Binoche et Giquello. Livres anciens et modernes - page 68

La Peste noire (1347-1352) ne fut ni la première ni la dernière des grandes épidémies du Moyen Âge mais, par son
ampleur (décès en 5 ans de 40 à 50% de la population européenne, soit entre 15 et 20 millions d’individus), elle marqua
profondément toute la société.
On vit se multiplier des groupes de flagellants, tentant d’expier les péchés, avant la Parousie (retour glorieux du Christ
à la fin des temps en vue de l'établissement définitif du royaume de Dieu), dont on pensait que la peste était un signe
annonciateur. Ces groupes restaient toutefois marginaux, et la plupart des chrétiens firent face au fléau par une piété
redoublée, mais ordinaire et encadrée par un clergé qui réprouvait les excès. L’iconographie de l’Apocalypse est alors
bouleversée : elle figure à l’origine, comme le veut son étymologie, la « révélation », pour finir par évoquer une
catastrophe massive et violente. C’est dans ce contexte que se développa le culte de saint Sébastien. Celui-ci mourut percé
de flèches, or la peste était attribuée aux flèches de la colère divine. Sébastien pouvait donc préserver de la peste et, à
la suite de la Peste noire, de nombreuses associations pieuses furent fondées dans le but d’obtenir l’intercession de ce
saint pour lutter contre la maladie.
Aucune église parisienne n’est placée sous son invocation, mais une chapelle lui était dédiée à Saint-Victor. Les clercs
de Saint-Médard de Soissons, qui possédaient depuis l’an 826 le corps de saint Sébastien, vinrent à Paris en 1445 avec
la châsse du saint pour récolter de l’argent « et tous ceux qui se mirent en la confrérie dudit saint payèrent chacun huit
deniers » (A. TUETEY, éd.,
Journal d’un bourgeois de Paris (1405-1449),
Paris, 1881, p. 377). C’est dans ce contexte
qu’il convient de situer ce manuscrit, qui englobe un corpus tout à fait cohérent associant les offices à saint Sébastien
aux offices des morts.
Les offices des morts parisiens sont bien connus. En revanche, la mention des offices de saint Sébastien sont extrêmement
rares. On en relève que deux dans les catalogues liturgiques de l’abbé Victor Leroquais : Paris, BNF, lat. 1051 (Bréviaire
de Paris, fin XV
e
s.), Au calendrier, 13 oct. « De inventione corporis beati Sebastiani », et f. 214 : « In festo inventionis
corporis gloriosi martiris Sebastiani ». Et Paris, BNF, lat. 13267 (Heures à l’usage de Rome, Nord de la Loire région
parisienne ? XV
e
s.) : « S’ensuist messe de saint Sebastien pour mortalité… » (f. 37), et « Messe de monsieur saint
Sebastien pour mortalité eschever… » (f. 39).
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UNE GRANDE RARETÉ
,
TRÈS SOIGNÉ DANS SON ÉXÉCUTION
,
DANS UN BON ÉTAT DE CONSERVATION
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