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124.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », Saint-Leu 16 octobre [1814] ; 1 page in-8 (petit deuil).
500/600
Sur son entrevue avec Louis XVIII (l’audience eut lieu le 3 octobre aux Tuileries).
« Ma chère Eglé, je t’attends avec impatience à la fn du mois, et j’espère que tu viendras passer quelques jours avec moi. Je s uis
toujours tranquillement à la campagne j’y resterai tant que le mauvais tems ne me chassera pas. Tu sais que j’ai obtenu une audience du
roi. J’en ai été bien contente. Il a été très bon pour moi, et je lui ai bien dit que je pensois que mon bonheur était de vivre tranquille
et de mettre mes enfants sous sa protection. […] Adieu je t’embrasse comme je t’aime et tu sais que c’est bien tendrement. Je te plains
de te séparer de tous tes enfants mais je crois que cela leur fera du bien, il n’y a que moi, avec
ma
sévérité
qui puisse élever des garçons.
Je t’avouerai cependant que quand il y a des pénitences, j’ai envie de pleurer comme eux ; mais je m’en vais et je laisse l’abbé maître
absolu. Sans cela, il faut faire comme toi s’en séparer »…
125.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A., [Aix-les-Bains] 25 novembre 1815 ; 1 page in-8.
400/500
Pendant le procès du maréchal Ney, alors qu’Hortense, très surveillée, se prépare à quitter Aix pour Constance (Églé a aussi perdu
son père en septembre).
« J’espère que tu connois assez mon cœur pour savoir combien je partage tout ce que tu dois souffrir, les peines dans cette vie sont
bonnes pour nous amener à l’autre, cette idée seule me donne du courage et doit seule te faire supporter les malheurs que tu éprouves.
L’amitié véritable pourroit les adoucir, mais peut-on même jouir de ce sentiment, Dieu nous veut entièrement à lui, il faut donc se
résigner et ne pas rejetter ce qu’il nous offre. […] Parle de moi à Antoinette, fortifez-vous toutes deux dans cette résignation dont nous
avons tant besoin et en pensant à moi que ce soit avec l’assurance d’avoir toujours une véritable amie et dont rien ne peut changer les
sentimens. J’espère qu’il viendra des tems plus tranquilles où nous pourrons continuer une correspondance qui me sera toujours chère ;
mais c’est dans la crainte de nuire à ceux que j’aime que je dois me faire oublier dans ce moment ».
126.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Constance] 2 décembre [1816] ; 3 pages in-8.
500/700
Longue lettre de la reine errante et calomniée.
« J’ai reçu tous les détails que tu me donnes sur ta position, ma chère Eglé, et je les ai lus avec bien de l’intérêt. Mais qui est-ce qui
est heureux dans cette vie. Je crois que le ciel frappe exprès les cœurs les plus tendres, pour les ramener à lui seul. Obéissons-lui en
nous résignant à tous ses décrets. Je comprends bien l’isolement dans lequel tu te trouves, personne pour vous entendre, pour vous
aimer comme dans les tems de bonheur. C’est ce que je sens bien vivement aussi, et j’ai de plus de devoir inspirer peu d’intérêt par les
couleurs si fausses et si vilaines sous lesquelles on s’est plu à me peindre ; mais je suis contente de moi et cela me soutient plus que tout.
Je n’ai de fortune aussi que mes diamants, si on veut bien me les acheter je serai satisfaite. S’il faut les donner, mes enfants seront fort
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