Lot n° 112

Héré De Corny (L. E.). Recueils des plans, élévations et coupes, tant géométrales qu’en perspective des châteaux, jardins et dépendances que le Roy de Pologne occupe en Lorraine... Paris, [Jean Charles] François, Graveur, s. d. [ca 1750], 2

Estimation : 60.000-80.000
Adjudication : 78 000 €
Description
vol. - Plans et élévations de la place royale de Nancy et des autres édifices qui l’environnent… Id., id., 1753, un vol. Ensemble 3 vol. in-folio, maroquin rouge, roulette de volutes feuillagées autour des plats, fleur de lys en angle, armes au centre, dos à nerfs ornés, roulette intérieure dorée, tranches dorées (reliure de l’époque). Collation : T. I : un titre gravé avec vignette, calligraphié par Lattré ; un frontispice allégorique représentant un portrait de Stanislas Leszczynski ; un feuillet de dédicace gravé d’après François ; 33 pl. simples, doubles ou triples ; un feuillet de texte (« Description du rocher que le roy a fait construire en bas de la terrasse du château de Lunéville »), gravé recto-verso. T. II : un titre gravé par Lotha d’après J. L. Bovet ; 27 pl. simples ou doubles. T. III : un titre dessiné et gravé par Choffard, calligraphié par Lattré ; un frontispice allégorique d’après Girodet gravé par Lotha ; un feuillet de dédicace dans un encadrement gravé par Choffard d’après Lotha ; un feuillet de texte (« Réflexion sur les divers bâtiments et sur tous les ornements qui les accompagnent… »), gravé au recto par Legrand d’après François ; 13 planches, dont 11 doubles. 73 pl. simples, doubles ou triples, 3 titres, 2 frontispices allégoriques, 2 ff. de dédicace, 3 pp. de texte, l’ensemble gravé à l’eau- forte, soit 83 planches. Elles représentent les vues et détails d’architecture et d’ornementation des châteaux et jardins de Lunéville, Chanteheux, la Malgrange, Commercy, Einville, de l’église Saint-Rémy de Lunéville et de son orgue, de l’église de Bonsecours, de la mission et de l’hôpital Saint-Julien de Nancy, de l’autel des Carmes de Lunéville, des bâtiments de la place Stanislas et de la place de la Carrière à Nancy. Emmanuel Héré : un architecte lorrain au service d’un roi bâtisseur en exil. Élève de Germain Boffrand (1667-1754), Emmanuel Héré (1705-1763) est nommé, en 1738, premier architecte de Stanislas Leszczinski (1677-1766), roi de Pologne déchu de son trône, beau-père de Louis XV et duc de Lorraine depuis le traité de Vienne. Sous la direction de cet homme de grande culture, attaché aux lettres, aux arts et aux sciences, Héré commence alors par poursuivre les réalisations de Boffrand à Lunéville, adaptant en particulier le château aux exigences du nouveau duc. Puis, Stanislas souhaitant faire de la capitale du duché un centre de rayonnement des arts, Héré entreprend à Nancy un vaste programme de grands travaux : la porte royale, les places de la Carrière et Stanislas, qui doivent relier la vieille ville à la ville neuve, et de nombreux bâtiments, parmi lesquels l’église Notre-Dame de Bonsecours et le palais du gouvernement, voient le jour. Il modifie également l’ancien palais des ducs de Lorraine. Ainsi, parmi les grands projets urbains du siècle des Lumières, Héré réalise à Nancy l’un des plus majestueux, dont la place Stanislas est le joyau. Inaugurée en 1755 et dite royale en l’honneur de Louis XV, elle est bordée de bâtiments d’une grande unité architecturale et close de grilles ouvragées et dorées, chef-d’œuvre du maître serrurier Jean Lamour (1698-1771). Elle apporta la renommée à Héré, que le roi fit baron de Corny. À sa mort, le chantier royal fut achevé selon ses plans par Richard Mique (1728-1794). L’ensemble de son œuvre dit combien Héré, esprit éclairé et curieux, parvint à créer un équilibre unique aux confins du classicisme et du baroque. Un hommage à Stanislas et à Héré, bâtisseurs éclairés. Réunissant les dessins de Héré, trois volumes monumentaux virent le jour chez le graveur et imprimeur Jean Charles François (1717-1765). Ils forment sous Louis XV, époque où le style rococo parvient à son apogée, ce que le monde de l’édition a produit de plus inspiré pour ce genre d’ouvrages, reléguant au second plan les grandes productions officielles célébrant les mariages, entrées ou pompes funèbres. Selon Millard, le tirage des deux premiers volumes est de 125 exemplaires. Nous avons rencontré cet ouvrage soit dans son cartonnage d’origine, soit relié en veau avec ou sans armes, soit dans sa version la plus convoitée, en maroquin rouge décoré aux armes. Dans cette condition, nous avons recensé 3 exemplaires, avec quelques variantes : celui de Fernand Pouillon (Cat., 1985, n° 72), portant en chef les armes de Stanislas Leszczynski et en pointe le chardon de la ville de Nancy ; un exemplaire aux armes du dauphin, fils de Louis XV, aujourd’hui dans une collection privée et que nous n’avons pas vu ; et, plus récemment, celui décrit dans le catalogue de grands libraires parisiens, Bernard et Stéphane Clavreuil (Cat. Livres précieux du XVe au XIXe siècle, 2010, n° 41) au décor identique au nôtre, tant par le vocabulaire ornemental que par les armes, celles de Stanislas Leszczynski, provenance qu’ils placent au sommet de la hiérarchie. Précieux exemplaires de présent aux armes de Stanislas Leszczynski. Ces trois volumes, inconnus du marché, ont été volontairement conservés ainsi par leur actuel propriétaire. Ils présentent donc naturellement quelques petits défauts : coins usés avec manque à l’un de ceux du t. I, coiffes du t. II avec manques, la reliure du t. II présente quelques tavelures. Seule la pl. VI du t. II présente une restauration de conservation atteignant l’image. L’exemplaire que nous avons pu consulter à la BNF (Manuscrits, HC-23-FT4) est incomplet. Dimensions : 645 x 475 mm. Provenance : bibliothèque du comte Arthur de Beaumont, avec son ex-libris. Millard, I, 78 ; Katalog Berlin, 2511 ; Cohen, 485-486 ; Oudin (B.), Dictionnaire des architectes, Seghers, 1994, pp. 226-227 ; Charles-Gaffiot (J., dir.), Lunéville, fastes du Versailles lorrain, Carpentier, 2003, pp.; Olivier, pl. 2684.
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