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certains, dont vous, me comble du mépris de ceux qui feignent de ne pas admirer et de ceux qui ne le peuvent »… Plus il avance
dans son ouvrage plus il sent qu’il a « soulevé là d’énormes pieux pour construire l’édifice. […] Je n’ai point compliqué la vie de
mon poème [
Feuilles dans le vent
] et si j’en suis arrivé à une telle expression de simplicité, c’est qu’il se ressent de l’adhésion
que mon intelligence a donné à ce qui me rend le monde clair »…
2 août 1912
. Fontaine lui a écrit d’excellentes et flatteuses
nouvelles de lui… « Il semble que vous possédiez cette sagesse qui jauge la gloire comme il sied. Ne vaut-il pas mieux, puisque
aussi bien l’avenir seul rend vraiment justice que vous soyez préservé par une certaine solitude et une certaine inattention du
public de tant de couleuvres qu’il me faut avaler, à commencer par l’énorme boa que me décerne Faguet dans la
Revue
d’hier »
[à propos des
Géorgiques chrétiennes
]…
121.
Francis JAMMES
. Manuscrit autographe ; 2 pages in-fol. avec ratures et corrections.
250/300
Hommage funèbre à son ami Vincent Daverat, « l’une des plus vieilles figures d’Orthez. Il fut, dans toute l’acception du
terme : un citoyen. Non pas dans le sens où quelques dévoyés entendent ce mot, ni dans le sens précis qui veut dire que l’on se
dépense et que l’on se dévoue tout entier à sa petite patrie. Il fut si je peux dire un
notable
, non point tant par les charges qu’on
lui confia d’adjoint municipal ou de conseiller d’arrondissement, que par la situation qu’il s’était lui-même acquise. […] Il fut
un bel exemple de ce que pouvait l’ancienne éducation chrétienne […] Tout jeune il sut être le soutien admirable et providentiel
d’une famille dont le chef était mort. Et il ne commença de penser à lui-même que lorsqu’il eut assuré l’avenir de ceux dont il
s’était chargé, en fils aîné. Sa parfaite bonhomie ne l’empêcha point de devenir le plus intransigeant des hommes, le plus droit,
le plus traditionnel »…
122.
Francis JAMMES
. Poème autographe,
Un coin de la Joyeuse
; 1 page in-4.
300/400
Manuscrit de premier jet et de travail, avec de très nombreuses ratures et corrections, de ce poème de
Ma France poétique
(1926), de la section
Ruisseaux
(14 vers). Le titre primitif « Un coin de La Bastide Clairence » a été corrigé.
« Je revois un filet d’eau vive à cette place,
Et mes petits enfants sous des arbres délacent
Leurs chaussures, afin de fouler le gravier »...
123.
Francis JAMMES
. Manuscrit autographe signé,
Alouette
, Hasparren 1934-1935 ; 2 cahiers d’écolier petit in-4
à papier ligné de 86 feuillets, soit 60 pages plus un contreplat, et 30 pages (le reste vierge), couvertures moleskine
noire, sous chemise demi-maroquin rouge, étui.
4.000/5.000
Important manuscrit de premier jet et de travail de ce long poème recueilli dans
D
e
tout
temps
à
jamais
(Gallimard,
1935). Dans la préface du recueil, Jammes affirmait : « je n’aurais pu écrire
Alouette
, ce sommet que je viens d’atteindre en
ma soixante-septième année, si je n’étais capable du métier de Molière sinon de Racine ». C’est à la fin de décembre 1934 que
Jammes a été envahi par l’inspiration de ce poème, achevé en février 1935. Il a été publié dans la
Nouvelle Revue Française
des
1
er
mars, 1
er
avril et 1
er
mai 1935, avant d’être recueilli à la fin juin dans
De tout temps à jamais
.
Ce beau manuscrit est écrit presque entièrement à l’encre noire au recto des feuillets ; souvent sous l’encre noire se devine une
première esquisse au crayon, parfois à peine effacée.
Alouette
se compose de six chants, chaque chant comportant 14 strophes
de 12 vers chaque.
Le premier contreplat porte cette note liminaire sur l’origine d’
Alouette
: « Une fille fut condamnée au bûcher pour avoir
emporté le Saint-Sacrement dans la forêt, sous un rosier, afin qu’il ne restât plus prisonnier au Tabernacle. Mais un ange apparut
qui dit à la fille “Monte au Ciel, âme innocente”. –
Chronique albigeoise
de 1500
(?). Ce simple renseignement, ce fragment
recueilli par Eugénie de Guérin d’une légende aujourd’hui perdue, m’a inspiré ce poème d’un art primitif que je ne cesse de
poursuivre depuis 1888 »… Une autre version plus courte est esquissée sur la page de titre ; dans l’édition, on ne retrouve pas
cette note, mais la brève indication qu’une légende notée par Eugénie de Guérin lui a inspiré
Alouette
.
En tête de chaque cahier, Jammes a inscrit au crayon ses nom et adresse : « Francis Jammes Hasparren B. Pyr. » En tête du
poème, le titre primitif :
Le Saint-Sacrement dans la forêt
a été biffé et remplacé par
Alouette
. En marge de la première strophe,
Jammes a noté au crayon : « Cette strophe et la suivante ont été écrites le 31 décembre 1934 entre 5
h
et 7
h
du matin ». D’autres
datations se trouvent en marge de I, xii et xiii ; II, ii à xii ; III, ii à vi, xi à xiv et V, xi. À la fin de la dernière strophe, Jammes a
noté, avant de signer : « Achevé le 13 février 1935 ».
On relève de nombreuses ratures et corrections, et des variantes avec le texte imprimé. Deux strophes font l’objet de mises
au net en regard des versions très corrigées (III, viii et IV, vii). Citons la première strophe :
« De la forêt s’éveillait la jeunesse
Et dans sa hutte une fille, Alouette.
Elle frottait ses yeux de violette,
Ainsi priant : Notre Père qui êtes
Aux Cieux, merci, notre Père qui faites
La nuit, le jour, mon troupeau sous les hêtres,
Et l’aubépine où siffle la fauvette,
Et ce pivert qui crie à sa fenêtre,
Et ces fils d’eau brillants comme les tresses
De Notre-Dame en l’église pauvresse
Quand à Noël l’étoile de la Crèche
Tombe dessus, brûlante et toute fraîche. »