Lot n° 172

[DUCHANTEAU] (TOUZAY). Carte Philosophique et Mathématique (dédiée à son Altesse Royale Mons. Le Duc Ch.-Alex. De Lorraine). Le Tout forme un ensemble hiérarchiquement ordonné de plusieurs centaines de planches, vignettes, tableaux et fig....

Estimation : 1500 / 2000
Adjudication : 2400 €
Description
symboliques en tous genres. S.l.n.d. (Paris, Emile Nourry).
3 planches gravées sur cuivre (94 x 81 cm), encadrées (cadres façon marqueterie marron-havane).
Pièce hors-ligne, tant par son immense rareté que par son exécution et son état de fraîcheur. Il s'agit là véritablement d'un tour de force en matière de gravure. L'histoire de ces gravures se résume à trois tirages : le premier, 4 planches sur cuivre in plano avec un titre-frontispice séparé, partiellement exécutées par l'auteur (Bruxelles, 1775), ensemble rarissime. Le deuxième, semble t-il, une reproduction autographique en 1866 à Turin, et enfin un retirage - vraisemblablement notre exemplaire - sur les cuivres originaux - à 30 exemplaires, dont 25 seulement mis dans le commerce, exécuté par les soins de la librairie E. Nourry en 1932, comme en témoigne le catalogue Thiébaud de nov. 1935 ; encore n'est-il, dans ce dernier cas, question que de 3 planches ; un des cuivres originaux, également signalés au nombre de 3, n'avait pas été retrouvé par le célèbre libraire, et ce retirage demeura donc incomplet. La localisation actuelle de ces 3 cuivres est inconnue, et la notice ne dit pas en quelles circonstances la maison Nourry en avait eu connaissance.
Duchanteau (ou Duchenteau), alias Touzay, avait en effet eu en mains un exemplaire du rarissime " Calendarium Naturale Magicum perpetuum ", dont la conception revient au célèbre astronome danois Tycho-Brahé, le maître de J. Kepler, et dont la merveilleuse exécution est due à Théodore de Bry, 1582. Une description succinte en est fournie par Caillet, (t. 3, n° 10?892).
Duchanteau, trouvant cette énorme planche insuffisante, truffée d'erreurs, et ayant grand besoin d'être à la fois corrigée et complétée, s'y attaqua. Il décrit dans un texte liminaire encadrant les premières gravures, sous le titre, les erreurs dans les figures, les caractères hébraïques et autres, les tableaux, etc. qu'il s'est mis en peine de rectifier. De même, il indique la légende permettant de distinguer les vignettes strictement conformes à l'original, celles dont il a cru devoir modifier la figure ou quelque détail, et enfin les morceaux de son cru, inventés et ajoutés par lui. Il a par ailleurs parfaitement respecté le plan original de l'œuvre, s'il l'a fortement augmenté ; il s'agit effectivement d'une sorte de synthèse numérico-géométrique de l'Univers, qui découle de l'Unité première au duodénaire ; Tycho-Brahé avait appelé à la rescousse de ses compétences d'astronome, de cartographe et de mathématicien, tout ce qu'il avait pu rencontrer comme " hiéroglyphes ", figures, schémas et objets symboliques, d'origine aussi bien antique ou orientale, dans les lectures - étendues - qui lui étaient accessibles. C'est précisément ce qui a intéressé Duchanteau, qui les a enrichis de spéculations théosophiques et maçonniques, d'inspiration hermético-Kabbalisante assez mêlée, du type qui régnait en maître sur les préoccupations et les rituels de la maçonnerie illuministe de son temps.
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