Background Image
Previous Page  19 / 48 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 19 / 48 Next Page
Page Background

L.A.S.

de Los Angeles le 15 Mars 1907. 2 pages sur papier cristal.

Cher confrère, J’ai reçu avec joie Le Coq

véritablement merveilleux. J’en admire la couverture, le contenu Soir de Novembre de Claude (Valmause ?) est un émail

merveilleusement ouvragé. Printemps triste a parfaitement la couleur effaçée des pastels. La fin est une trouvaille… Mes

félicitations et celle aussi d’un ami pour l’inconnu. Bref, je suis ravi exalté… je vous croquerai dans de courts dessins qui

auront pour légende : l’Américaine, le cracheur américain, etc. Félicitaions du cœur. Signé. J. Rubidini.

L.A.S.

de Corona, le 3 mai 1907. 2 pages.

Cher ami, j’ai votre carte, quelle joie ! Un mot de France.. J’ai la chronique

américaine… l’Amérique intéresse à n’en pas douter, l’art y est peu de chose, je n’ai pas dans l’idée de faire beaucoup de

propagande… Ecrivez moi une lettre, ce sera une goutte d’eau fraîche. Les oreilles sont tympanisées du mot Dollar. Donc

écrivez moi une lettre aussi longue que possible… Je commence à une pièce en vers, en 5 actes.. une grande machine qui doit

pétrifier l’univers de la béatitude. Gare, tenez vous bien !

PS. Dites moi si je peux vous envoyer un conte… Il ne sera peut-être pas convenable (le gros mot), … Rien de répugnant, à

peine gaillard, le conte pourra se publier en une ou deux fois…

L.A.S.

de Scotia, le 21 Juin 1907. 2 pages.

Cher Ami, J’ai votre lettre, elle était ravissante, vous m’avez causé

franchement…. Je veux donc vous distraire s’il se peut. Vous parlez d’article à épate, l’Amérique est épateuse. Je n’y voyage

pas par malchance asiatique. Savez vous que le jeune homme qui vous écrit.. n’a jamais failli à être le dernier de sa classe fut

entre cent métiers, garçon de café, cueilleur d’oranges, laitier, poseur de (illisible), bucheron, terrassier, valet de ferme et qu’à

cette heure il charge de planches des wagons, s’étant sauvé d’un vaisseau anglais où il était chauffeur. Mais il est surtout

chemineau, amoureux des étoiles, il a couché dans des lits, dans la paille, dans des trous et sur l’herbe. cela vous épate-t-il ?

Pas encore, Eh bien ! J’ai mesuré 1.93 mètre, je connais notre boule parfaitement, la Chine, l’Inde, l’Australie. je n’y suis

pas allé, mais de si peu, c’est tout comme… Vous voyez je suis blasé, je ne crois en rien… je rentre dans un mois à Paris, je

viendrai peut-être vous voir. Vous avez un hors texte de Robida, Chouette ! Gardez moi les prochains numéros du Coq pour

mon retour. tant pis si l’on ne veut pas du grivois

(Proposé un conte ultra polisson, note au crayon)…

Je vous

écrirai encore car je roule toujours de fantastiques projets à exécuter en France…

L.A.S.

de Lausanne le 26 Août 1907. 3 pages.

Cher Monsieur, je suis de retour et suis heureux ! Je m’occuperai de

votre revue maintenant… Voulez vous des croquis sur l’Amérique. Ils seront d’un tour bref et ironique. S’ils vous plaisent,

je les publierai sous le titre Carcatures. Tenez voici un Rondel.. Tournez la page et vous les trouverez dans ma meilleure

écriture..

(Suit un poême de 13 lignes intitulé La Clochette, la fleur, svp).

Votre dévoué.

L.A.S.

de Lausanne le 31 Août 1907. 4 pages.

Cher Monsieur, J’accepte avec le plus plaisir votre offre de me mettre en

relation avec de vos amis et collaborateurs et je serai enchanté de vous rencontrer à Paris…. je vous dirai que je n’ai pas

grande patience avec la prose que j’admire beaucoup pourtant. Je resterai volontiers un jour sur douze sillabes si elles doivent

former un alexandrin. Voici huit vers, je vous donne mon croquis après… Je l’avais promis et je l’ai fait, c’est ma règle

absolue.

Suivent sur 2 pages une poésie de 10 vers intitulée Sérénade et la caricature écrite du cracheur américain.

Zut ! Je trouve trois répétitions du mot tout dans ma sérénade, si elle vous plaisait, ne la publiez pas avant que je la

corrige… Votre dévoué.

L.A.S.

de Nomendamm le 6 Novembre 1907. 3 pages.

Cher Monsieur. J’ai eu des ennuis sans fin ; au reste ils ne

sont pas tous loin. Je serai peut-être jeté sur le pavé et voici l’hiver. Brrr ! Mais c’est très beau en chanson et je n’ai cure de

cela. Je trousserai Rondels et Triolets…Vous y remarquerez que je fais rimer ognon avec opinion. J’ose également : Or

puisque tu es sourd, hiatus ridicule. Je trouve qu’il ne peut y avoir hiatus à l’hémistiche puisqu’il y a suspension et je

l’autorise toujours ; je ne crois pas que ce cas se présente dans ma bouffonerie, c’est simple profession de foi esthétique… Enfin

je serai à Paris au mois de mai 1908,.. j’irai dans mon vieux quartier latin et je n’en sortirai pas, pas plus que la Sorbonne.

Il se pourrait toutefois qu’avant j’aille me balader au Caire, si ce n’est à Moscou ou à Honolulu…. L’on vient me déranger

et je ne sais pas si j’aurai le loisir de copier ma bastonnade… cela me prouvera que je ne fais pas seulement de petites crottes.

Je termine en toute hâte car je me dois au Monsieur et cuistre qui vient m’embêter. Je suis tout à vous.