Lot n° 106

Max Jacob. Manuscrit autographe signé, Miracles de l’art et de la foi, [vers mars 1922] ; 6 pages petit in-4. Bel hommage à Saint Dominique et Fra Angelico destiné à F^^ ^ (2e année, n° 4, mai 1922). « Ma pensée hésite à monter...

Estimation : 1200 / 1500
Adjudication : 1 150 €
Description
l’escalier de ton trône, ô Immaculée ! Tu oserais t’approcher de la Pureté révélée à la pureté du moine, suave peintre, ô âme graveleuse ! Et toi, main lourde, style empesé, tu en oserais écrire ? L’angélique visionnaire ! Le peintre émouvant ! [...] Saint ? Oh ! non ! Tu n’as pas, Guidolino, étonné l’Église par des miracles, ceux de la Foi, mais tu as étonné l’Univers par ceux du Génie. Si tu n’es pas sanctifié, tu as sanctifié tes modèles, et tu fus envoyé du Ciel pour ces miracles-là »... Il n’a pas, comme Saint Dominique, ressuscité les morts, mais il a prolongé la vie terrestre de ceux qui ont déjà la céleste : « c’est une résurrection ! Parce qu’il a sanctifié son pinceau, il a sanctifié ce que crée son pinceau : tout ce qu’il a touché de son pinceau est devenu sacré »... Jacob esquisse, parallèlement, les vies de Dominique et du peintre dominicain, présentant la peinture comme une prêche picturale, apte à interpréter la parole du saint et à convertir les âmes. Il parle de son œuvre à Rome, Fiesole et Florence, et en particulier des fresques du couvent San Marco. Il raille son siècle qui réclame des preuves scientifiques et non des miracles : « Mon siècle ! Tu attends un art sans brûler de l’Amour qui fait l’art et de la foi qui fait l’amour ! »... Et il termine par une prière : « Ô Fra Angelico ! Si ton pinceau prédicateur t’a obtenu une place sur l’escalier chatoyant du Trône Céleste, demande à Dieu des peintres qui prêchent comme toi car le monde n’a plus de missionnaires justement parce qu’il en a besoin. Grand saint Dominique qui contemple la puissance, hélas ! de Satan sur l’univers, fais ce miracle que l’Église lui rende l’ordre et l’harmonie par l’obéissance aux lois divines »... Le texte est suivi d’une note pour Marcel Astruc, réclamant des épreuves « au nom du Ciel. Si c’est trop long, ne faites pas de coupures, renvoyez le moi pour les faire »...
Partager