Lot n° 180

Alexis Piron (1689-1773) poète et auteur dramatique. Manuscrit autographe, Mémoire contre Duchêne mon libraire, [1763] ; cahier petit in-4 de 20 pages. Long mémoire contre le libraire Duchêne, soigneusement mis au net, avec de beaux effets...

Estimation : 800 / 1000
Adjudication : 1 100 €
Description
calligraphiques. « Il est des faits si criants & si singuliers, qu’à la première exposition faite par celui qui s’en plaint, le vray dénüé d’abord de toute vraisemblance, ne paroît qu’une absurdité avancée & dictée par la passion. [.] Duchêne me doit de compte net & clair cent pistoles pour restant du prix de mes œuvres, que je lui ay livrées suivant le marché fait entre nous, le 4 may 1762 [sic pour 1752] ». Duchêne ne veut pas payer, et « il ose me taxer à une centaine d’exemplaires & plus de celles que je pourois produire d’ici à ma mort ou me menace de les revendiquer toutes de quelques dattes qu’elles soient ». Piron fait la chronologie détaillée de ses engagements et arrangements avec Duchêne depuis 1752, jusqu’à la publication de ses trois volumes prévus (pièces de théâtre et poésie, discours, tragédie inédite de Cortès, œuvres nouvelles, etc.), et leur mise en vente en 1758, année où il devait être payé. En 1763, il ne l’est toujours pas. Duchêne maintient que Piron n’a pas respecté ses engagements et lui doit encore des œuvres, arguant d’une subtilité du contrat ; il se plaint aussi de n’avoir pas vendu comme il l’espérait, mais « la vente est un fait absolument étranger à l’affaire », remarque Piron, qui conclut en évoquant Cyrano de Bergerac et sa comparution devant le tribunal des oiseaux : pour les gens de lettres, « déjà victimes de la sotte suffisance de la paresse, et de l’inhabileté des comédiens & la proye innocente de la malignité basse & mercenaire des faiseurs de feuilles. Il ne nous manquerait plus que de devenir els jouets de la voracité impunie des libraires. Ne serait-ce pas subir exactement le sort de Cyrano de Bergerac & se voir abandonné aux mouches ? ».. En haut de la première page, ex-dono de Jules Janin (à Honoré Bonhomme ?) : « Un mémoire judiciaire de l’auteur de la Métromanie - offert à son chantre ! ».
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