Notes de Goupil sur le Daguerréotype (extraits du journal de novembre-décembre 1839)
Le 7 novembre 1839, j’ai fait à Alexandrie devant le pacha d’Égypte Mehemet Ali, une belle épreuve de son Harem en
deux minutes 1/2 de 10 à 11 heures du matin.
Le 16 du même mois, au Caire, voulant opérer de la même manière et le ciel étant aussi pur, je n’obtins rien.
Le 20 j’ai très bien réussi les Pyramides et le Sphinx, objets d’une gamme rougeatre, en 9 minutes 1/2 à midi. il faut
laisser 10 et 11 (minutes) après midi (...)
Le 18 Décembre à Jérusalem je fis des efforts infructueux, pour obtenir des épreuves, dans le même temps et les mêmes condi-
tions d’atmosphère. J’obtins en 15 minutes à 11 heures une vue générale assez belle quoiqu’un peu sombre à cause de la
couleur des objets. La présence de nuages intermittents ne laissait la lumière agir qu’à moitié pendant leur passage. Je
réglais la marche de l’opération en bouchant l’objectif avec mon mouchoir pendant le passage des nuages.
Lorsqu’il neige on n’obtint jamais de très bons résultats à cause des blancs qui sont dévorés de suite par la lumière et
tournent au bleu.(...) Lorsqu’il fait du brouillard il faut laisser de 15 à 30 minutes suivant que le soleil le traverse ou
non. J’ai obtenu à Malte une vue de brouillard en 17 minutes, à 10hes du matin le soleil répandant une grande lumière
quoique difficile et les objets étant très éclairés, avec ombres vagues et sans force.
A bord du paquebot francais le Rhamses, allant de Smyrne à Malte par une mer un peu houleuse, ciel très pur à 11hes
1/2 j’ai obtenu une magnifique épreuve avec 4 portraits parfaitement réussis sur le premier plan ayant eu soin de fixer
préalablement l’instrument sur le pont en l’attachant solidement (...) J’attribue la beauté des épreuves maritimes à
l’action de l’air salin qui détruit l’iode en même temps que la lumière et facilite en ce sens l’opération.