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P
IERRE
J
OSEPH
M
ACQUER
(1718/1784), chimiste, membre de l’Académie des sciences
, il est surtout connu pour être
l’adversaire de Lavoisier.
Il introduisit à la Manufacture de Sèvres la fabrication de la porcelaine de Saxe. Il est l’auteur
d’un
Dictionnaire de chymie
qui fit longtemps autorité. 40 L.A.S. à Guyton de Morveau. 121 pp. in-4. Paris, 1769-1783.
Adresses et cachets de cire au dos. Joint un brouillon de réponse de Guyton de Morveau.
Magnifique et très longue correspondance scientifique entre les deux chimistes.Extrait de cette lettre du 15 janvier 1778,
qui
témoigne admirablement des découvertes de Lavoisier et du bouleversement qu’elles provoquent dans le monde savant, le
scindant en deux blocs, Macquer prenant la tête des adversaires
: « Nous n’avons pas ici, pour le moment de grandes nouvelles
en chimie ; on s’occupe à ruminer les découvertes sur les gaz ; après leur première explosion les recherches deviennent plus difficiles
et plus lentes, et je vous avoue que je ne suis pas fâché d’avoir un peu de répit et que
malgré mon zèle pour l’avancement de
notre chimie, je commence à craindre les grandes découvertes qui se font coup sur coup
, et qui ne donnent pas le temps de
respirer à un malheureux homme comme moi, imprudemment engagé à faire face à tout.
M. LAVOISIER m’effrayait depuis
longtemps par une grande découverte qu’il réservait in petto, et qui n’allait pas moins qu’à renverser de fond en comble
toute la théorie du phlogistique ou feu combiné. Son air de confiance me faisait mourir de peur
. Où en aurions-nous été avec
notre vieille chimie s’il avait fallu rebâtir un nouvel édifice tout différent ? Pour moi, je vous avoue que j’aurais abandonné la partie.
Heureusement, M. LAVOISIER vient de mettre sa découverte au jour dans un mémoire lu à la dernière assemblée publique et dont
vous aurez sans doute entendu parler, et je vous assure que depuis ce temps, j’ai un bien gros poids de moins sur l’estomac.
Suivant
M. LAVOISIER, il n’y a point de matière du feu dans les corps combustibles ; elle n’est qu’une des parties constituantes
de l’air ; c’est l’air et non pas ce que nous regardions comme corps combustible qui se décompose dans toute combustion
.
Son principe igné se dégage et produit les phénomènes de la combustion, et il ne reste plus que ce qu’il nomme la base de l’air,
substance qu’il avoue lui être entièrement inconnue, etc. Jugez, monsieur, si j’avais sujet d’avoir une si grande peur [...] ».Il évoque
aussi longuement ses expériences, ses théories,
sa bataille contre BUFFON
, son Dictionnaire de Chimie, Berthollet, l’abbé Rozier,
Bergman, l’Académie, les découvertes et les publications de Guyton de Morveau, etc.
(Voir reproduction page suivante).
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C
ARLO
L
ODOVICO
M
OROZZO
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I
B
IANZÉ
(1743/1804), chimiste et naturaliste italien, président de l’Académie des sciences
de Turin. 2 L.A.S. à Guyton de Morveau. 6 pp. in-4. Turin, 1786.
Sur leurs publications respectives.
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H
ORACE
B
ÉNÉDICT DE
S
AUSSURE
(1740/1799), naturaliste et géologue, père de l’alpinisme. L.A.S. à Guyton de Morveau.
3 pp. in-4 d’une fine écriture. Genève, 4 mai 1786. Adresse au dos.
Rare et magnifique lettre scientifique du grand naturaliste genevois, en particulier sur la publication de son
Voyage dans
les Alpes
. Il évoque ses problèmes de santé qui l’ont grandement retardé dans ses travaux, et la réception de matériels pour sa
prochaine expédition. « Les deux boites me sont bien parvenues et m’ont fait le plus grand plaisir, cela est très bien exécuté, et
l’idée en est infiniment heureuse pour un homme appelé comme moi à voyager dans des pays où l’on ne peut pas se charger d’un
gros bagage. Il me paraît impossible que ces deux boites ne vous ayent pas coûté plus que le double des deux louis [...]. J’ai été bien
sensible à la faveur que vous m’avez faite, monsieur, en m’envoyant les Mémoires qui seront insérés dans le prochain semestre,
ils m’ont fait le plus grand plaisir.
Vos raisonnements sur l’acide du sucre sont absolument sans réplique. Je doute pourtant
que M. LAVOISIER s’y rende : lorsque l’on a embrassé un système aussi étendu (?) il coûte trop d’y renoncer, mais je suis
bien curieux de voir ce qu’il répondra
. Votre procédé pour la préparation des vases de platine est très clairement exposé, il n’y a
que l’article de l’alliage que je ne comprenne pas. Vous dites, monsieur, qu’il faut prendre la platine au plus faible degré d’alliage
possible ; et vous ne dites point ce que c’est que cet alliage, si vous le faites vous-même comme une opération préparatoire, et avec
quoi vous le faites, ou si c’est celui que ce minéral porte naturellement avec lui. Il est malheureux que cette matière soit si rare et
que l’opération malgré votre travail demeure encore délicate et difficile, car
ces creusets de platine seraient d’un prix inestimable
surtout pour ceux qui, comme moi, s’occupent beaucoup d’analyses lithologiques
. Mécontent des creusets de fer, j’en employe
un d’argent parfaitement pur et je m’en trouve bien, mais je suis obligé de conduire le feu avec le ménagement le plus soutenu.
Vos
expériences et vos projets pour la dissolution du quartz et pour la production artificielle des crystaux m’ont fait aussi le plus
extrême plaisir
; et je ne doute point qu’en suivant vos principes on n’obtienne le plus heureux succès et je pense bien à y travailler
un jour ».
Il évoque ensuite la publication de son Voyage dans les Alpes. « Mon II
e
volume est enfin achevé, on n’attend plus
que la carte qui se grave à Paris et que l’on doit recevoir dans huit à dix jours
. Je serai bien empressé à en envoyer un exemplaire
à vous, Monsieur, et un à l’Académie. Vous trouverez, à ce que j’espère, plus d’exactitude dans mes analyses lithographiques, vous
verrez cependant, à la fin du dernier chapitre, que je ne crois pas ce sujet parfaitement éclairci.
Je crains que ce volume ne paraisse
bien chargé de lithologie. Il faudra être bien passionné pour ce genre pour pouvoir le lire de suite. Il y a pourtant quelques
chapitres de physique générale, et un entr’autres sur l’électricité atmosphérique auquel j’ai donné beaucoup de soins
[...] ».
Il évoque encore la fabrication de 2 hygromètres par M. Paul et les modalités d’expédition. « Je pourrois bien m’en charger mais
je vais commencer mes courses et je serai très souvent absent de la ville [...] ». La dernière partie de la lettre est consacrée à
la
formation du cristal de roche et les glaciers
. « Votre expérience sur l’acide vitriolique étendu est très curieuse. Feu M. Gaulin
m’avait donné de ces crystaux préparés par lui même en distillerie à grand feu [...].
M. Storr de Tubingen prétend aussi avoir
trouvé le crystal de roche naissant sous la forme d’une gelée, mais moi je pense que ce sont des feuilles cloisonnées très
minces dont les interstices ne sont encore que de l’eau, comme dans la glace qui commence à se former. J’ai vu cela souvent
dans des stalactites calcaires
; il est facile de s’y tromper et de prendre cette matière molle pour une espèce de gelée. Et s’il y avait
un mélange d’argile bien délayée, (?) serait encore plus facile.
Il serait impossible de percer une galerie entre la glace et le roc
parce que cette glace est dans un mouvement continuel
. J’essayerai le (?) de l’année dernière avec des précautions muries par
l’expérience du passé [...] ».
(Voir reproduction page suivante).
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