LAFAYETTE, Gilbert du Motier, marquis de Lettre autographe à Louis Marie, vicomte de Noailles Light Camp, près du Fort Lee, 2 septembre 1780 4 pp. in-4 [en français]
Estimation :25000 / 35000
Adjudication :Invendu
Description
BELLE LETTRE DE STRATÉGIE. LAFAYETTEDÉCRIT SON “PETIT CAMP VOLANT” ET ENU TE NONAC ED SECÈIP ERTAUQ IA’J“ : L’UNIFORME DE SES HOMMES CENTAINE DERIFLEMEN, GENS À DEMI SAUVAGES ET ARMÉS DE GRANDES CARABINES... CE CORPS EST DISTINGUÉ PAR UNE PLUME NOIRE ET ROUGE". LAFAYETTE DESCRIBES HIS “SMALL FLYING CAMP AND THE UNIFORMS : “I HAVE FOUR CANNONS AND ABOUT A HUNDRED RIFLEMEN, HALF-SAVAGE MEN ARMED WITH GREAT RIFLES... THIS CORPS IS DISTINGUISHED BY A BLACK-AND-RED FEATHER " Tu me grondes, mon cher Vicomte, de ne t’avoir pas écrit, mais peu de jours après ta réprimande, tu auras reconnu ton injustice, et ayant reçu réponse de M. de Rochambeau j’ai à mon tour droit de me fâcher de ce que tu ne m’as pas encore répondu. J’ai écrit l’autre jour à Charlus, et par conséquent ne rabacherai pas ce que je lui ai mandé ; tu sauras donc pour toute nouvelle que nous sommes toujours à la même place et que personne ne nous a priés encore de la quitter, nous la laisserons cependant bientôt, mais ce sera pour quelque position peu éloignée, et à cause du manque de fourrage que nous mangeons ici tant que nous pouvons. Tu me demandes, mon ami, des détails sur mon petit camp volant, il est composé de dix-huit cents hommes d’infanterie légère Rank and file c’est-à-dire sans compter les officiers, sergents et musique, divisés en deux brigades sous les généraux Poor et Handl et formant si petits bataillons ; tu sais que nous sommes sur deux rangs. J’ai quatre pièces de canon attachées à mon infanterie légère, et une centaine de Riflemen, gens à demi sauvages et armés de grandes carabines. Le corps du major Lee2 composé de trois cents hommes moitié à pied, moitié à cheval est attaché à mon commandement, on y joint dans l’occasion quelques dragons, ou quelques troupes d’infanterie, et je suis toujours à trois ou quatre mille en avant de l’armée avec laquelle nous n’avons rien à faire pour le service. Chaque bataillon d’infanterie légère est commandé par un colonel et un major, et ce corps que l’on tient toujours complet est distingué par une plume noire et rouge. J’aimerais mieux que ce fut par un habit, ou une bonne paire de souliers, mais on voit notre peau, et nous sommes quelquefois pieds nus, sans compter que souvent le dedans n’est pas mieux garni que le dehors ; mais alors nous les envoyons se coucher. On se lasse de tout, mon ami, et j’ai tant juré après M. de Pontgibault3 que je ne sais plus que dire, et je suis stupéfait de ce miracle de négligence. Dix-huit jours pour venir de Boston ! La seule manière d’expliquer l’énigme est que Poirey4 est avec lui comme je l’ai appris par la gazette (car Poirey a été mis tout de son long dans les papiers) et Poirey fait une halte à chaque étonnement de tout ce qu’il voit ici. Je ne puis te dire combien ce retard m’afflige ; il y a mille choses publiques, service à part, que j’ai envie de savoir ; mais je te promets au moins que si j’ai des nouvelles je ne tarderai pas à t’en faire part. Je suis bien fâché, mon cher frère, qu’une lettre où je croyais agir fort simplement ait pu le moins du monde indisposer vos généraux. J’aime le Cte de Broglie5, et ne peux pas me fâcher de lui être comparé. Mais si l’on entendait en me comparant cet espoir que ses ennemis lui donnent, mon Dieu, ces gens là ne sont pas physionomistes. Je te remercie de m’avoiret j’y compta is d’avance. Mande-moi si l’on en parle, car tout ce que je désire est qu’on n’en parle plus. Je ne connais pas M. de Ternay6, mais je compte sur l’amitié de M. de Rochambeau. D’ailleurs fût-on injuste, je n’en serais pas moins zélé à servir ma patrie et mes compatriotes. Le hasard m’en fournit ici quelques moyens ; si je n’en profitais pas mon cher ami, je me haïrais moi-même, et me mépriserais tout à la fois. Si l’on n’en était pas persuadé, je tâcherais à force de soumission et de zèle de prouver qu’on ne me connaissait pas parfaitement. Car si comme officier, je n’ai point d’ordre à recevoir, comme particulier, je me mets de bon cœur à ceux de tout le monde. Voilà ma profession de foi, mon cher ami, dictée par la franchise que tu me connais, et la confiance que m’inspire ma tendre amitié. Tu veux que je te parle du Sud, mon cher frère, et je le ferai volontiers, car l’inaction me tue tout aussi bien que toi. Si nous avons la supériorité maritime, cette expédition me parait très possible pourvu qu’elle soit tenue secrète ; mais cette supériorité quand l’aurons-nous ? D’ailleurs, tu dois encore mieux que moi juger les sentiments des généraux français, et quoique généralissime, mon ami veut avec grande raison les consulter entièrement dans tous ses projets. Le Canada peut encore s’offrir à notre ambition ; le champ est vaste et les dispositions du peuple excellentes. Il faudra, je crois, des nouvelles d’Europe pour fixer même notre imagination. Mais prends garde, mon cher Vicomte, de faire une folie, et ne t’échauffe pas la tête. J’avoue cependant que ta position ici est parfaitement désagréable ; il n’y a que des coups de fusil qui la puissent changer et Dieu sait quand nous en verrons. Adieu, mon cher Vicomte, mille compliments à Charlus, Damas, ainsi qu’au comte de Chastellux et à ces messieurs du club Lally Peters. M. Washington et Gimat t’en font mille, et moi je t’embrasse. On dit que les ennemis préparent un mouvement prochain ; je voudrais qu’ils allassent se faire battre à Newport et nous agirions ici en même temps. Mais ils ne s’y fient pas. 1. Enoch Poor (1736-1780) et Edward Hand (1744-1802), deux généraux de l’Armée continentale 2. Le général George Lee (1731-1782) fut le candidat malheureux contre George Washington pour le poste de commandant en chef de l’Armée continentale 3. Charles Albert de Moré de Pontgibaud (1758-1837) fut l’aide de camp de Lafayette 4. Joseph-Léonard Poirey fut secrétaire et aide de camp de Lafayette 5. Charles-François de Broglie (1719-1781), fut chef du “cabinet secret" du roi Louis XV. Il organisa le fameux dîner de Metz au cours duquel le Duke of Gloucester convainquit Lafayette du bon droit de la révolte des insurgents américains 6. L’amiral Charles-Louis d’Arsac, chevalier de Ternay (1723-1780) transporta avec succès les troupes de Rochambeau en Amérique, en 1780 RÉFÉRENCES : Lettres inédites du général de Lafayette au vicomte de Noailles, Paris, 1924, p. 11 -- Lafayette in the Age of the American Revolution, Cornell University press, 1980, pp. 156 et 485
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