Lot n° 173

George SAND. L.A.S., [Nohant] 27 juillet [1848], à son amie Rozanne Bourgoing ; 3 pages in-8, enveloppe.

Estimation : 1 000 / 1 200
Adjudication : 1 000 €
Description
Bilan amer de la révolution de 1848. Elle a écrit à Hetzel en faveur du compagnon de Rozanne, Alexandre de Curton, en lui disant qu’il « était l’unique soutien d’une amie qui m’est bien chère. Tu pourrais maintenant aller le voir, lui parler de moi, et lui expliquer ta situation comme tu croiras devoir le faire. Mais ce qu’il t’a dit, je te l’avais écrit je crois, c’est qu’il faudrait avoir quelque chose en vue et c’est à cela que Mr Curton doit mettre tous ses soins. Que puis-je te désigner d’ici, n’ayant presque plus de relations avec les gens au pouvoir ? L’ami que j’avais à l’Intérieur a été destitué depuis les événements de Juin, celui que j’avais à l’Instruction publique idem. Aux Finances idem. Celui des Affaires étrangères était ce même Hetzel auquel je te recommande vivement. Je ne sais plus à quel saint nous vouer. Tu sais que je n’ai jamais été dans le monde à Paris, mes amis étaient avant la révolution ce qu’il y avait de moins brillant et de moins lancé. Ils ont eu un jour de pouvoir et nous voici au lendemain. Je ne regrette pas de ne leur avoir rien demandé, car tout serait détruit maintenant, comme je l’avais prévu. […] Mais je ne vois guère de chances de crédit pour mes recommandations en ce moment. Comme opinions et comme relations, je suis à l’index. Plains-moi, au lieu de te plaindre, car il n’est rien de si douloureux que de ne pouvoir aider ceux qu’on aime. On aimerait bien mieux échouer pour soi-même. J’ai une fille adoptive [Augustine de Bertholdi] pour laquelle je ne peux rien, et pourtant il faudrait absolument pouvoir, car son mari a presque tout perdu et moi aussi. Je t’embrasse, ma pauvre enfant. Adresse-toi pourtant toujours à moi, si tu aperçois une chance dont je puisse profiter. Le pouvoir actuel n’en a pas pour longtemps. La bourgeoisie le brisera sur son genou quand elle pourra s’en passer. Qu’y aura-t-il après ? et encore après ? quel temps pour tous, excepté pour les intrigants ! »… Correspondance, VIII, 4004.
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