Interprétées d’après les dessins de l’auteur, elles ont été gravées par Bertrand, Cauché, Le Roy, Deni, Michel, L’Épine, Michault, Croutelle, Colibon… Exemplaire très frais, d’un beau tirage. Coupes et mors légèrement épidermés. Dimensions : 520 x 369 mm. Provenance : une main barbare a arraché un ex-libris. Ganay (E. de), Bibliographie de l’art des jardins, n° 103 ; Chatel de Brancion, Carmontelle au jardin des illusions, chap. VII, pp. .
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