Lot n° 240

COURBET. BRUNO (Jean, pseud.). Les misères de gueux. Ouvrage entièrement illustré par G. Courbet. Paris, Librairie internationale ; Bruxelles, Lacroix, Verboeckhoven & Cie, 1872. In-4, [3] f., 236 p. à 2 colonnes, 59 illustrations gravées sur...

Estimation : 500 / 700
Adjudication : 1500 €
Description
bois dans le texte d'après les œuvres de Gustave Courbet, reliure de l'époque demi-chagrin rouge, dos à 5 nerfs, auteur et titre dorés, caissons orné d'un fleurons et bordés d'un double filet et de pointillés, le tout dorés (dos un peu noirci, 2 coins émoussés, petits accrocs dans qq. marges).
Édition originale, publiée en livraisons, de ce roman de critique sociale écrit par Jean Vaucheret (Besançon, 1821, Paris, 1899) sous son pseudonyme de Jean Bruno. Elle est illustrée de 59 gravures sur bois dans le texte, qui toutes reproduisent des œuvres de Gustave Courbet. (Une 60e illustration figurait sur la couverture, qui n'a pas été conservée dans cet exemplaire).
Les quelques spécialistes qui se sont penchés sur la question de cet ouvrage rare et peu connu n'en ont pas fait grand cas, laissant entendre que l'artiste s'était un peu désintéressé de cette publication, autorisant simplement à ce que ses œuvres soient reproduites par la gravure sur bois. Nous pensons au contraire que Courbet s'est impliqué dans cet ouvrage, qui semble n'avoir d'autre but que de proposer un catalogue très complet de ses peintures, sous couvert de littérature populaire en vogue à l'époque. Pour preuve, le fait que le roman est illustré des œuvres légendées pour l'occasion : c'est l'intrigue qui semble bâtie selon la succession des tableaux. Egalement, ce qui est tout-à-fait étonnant, Courbet lui-même apparaît dans le texte, dans les dernières pages, et intervient dans l'action comme un personnage romanesque (ce qui permet de reproduire, en dernière illustration, le tableau " Bonjour Monsieur Courbet "). Ce sont même les paroles qu'on lui prête qui forment en quelque sorte l'épilogue du roman. Il semble donc envisageable de considérer ce roman illustré comme partie prenante de l'œuvre de Gustave Courbet. C'est un cas tout-à-fait unique dans l'histoire de l'art du XIXe siècle : aucun autre livre ne semble avoir été jamais illustré par l'œuvre quasi complet d'un peintre durant son activité.
(Voir : Petra TEN-DOESSCHATE CHU, " Publicity, vulgarization, and aesthetic democracy : Courbet and Jean Bruno's Les misères des gueux ", dans : Source, Notes on the history of Art. N.Y., Ars Brevis Found., 2009, vol.29, n°1, pp. 22-30).
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